Le Premier ministre tente de trouver une cohérence à son projet de budget et à sa stratégie de croissance dans un contexte difficile. Le risque? Une mesure pourrait handicaper l’autre, d’autant qu’il y a des tabous. La vision de l’Arizona nécessitera du courage.
Le Premier ministre, Bart De Wever, a reporté l’atterrissage de son conclave budgétaire. Certains, au sein de la coalition, lui reprochent une méthode de travail un peu confuse. Mais les observateurs des milieux entrepreneuriaux craignent également un manque de cohérence.
“La manière la plus simple de trouver de l’argent, c’est d’augmenter la TVA, nous dit-on. Cela a toujours été le cas, y compris à l’époque de Dehaene avec qui on ne cesse de comparer ce moment.”
Il faut trouver entre dix et vingt milliards d’économies. La possibilité d’une hausse de la TVA (de 6% à 9%) est clairement évoquée.
Mais, il y a un mais. L’impact d’une telle mesure pourrait être préjudiciable à la “stratégie de croissance” que l’Arizona veut mettre en place par ailleurs.
Pouvoir d’achat et… indexation
Sur les bancs de l’opposition, on aura beau jeu de dénoncer qu’une telle hausse de la TVA serait une façon de briser le pouvoir d’achat des Belges et de miner la croissance. Celle-ci repose, majoritairement, sur la demande intérieure. L’argument n’est pas faux.
Mais les entreprises, elles aussi, grincent des dents. La raison? En cas de hausse de la TVA, l’inflation va repartir à la hausse, ce qui induira rapidement une indexation des salaires. Pour elles, c’est là que le bât blesse, car les hausses répétées des salaires minent la sacro-sainte compétitivité à l’heure où notre industrie souffre le martyre.
De nombreux CEO réclament une réforme du mécanisme d’indexation automatique, sous forme de lissage annuel ou de progressivité salariale, par exemple. À l’époque Dehaene, on avait précisément compensé la hausse de la TVA par une réforme du panier des ménages et la naissance de l’indice santé.
Or, toute refonte de l’indexation salariales est considérée comme un tabou au sein de l’Arizona: ce n’est pas dans l’accord de gouvernement. Même le MR l’a rappelé.
En réalité, la patate chaude est renvoyée à la concertation sociale, avec peu de chances d’aboutir au vu de l’état d’esprit actuel des syndicats.
La crainte d’une ‘imposition”
Les patrons sont d’autant plus inquiètes qu’ils voient venir dans la lutte contre les malades de longue durée une “responsabilisation” des entreprises qui s’apparenterait à une “impôt” supplémentaire.
Il serait question de demander aux entreprises de supporter plus longuement l’indemnité due à ces malades de longue durée, avant qu’ils ne tombent sur la caisse invalidité. Si le principe d’une telle responsabilité n’est pas évacué d’office, la crainte est que, finalement, ce soit le seul levier, faute de volonté de toucher à la responsabilité des mutuelles, notamment.
Bart De Wever a encore quelques concertations devant lui.