Bienvenue dans la Belgique francophone communiste et populiste

Paul Magnette (PS) et Raoul Hedebouw (PTB) ensemble: la photo date de 2017.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La majorité alternative PS-Ecolo-PTB sur l’enseignement supérieur et l’interdiction, finalement annulée, d’une conférence nationaliste à Bruxelles, donnent l’image d’une région unique en Europe, où la gauche radicale dicte le ton. Face à une Flandre incrédule.

La Belgique francophone est une île en Europe. Ses deux Régions, Bruxelles et la Wallonie, virent de plus en plus à gauche, dans un mélange de communisme et de populisme électoral. Quitte à susciter l’incrédulité de la Flandre, à un mois et demi d’élections décisives.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, socialistes et écologistes viennent de voter en commission avec la gauche radicale du PTB une modification de la réforme de l’enseignement supérieur qu’ils avaient eux-mêmes décidée. Objectif? “Protéger les étudiants des effets inconnus” de ladite réforme, mais dans les faits, continuer à leur permettre de réaliser des études de cinq ans en neuf ans, en continuant à être financés. Et surtout, répondre à un mouvement de protestation largement inflitré par le PTB.

En Région bruxelloise, dans la capitale de l’Europe, des bourgmestre socialistes (ou affiliés) ont une conférence politiques réunissant des élus nationalistes, au mépris de la liberté d’expression. On peut évidemment contester le point de vue de Viktor Orban, Eric Zemmour ou Filip Dewinter, mais de là à leur interdire de se réunir. Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), et la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), ont protesté. La justice a finalement autorisé la reprise de la conférence. Tout ça pour ça, avec à la clé une publicité large dont les intéressés n’avaient pas rêvé.

“Le bloc de l’extrême gauche”

Bienvenue dans une Belgique francophone communiste et populiste? Forcément, la séquence arrange finalement bien le MR qui, s’il parle d’un “coup de poignard” du PS et d’Ecolo, pourrait tirer profit de cette “clarification” des positions socialistes et écologistes. Même si le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dirigé par le libéral Pierre-Yves Jeholet, est désormais “en affaires courantes”.

Georges-Louis Bouchez, président du MR, soulignait ce mercredi midi sur RTL: “Nous constatons que le PS et Ecolo sont de moins en moins stables. Ils courent derrière le PTB. Au MR, nous restons des partenaires loyaux. Nous ne remettrons jamais en cause la stabilité gouvernementale. Il y a deux blocs aujourd’hui, celui de l’extrême-gauche piloté par le PTB avec Ecolo et PS à la remorque et nous.

“Le PS et Ecolo essayent de faire croire qu’ils vont travailler, prolonge Georges-Louis Bouchez. Nous, on prend acte que le PS et Ecolo ont débranché la prise. Voilà la coalition de l’échec, du chômage et de la faillite. On se réveille avec une nouvelle majorité aujourd’hui, PS-PTB-Ecolo. La conséquence, c’est l’abaissement de la valeur du diplôme universitaire. Au MR, nous avons une vision claire face à un pôle de plus en plus à l’extrême gauche.”

Le PS, lui, affirme qu’il entend continuer à travailler. Frédéric Daerden vice-président du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a même publié une photo de lui à son bureau, accompagné de ces mots: “Travailler jusqu’au bout. Quoi qu’il arrive.” Mais quelque chose s’est brisé…

“A quoi jouent PS et Ecolo?”

“Ce vote marque surtout une stratégie du PS et d’Ecolo qui m’échappe, analyse Pascal Delwit, politologue à l’ULB. Le PTB est cohérent: on lui offre sur un plateau un vote pour lequel il peut être déterminant, il prend. Qui plus est, sur un dossier au sujet duquel il a été très présent. C’est du pain béni: le PTB peut rappeler qu’il était le seul à exprimer cette position et qu’il n’a fait aucun recul.”

A ses yeux, il s’agit purement et simplement d’un suicide du PS et d’Ecolo, même s’il l’exprime en des termes plus feutrés: “C’est un choix politique du PS et d’Ecolo qui n’est pas simple à saisir d’un point de vue politique à plusieurs égards. Tout d’abord, parce que le principal gagnant, c’est le PTB. Mais aussi parce qu’en agissant de la sorte, ils perdent du crédit en tant que partenaires de majorité. A quelques semaines des élections, c’est difficile de comprendre une telle attitude.”

Cela se passe, analyse-t-il aussi, avec en toile de fond une curiosité européenne pour ce PTB, devenu le dernier exemple d’une gauche radicale en progrès alors que Podemos, Syriza ou la France insoumise sont en recul. La Belgique francophone devient-elle un laboratoire?

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