Bouchez choisit Hadja Lahbib comme commissaire européen
Le MR propose Hadja Lahbib, ministre sortante des Affaires étrangères, comme nouvelle commissaire européenne pour la Belgique.
Le MR a proposé Hadja Lahbib, ministre sortante des Affaires étrangères, comme nouvelle commissaire européenne pour la Belgique. La décision, qui était très attendue, marque la fin des spéculations autour de ce poste. Bien que le nom de Didier Reynders, actuel commissaire à la Justice, a régulièrement été évoqué, il semble qu’il ne sera pas reconduit dans la prochaine Commission von der Leyen.
En sachant que la future coalition Arizona s’est entendue pour qu’un libéral francophone soit à nouveau désigné à la Commission européenne, le reste ne devrait être qu’une formalité. Le gouvernement en affaires courantes se réunira lundi à 20h en comité restreint pour avaliser la candidature de Hadja Lahbib à cette fonction. Si le nom de Didier Reynders, commissaire sortant et ouvertement candidat, circulait toujours, celui de Hadja Lahbib avait déjà été évoqué la semaine dernière. La ministre sortant des Affaires étrangères a donc brûler la politesse au premier.
Bouchez a précisé que Mme Lahbib resterait ministre jusqu’à sa nomination en tant qu’eurocommissaire et qu’elle continuerait également à tirer la liste du MR à Schaerbeek lors des élections communales du 13 octobre. Dans son tweet, Mme Bouchez a remercié M. Reynders pour son « brillant travail ». Il « reste une figure éminente et importante pour notre mouvement politique », peut-on lire. Didier Reynders a lui exprimé « sa profonde déception » à la suite de la décision du président du MR. La nomination de Lahbib est considérée par l’entourage proche de Reynders comme une « décision personnelle » de Bouchez. Dans les semaines à venir, lorsque Lahbib et les autres candidats commissaires seront auditionnés au Parlement européen, Reynders poursuivra son travail de commissaire. Reynders avait, il y a quelques semaines, échoué pour la deuxième fois à recevoir le poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe.
Le portefeuille que Lahbib obtiendra à la Commission européenne sera décidé par la présidente Ursula von der Leyen. Avant que le Parlement européen ne donne son feu vert à l’ensemble de la Commission, chaque commissaire désigné doit faire l’objet d’une nouvelle audition devant la commission parlementaire compétente. Ce qui n’est pas systématique.
Même nommé par son pays, le poste de commissaire n’est pas garanti. Le candidat est screené sur ses intérêts financiers. En 2019 deux candidats avaient été recalés à cette étape. Ensuite, le choix doit être validé par le Parlement européen. Le risque de blocage est très concret puisqu’il n’est pas rare de voir le parlement recaler un candidat. Dans ce cas, le pays doit proposer un nouveau candidat qui doit à nouveau passer une audition. Ce qui prend du temps.
Les partis flamands n’étaient pas intéressés
Le poste de commissaire européen vaut autant de points que celui de Premier ministre dans la répartition des compétences. C’est dire que les “petits partis” n’y aspirent pas forcément, pour conserver une capacité de peser sur les équilibres ministériels. Les partis flamands n’étaient guère intéressés: le CD&V et Vooruit pour cette raison, la N-VA parce qu’elle devrait toujours briguer le poste de Premier ministre. Les Engagés, pour cette même raison de protéger leur poids, ont cédé la main au MR.
La Belgique était le dernier pays de l’Union européenne à annoncer son candidat pour cette position clé.
Pas se limiter à une concertation entre partis politiques
Le vice-Premier ministre Ecolo, Georges Gilkinet, regrette la façon dont le choix du candidat belge à la Commission européenne s’est opéré. Selon lui, une telle décision ne peut se limiter à une concertation entre partis politiques. Le sentiment était partagé du côté du PS. “La moindre des choses, c’est que le gouvernement qui assure les affaires courantes et qui est l’interlocuteur de la Commission puisse en discuter. C’est une procédure qui devrait impliquer le Parlement, avec des auditions, des objectifs et des engagements clairs. Pas seulement les partis ou les présidents de partis. C’est d’autant plus important au regard des heures sombres que vit l’Europe!” a-t-il souligné. Le PTB s’est également montré critique. “Il doit y avoir un débat démocratique. Ce n’est pas normal que cinq partis qui sont en train de négocier derrière les rideaux s’arrogent le droit de décider comme cela”, a affirmé le président Raoul Hedebouw.
Les communistes ne soutiennent pas le choix de Mme Lahbib. Selon le député européen Marc Botenga, elle a été “aux premières loges d’un gouvernement qui a refusé de sanctionner Israël pour le génocide à Gaza” et représente un exécutif “qui n’a pris aucune initiative diplomatique d’envergure pour arrêter la guerre en Ukraine”. DéFI a quant à lui salué le commissaire sortant, Didier Reynders, candidat malheureux à sa reconduction au sein de l’équipe d’Ursula von der Leyen. Il a aussi rappelé la candidature de Hadja Lahbib aux élections communales qui conduira la liste MR-Engagés à Schaerbeek… bien qu’elle ne pourra pas exercer de mandat local une fois qu’elle siégera officiellement dans la Commission. “Soutien à Didier Reynders qui a été un excellent commissaire européen et méritait de poursuivre. Pensée aux habitants de Schaerbeek ouvertement pris pour des imbéciles par le MR, par le maintien d’une candidate bourgmestre qui ne pourra en aucun cas exercer son mandat”, a lancé le député François De Smet. Une autre personnalité de DéFI, le ministre bruxellois et bourgmestre en titre de la Cité des ânes, Bernard Clefayt, a quant à lui félicité sa concurrente dont il estime qu’elle a déjà quitté politiquement la commune. “A Hadja Lahbib qui quitte Schaerbeek pour être désignée au poste de Commissaire Européen pour la Belgique, j’adresse toutes mes félicitations et tous mes vœux de succès”, a-t-il dit
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