Le Centre Jean Gol organise ce 5 décembre un colloque, ouvert à tous, réunissant experts, chercheurs et responsables politiques pour dresser un état des lieux de l’intelligence artificielle en Belgique et définir les priorités d’action. C’est le deuxième du genre après celui sur la réouverture des mines en Wallonie.
La Belgique est-elle prête à accompagner et à encadrer la transformation profonde que provoque l’intelligence artificielle ? C’est l’enjeu du colloque international organisé ce vendredi 5 décembre 2025 par le Centre Jean Gol et le MR afin d’interroger les choix politiques, économiques et sociétaux qui rythmeront la prochaine décennie. « Il existe énormément d’événements consacrés à l’intelligence artificielle, explique Corentin de Salle, le directeur du Centre Jean Gol mais ici, nous voulons surtout interroger le rôle du politique, ce que les responsables publics peuvent faire pour développer l’IA, l’encadrer et assurer un déploiement optimal en Belgique et peut-être même en Europe. Il y a de quoi s’émerveiller devant les avancées actuelles, mais aussi de quoi s’inquiéter, notamment en raison de la dimension très spéculative du secteur et du retard que nous accumulons dans des domaines où un cadre devient indispensable. Ce colloque est une manière de réveiller le politique. »
Une place centrale pour l’enseignement
Si l’événement s’adresse au grand public, il mobilisera aussi une série de publics spécialisés autour de panels thématiques. L’enseignement occupera une place centrale, avec une session consacrée à l’usage de l’IA de l’école fondamentale à l’université : apprentissage personnalisé, risque de paresse intellectuelle, évolution des méthodes d’évaluation, formation continue et transformation des métiers. La défense et la cybersécurité feront l’objet d’un autre volet majeur : comment faire face à la montée en puissance de l’IA chez des acteurs étatiques ou privés ? L’Europe peut-elle bâtir une défense crédible et réduire sa dépendance stratégique ? Les enjeux énergétiques seront également abordés, alors que la construction de nouveaux data centers exigera des capacités électriques bien plus importantes qu’aujourd’hui.
Le secteur médical sera fortement représenté, avec la participation d’entreprises et de chercheurs actifs en santé numérique, tandis que l’événement s’adressera aussi aux acteurs économiques, aux CEO, aux investisseurs et aux responsables politiques à tous les niveaux de pouvoir. Enfin, un espace sera consacré aux PME et aux entreprises technologiques émergentes afin de mieux comprendre leurs besoins concrets et les usages quotidiens de l’IA dans l’industrie ou dans les services.
Un panel d’experts
Parmi les intervenants déjà confirmés, le colloque réunira une série de figures issues du monde politique, académique, économique et technologique. Pierre-Yves Jeholet ouvrira un panel consacré au financement de l’IA, aux côtés du CEO de Citi et de Laurent Loncke de BNP Paribas. Le secteur de la santé sera représenté par DNA Analytics, la licorne française Alan (dont l’un des cofondateurs de Mistral est associé au projet), ainsi que par Kantify, avec Ségolène Martin et le professeur Giovanni Briganti, spécialiste de l’usage de l’IA dans le traitement des maladies mentales. Sur le versant académique, le chercheur Michael Lauber, également actif à Harvard, participera à la session consacrée à l’enseignement. La dimension stratégique et industrielle sera portée par le ministre David Clarinval. Le programme fera aussi une place aux PME innovantes, notamment celles actives dans l’aide à domicile via des capteurs intelligents.
Derrière cette diversité d’intervenants et de thématiques, c’est une même ambition qui se dessine, celle de transformer ces échanges en leviers d’action. Comme le résume Corentin de Salle, « nous avons la capacité d’agir via notre parti et grâce à la présence de plusieurs ministres impliqués dans ces matières à tous les niveaux de pouvoir. Nous travaillons avec les différents cabinets, au fédéral, au régional et même au niveau européen. L’objectif de cette journée est de challenger une quinzaine à une vingtaine de propositions, en dialogue avec les CEO, les professeurs et experts universitaires ainsi que les responsables politiques, afin d’identifier ce qui peut être appliqué rapidement ou renforcé. La véritable plus-value de ce colloque est d’examiner comment l’intelligence artificielle se confronte à la décision politique. »