Banque nationale: un assainissement “de grande envergure” et des emplois trop publics
Le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, insiste sur la nécessaire remise en ordre des finances publiques. Et met le doigt sur le nombre important d’emplois subsidiés.
Austérité. Le mot n’est pas utilisé par le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, mais c’est bien de cela dont il est question pour la prochaine législature. Il s’agira bel et bien de mettre en oeuvre “un assainissement budgétaire de grande envergure” pour “retrouver des marges de manoeuvre”.
Et ce, même si le sujet ne vient pas spontanément à la bouche de la majorité des partis, en pleine campagne électorale. Seuls la N-VA et le MR en font un sujet.
Le déni de la campagne électorale
La prochaine majorité qui verra le jour après les élections du 9 juin prochain devra réaliser au minimum 2,5 milliards d’économies chaque année, et cela uniquement pour maintenir le déficit en l’état, prévient la Banque nationale. Mais les nouvelles règles budgétaires euopéennes imposeront, on le sait, un effort plus important encore: près de 5 milliards. Pour préparer l’avenir et faire face aux chocs annoncés, l’Etat doit retrouver du souffle.
“Faire de la politique en Belgique, c’est annoncer de mauvaises nouvelles“, confie le gouverneur, Pierre Wunsch. Le sujet n’est pas trop au menu de la campagne électorale et si les partis de centre-gauche reconnaissent la nécessité d’être “responsables”, ils préfèrent insister sur la nécessité… de ne pas mettre en place une cure d’austérité, les plans de dépenses s’accumulant sur la table des électeurs. Cette semaine encore, Ecolo a annoncé son souhait de metrte en oeuvre un plan de 15 milliards pour la transition énvironnementale.
Des emplois très publics
Oui, l’économie belge a fait preuve de résilience, souligne la Banque nationale. Avec un taux de croissance à 1,5%, elle fait mieux que la moyenne européenne de 0,6%. Comme ne cessent de la rappeler les membres du gouvernement De Croo, la demande intérieure a permis d’éviter une stagnation. Traduction: il est important de maintenir l’indexation automatique des salaires et de soutenir l’économie. La bonne nouvelle étant, aussi, que les entreprises continuent à investir.
Mais, il y a un mais: l’économie belge vit aussi au-dessus de ses moyens et sous perfusion publique. La preuve avec les créations d’emplois. En 2023, 42000 emplois ont été créés. C’est moins que les 100000 emplois de 2021 et 2022. Surtout, la moitié de ces nouveaux emplois ont vu le jour dans l’enseignement et les soins de santé: en d’autres termes, ce sont des emplois publics ou parapublics. Ces dépenses, en plus de l’augmentation du coût des pensions et des soins de santé, expliquent notre déficit important.
En revanche, la décrue est avancée dans le secteur privé. Quelque 4500 emplois ont été supprimés dans l’industrie au deuxième semeste 2023. Et ce ne sont pas les restructurations annoncées en ce début d’année chez Van Hool ou Callebaut, notamment, qui vont arranger les choses. Conclusion de la Banque nationale: maintenir ce rythme de croissance du secteur public est intenable.
Mais qui le dira vraiment à cent jours des élections?
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