Audi Brussels : Invitée en commission de la Chambre, la direction brille par son absence
La direction d’Audi a décliné l’invitation des commissions de l’Économie et des Affaires sociales de la Chambre, qui l’appelaient à expliquer ses intentions concernant son usine bruxelloise de Forest, a indiqué le nouveau président de la commission des Affaires sociales Denis Ducarme (MR). “C’est dommageable pour nos débats”, a-t-il déclaré, ajoutant que ce n’était “pas faute d’avoir insisté”.
Les deux commissions ont été installées en urgence lors de la séance plénière de la semaine dernière, afin qu’elles puissent organiser des échanges de vues et des auditions cette semaine. Ce mercredi après-midi, les députés entendent successivement les ministres de l’Économie Pierre-Yves Dermagne (PS) et des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V), les syndicats et la fédération du secteur technologique Agoria.
Mais aucune trace de la direction d’Audi. Le ministre Dermagne a pointé le mutisme de la direction allemande. “Audi AG n’a jamais réagi officiellement à la lettre d’intention”, a-t-il déploré. Envoyée le 6 juin, celle-ci détaillait les possibilités offertes à Audi pour poursuivre son activité industrielle sur le site de Forest.
Cessation d’activité
Le constructeur automobile allemand a annoncé il y a une semaine son intention de restructurer son usine belge, qui produit la Q8 e-tron. Une cessation des activités dès l’an prochain n’est pas exclue et près de 3.000 emplois sont menacés.
Selon Vincent Van Peteghem, la direction locale d’Audi Brussels avait pourtant indiqué qu’aucune décision définitive n’était attendue avant le mois d’octobre. “Oui, nous avons le sentiment d’avoir été trompés”, a complété Pierre-Yves Dermagne.
Lors des travaux menés dans le cadre de la Task Force mise en place en avril par le Premier ministre Alexander De Croo, la direction d’Audi Brussels a indiqué que l’intention du constructeur allemand était de rapprocher l’activité industrielle du marché ciblé – le marché américain – et de la localiser au Mexique, a indiqué M. Dermagne.
Coûts salariaux
Selon le ministre démissionnaire de l’Économie, les coûts salariaux et énergétiques n’ont jamais été évoqués par la direction d’Audi Brussels, mais plutôt “des problèmes d’adaptation et de surproduction”. M. Dermagne a aussi souligné que l’usine est bénéficiaire. “La lettre d’intention pas été suffisante pour convaincre la direction d’Audi AG.
Le travail devra être poursuivi par les futurs gouvernements”, a-t-il conclu, indiquant rester “prêt”, avec toutes les parties concernées, à tout faire pour maintenir une activité sur le site. “Je ne suis pas certain qu’Audi Brussels profite pleinement des mesures (fiscales) de soutien”, a à l’inverse pointé le ministre des Finances. Vincent Van Peteghem s’est notamment réjoui d’avoir “in extremis” clarifié le traitement fiscal du travail en équipe.
Les ministres ainsi que les députés ont exprimé leur solidarité envers les travailleurs de l’usine ainsi que chez les sous-traitants. “J’ai l’intention de travailler jusqu’à la dernière seconde de ce gouvernement”, a lancé Pierre-Yves Dermagne. L’idée est de conserver “le plan A”, à savoir le maintien d’une activité sur le site. “On doit durcir le ton. Une telle annonce au milieu de l’été, c’est inadmissible.”
“Il ne faut pas conclure qu’il n’y a pas de problème de coût salarial”, a tempéré Wouter Raskin (N-VA), du parti du formateur Bart De Wever.
“Est-ce qu’on n’est pas trop gentils ?”, s’est interrogé Khalil Aouasti (PS). Si les motifs ne sont pas le coût du travail? Quels sont les motifs si ce n’est le profit ?” A ses yeux, “le seul enjeu est de maintenir le site industriel et l’emploi… avec Audi ou une autre entreprise.”
De son côté, Nabil Boukili (PTB) a réclamé un moratoire européen sur les fermetures d’usine automobiles.
Jean-Luc Crucke (Les Engagés) a pour sa part mis en garde contre ce qu’il a qualifié de “jurisprudence Mittal” : beaucoup d’aides publiques pour des espoirs non concrétisés.
Meyrem Almaci (Ecolo-Groen) s’est aussi interrogée sur l’ensemble des aides publiques octroyés à Audi. “La posture préventive d’Audi est difficile à comprendre”, a renchéri Rajae Maouane.
Pour François De Smet (DéFI), “l’intention des dirigeants d’Audi est bel et bien de mettre fin à l’activité”. “Les dirigeants d’Audi nous baladent. (…) Sur le long terme, “il faut s’interroger sur notre stratégie industrielle. Ici, les efforts ne sont pas récompensés.”
La question de la révision de la loi Renault, qui établit la procédure en cas de licenciement collectif, a aussi été abordée.
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