Les machines gouvernementales grippées à tous les étages, alors que l’économie déguste

Georges-Louis Bouchez et David Leisterh: perplexes à Bruxelles. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les chefs d’entreprises regardent sidérés le retour des disputes à tous les étages de la maison Belgique. Fédéral, Bruxelles, Wallonie-Bruxelles…: les blocages se multiplient. Le MR se trouve, chaque fois, au centre des tensions. “Franchement, c’est ridicule, c’est ignorer nos réalisations”, rétorque-t-on chez les libéraux.

Le ton est désabusé: “Franchement, pourquoi ne parviennent-ils pas à regarder l’intérêt général?”. Ce responsable d’une grande entreprise wallonne observe d’un oeil consterné le retour des disputes à tous les étages de la maison Belgique.

Résumons rapidement: à tous les niveaux de pouvoir, la machine se grippe ou est bloquée depuis les élections, dans le cas de la capitale. “Pour des dossiers mineurs, grince-t-on dans les rangs libéraux. C’est ignorer toutes nos réalisations engrangées depuis le début de la législature!”

Fédéral: un accord sous tensions

Au fédéral, le bras de fer est engagé au sujet de la taxation sur les plus-values. Vooruit réclame d’élargir son champ d’application, une attitude dénoncée avec virulence par le MR et le CD&V. L’épargne-pension serait visée. Pas du tout, rétorque ce mercredi matin Conner Rousseau, président des socialistes flamands: “C’est l’application de l’accord de gouvernement”. Et d’accuser ses partenaires de vouloir faire peur à la population.

Contrairement aux titres de la presse, toujours prompte à défendre toujours les mêmes et attaquer les autres, Vooruit veut taxer l’épargne pension comme l’indique son président dans une ambiguïté qu’aucun ne semble relever, rétorque Georges-Louis Bouchez. Si vous avez plus de 10.000 euros, ils veulent vous taxer. Ce sera NON pour le MR.”

En attendant, le débat sur les modalités de cette taxation sur les plus-values et ses exemptions suscite bien des frictions au fédéral. L’espoir de présenter un nouvel accord ambitieux cet été, notamment pour flexibiliser le marché du travail, est pourtant vitale. Le taux de chômage belge dépasse désormais la moyenne européenne.

Nicolas Bouteca, politologue à l’UGent, rappelle que Bart De Wever avait exigé le “calme dans la tente voici deux semaines”. “Le dossier sur cette taxation des plus-values doit atterrir rapidement si l’on veut préserver la stabilité de l’Arizona, dit-il. La frustration est grande.” Et de citer Conner Rousseau affirmant que certains “se profilent en vue du prochain sondage”.

“Il faut simplifier et faire confiance aux entreprises”, nous dit ce responsable échaudé.

Dans les rangs gouvernementaux, on rappelle les réformes du chômage, des pensions, de la fiscalité déjà engrangées ou la simplification administrative en cours. Bref, cela bouge bien plus que ce que la presse ne l’analyse.

Wallonie-Bruxelles: bras de fer

A la Fédération Wallonie-Bruxelles, le MR et les Engagés connaissent leur première crise d’envergure avec le refus par ces derniers de la réforme des médias de proximité, présentée par la MR Jacqueline Galant.

“Entre Valérie Glatigny, ministre de l’Enseignement, et Elisabeth Degryse, ministre-présidente, les rapports sont compliqués, surtout en période de discussions budgétaires”, peut-on lire dans La Libre, résumant un sentiment général: la dynamique est compliquée dans de niveau de pouvoir contraint à de lourdes économies.

Enfin, il y a la Région bruxelloise, toujours sans gouvernement un an après les élections. MR et PS prennent des initiatives séparées. Suite au dépôt de sa note, le libéral David Leisterh veut entamer des discussions, mais le PS a refusé même de lire le texte et Ecolo s’en sera pas, dénonçant le “forcing” libéral.

“On a juste invité tous ceux qui ont répondu suite à l’envoi de la note, dit David Leisterh. Je ne demande pas à Ecolo de venir signer un accord le soir même mais d’au moins discuter. Comme ils le font actuellement, sans broncher, avec les communistes du PTB.”

Le MR au centre du jeu

Dans toutes ces situations de tensions, le MR se trouve impliqué, lui qui se trouve au centre du jeu depuis sa victoire politique de juin 2024. Son président, Georges-Louis Bouchez, a su en tirer profit, mais insupporte la gauche par son attitude – et il l’assume.

La gauche ferait bien de se rendre compte que des réformes sont indispensables et son attitude méprisante et conservatrice est stérile, dit notre patron. Mais Georges-Louis Bouchez n’aide pas avec ses invectives. Tous devraient comprendre qu’une remise à plat s’impose avec pour objectif de doper l’économie en cette période difficile. Je ne parle pas d’aides, mais bien de simplifications…”

Sortira-t-on de ces frictions par le haut? L’état d’urgence sera-t-il bientôt déclaré dans notre maison Belgique en pleine tempête?

Cela dit, il y a pire: il suffit de voir les Pays-Bas emportés par une crise profonde après le retrait de l’extrême droite de la coalition.

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