Bouchez, la RTBF et les SUV à plus de 100 000 balles: d’une guerre culturelle à l’autre

Georges Louis Bouchez sur un plateau de la RTBF.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La colère du président du MR contre une journaliste de la RTBF, qui a fuité, provoque des remous sur la déontologie et la pression politique. Au départ d’une histoire de carte PMR, les tensions entre libéraux et média public ressurgissent. Mais cela vaut aussi par le côté décomplexé du responsable politique sur la richesse.

L’histoire fait des vagues et rebondit depuis la fin juillet. Georges-Louis Bouchez, président du MR, aurait utilisé une carte PMR (donnant accès au stationnement pour personnes à mobilité réduite), au moins à titre exceptionnel, selon nos confrères du Vif. Le libéral dément fermement, en ce compris le fait qu’une voiture utilisée par ses soins aurait accumulé les procès-verbaux.

La révélation serait symboliquement embarrassante, pour celui qui dénonce en permanence les fraudeurs. Thomas Dermine (PS) s’en est rapidement emparé: “Il passe son temps à taper sur les plus faibles et les abus du système… Quel exemple pour la jeunesse. C’est juste honteux.”

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, elle fait des vagues et rebondit sur fond de média public et de… richesse. Sans que l’on soit sûr si cela portera forcément préjudice à GLB.

Le bras de fer avec la RTBF

La diffusion d’un échange entre le président du MR et une journaliste de la RTBF a fuité sur les réseaux sociaux: il fait pression sur une journaliste afin qu’elle retire un article dans cette série. “C’est super grave!”, clame notamment Georges-Louis Bouchez. Il menace même le journaliste en affirmant qu’il aurait besoin d’une carte – “de presse”, a-t-il précisé.

La diffusion même de ce “document” sonore est interpellante: ce genre d’échanges musclés entre journalistes et politiques est, somme toute, relativement fréquent et ne donne jamais lieu à de telles mises en vitrine. Cela fait partie de cette nécessité pour la presse de préserver son indépendance, mais dans le secret des discussions privées.

Des internautes réagissent en affirmant que le parquet devrait s’emparer de cette discussion privée, enregistrée à l’insu du président du MR et devenue publique à l’initiative d’on ne sait trop bien qui…

La RTBF ne cautionne pas la publication de l’enregistrement d’un échange lacunaire entre une de ses journalistes et Georges-Louis Bouchez, a-t-elle d’ailleurs précisé officiellement. Elle n’est ni le fait de la RTBF ni de sa journaliste à qui la RTBF confirme tout son soutien.”

Elle a précisé, aussi: “L’indépendance éditoriale et l’autonomie rédactionnelle du média public sont des principes qui ne peuvent être remis en cause dans une société démocratique qui se respecte. (…) Cette mission d’information est accomplie quelles que soient les pressions, menaces ou intimidations.”

Ce bras de fer trouve sans place dans les relations dans les relations orageuses entre Georges-Louis Bouchez et le média public. Plus globalement, de tout temps ou presque, les libéraux ont “tapé sur un média dont ils estiment qu’il sert avant tout les intérêts de “la gauche”. Didier Reynders, chez qui Bouchez a fait ses armes, en avait fait un sport permanent fait d’ironies et de petites phrases.

C’est une guerre culturelle, en somme.

Richesse et SUV

Dans l’échange tendu entre Georges-Louis Bouchez et le président du MR, un autre élément de cette “guerre culturelle” apparaît, dont le libéral dit vouloir que l’on parle…

Au sujet de la “Mercedes mises à disposition du président par son parti qui accumulerait les PV”, il s’emporte: “Faux! Ce n’est pas mon immatriculation. Ce n’est pas cette putain de CLA de m…, c’est une GLC qui vaut deux fois le prix. Maintenant, j’ai une GLE qui vaut trois fois le prix. Tu peux le mettre dans l’article, comme ça les gens m’attaqueront contre quelque chose qui est vrai. J’ai une voiture qui vaut 100 000 balles. Voilà, ça c’est vrai!”.

Ce rapport décomplexé aux signes extérieurs de richesse, Georges-Louis Bouchez le revendique en permanence, lui le fan de F1 qui va à Dubaï. Il en fait aussi un argument politique quand il défend le droit aux Belges de s’enrichir.

D’une guerre culturelle à l’autre, au fond, on est en droit de se demander si le président libéral en sortira perdant

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