Les suppressions d’emplois se multiplient dans des secteurs, comme la chimie ou la sidérurgie, soumis à une forte concurrence étrangère. Refrain connu: les coûts de l’énergie et des salaires restent prohibitifs, tandis que la transition et l’innovation doivent être soutenues. Le risque? Un désert européen.
L’inquiétude est immense. L’industrie belge s’effondre à vue d’oeil et, par-delà les grands discours, les mesures pour améliorer notre compétitivité restent aux abonnés absents. C’est que le patronat exprime et c’est ce que les faits démontrent.
“Plus de quinze mille emplois ont déjà disparu ces derniers mois dans l’industrie, nous disait il y a peu Pieter Timmermans, CEO de la FEB. Soyons clairs, la situation économique est dramatique, nous ne cessons de perdre des parts de marché.”
Les coûts de l’énergie et des salaires sont prohibitifs. La perspective d’une norme énergétique, prônée par le ministre fédéral Mathieu Bihet (MR), tarde, et le débat sur une réforme de l’indexation des salaires reste tabou..
Le port d’Anvers trinque
Le sujet est pourtant de la plus haute importance pour le Premier ministre, Bart De Wever, dont la ville d’Anvers est touchée de plein fouet.
A la rentrée de septembre, ExxonMobile avait réveillé les inquiétudes en annonçant son intention de quitter le port. “L’Europe n’est plus compétitive pour les grands investissements”, justifiait le Senior vice-président de l’entreprise, Jack Williams.
Ce mercredi 22 octobre, c’est BASF qui rajoute une couche en annonçant la perte de 600 emplois d’ici 2028. “Le secteur chimique est en difficulté depuis un certain temps, insiste Lotte Dierckx, porte-parole de BASF Anvers. Nous sommes dans une nouvelle réalité, et la situation s’est aggravée au lieu de s’améliorer au cours des six derniers mois.”
L’impact de l’incertitude géopolitique et des droits de douane est important. Mais notre inertie est pointée du doigt: “nous ne constatons pas encore les effets des mesures annoncées par les différents niveaux de gouvernement” pour soutenir le secteur.
Que doit penser Bart De Wever, englué dans un conclave budgétaire dont il ne voit pas la fin? Le sujet est également à l’ordre du jour du Sommet européen de ce jeudi. On parle, on parle, mais l’industrie s’effondre.
Mobilisation en Wallonie
En Wallonie aussi, la crainte de cette désindustrialisation rampante fait froid dans le dos, même si le secteur de la défense et de l’aéronautique titre profit du contexte.
Un autre exemple frappe les esprits pour l’instant, avec en toile de fond un contexte géopolitique lourd. La mobilisation est générale pour tenter de sauver le sidérurgiste russe NLMK qui emploie 1200 personnes à Clabecq, La Louvière et Manage.
Outre les soucis structurels du secteur et la concurrence de l’étranger, NLMK doit trouver une formule pour échapper aux sanctions européennes à l’encontre de la Russie et cesser de dépendre des matières premières venues de ce pays.
Pour y arriver, il s’agit de trouver des moyens pour investir 1,2 milliard dans une aciérie verte, rapporte L’Echo. Des réunions ont lieu tous azimuts pour trouver l’argent. Voilà qui met en avant un autre défi de taille: la nécessité pour l’industrie d’investir dans la transition, à vitesse accélérée.
Les experts tirent la sonnette d’alarme: à ce rythme-là contrairement aux voeux de réindustrialisation, l’Europe va se vider au profit de la Chine et des Etats-Unis.
Ils ajoutent: il est peut-être déjà trop tard.