Blanchiment, antiquaire, retrait du MR : ce que l’on sait sur l’affaire Reynders

Perquisitions, retraits, questions sans réponse : l’affaire Reynders, sur fond de soupçons de blanchiment, bouscule la scène politique belge. Voici ce que l’on sait.

L’enquête pour blanchiment visant l’ancien commissaire européen et ex-ministre des Finances Didier Reynders (MR) a connu un nouveau tournant en juin dernier, avec deux perquisitions menées à Bruxelles et en périphérie. Ces opérations, confirmées par le parquet général de Bruxelles, s’inscrivent dans le cadre d’une instruction ouverte pour faire la lumière sur l’origine d’environ un million d’euros soupçonnés d’avoir transité par des circuits occultes.

Une galerie du Sablon au cœur des soupçons

Selon le média d’investigation Nationale 4, la justice s’est intéressée de près à deux adresses liées à l’antiquaire bruxellois Olivier Theunissen qui est également vice-président de la Chambre royale des antiquaires de Belgique et administrateur à la BRAFA (la principale foire d’art du pays): sa galerie d’art située rue de la Régence, qu’il dirige avec avec Nicolas de Ghellinck, et son domicile à Lasne. Les enquêteurs suspectent que cette galerie, réputée dans le quartier du Sablon, aurait servi de point de passage à des achats récurrents d’objets d’art, effectués sur plusieurs années par Jean-Claude Fontinoy, longtemps considéré comme le bras droit de Didier Reynders.

Les soupçons de blanchiment ne se limitent pas à ces achats. Selon l’enquête, l’ex-commissaire européen aurait aussi multiplié les dépôts en liquide sur un compte ING et réalisé d’importants achats de billets de loterie, suscitant l’interrogation sur la provenance réelle des fonds.

Retrait du MR et réactions politiques en chaîne

Dans ce contexte, une information a circulé mardi selon laquelle Didier Reynders n’est plus membre du Mouvement Réformateur. Le siège du parti a confirmé que l’ancien président, ex-vice-Premier ministre et ex-commissaire européen, n’a pas renouvelé son affiliation depuis la fin de son mandat à la Commission européenne en novembre dernier. Un retrait qui intervient alors que l’affaire prend de l’ampleur sur la scène politique.

Ces révélations ont poussé le Parti socialiste à réclamer la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Pour le député Hugues Bayet, « la chronologie de cette affaire interroge : comment quelqu’un a-t-il pu verser pendant autant d’années des sommes aussi importantes en cash sans déclencher d’alerte ? » Son collègue Khalil Aouasti pointe le manque de réformes engagées sous Reynders pour renforcer la lutte contre le blanchiment et la grande fraude fiscale : « Ce bilan politique, conjugué à l’enchaînement actuel des révélations, justifie pleinement l’ouverture d’une enquête parlementaire permettant de faire la lumière sur les faits, d’évaluer les défaillances bancaires et de proposer des réformes concrètes. »

À ce stade, le parquet se refuse à tout commentaire supplémentaire, invoquant le secret de l’instruction. Mais la pression politique et médiatique s’accentue, alimentée par les questions persistantes sur les circuits de l’argent, le rôle des banques et l’absence de signalement malgré le statut politiquement exposé des protagonistes. L’affaire Reynders, loin d’être refermée, ouvre un nouveau front sur la question de la transparence et du contrôle des flux financiers en Belgique.

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