Alibaba renonce à s’étendre à Liège Airport, dans un contexte de taxe sur les petits colis

Les activités d'Alibaba à Liège Airport. (Photo by: Monasse T/Andia/Universal Images Group via Getty Images)
Charly Pohu

Alibaba n’étendra finalement pas ses activités à l’aéroport de Liège. C’est une mauvaise nouvelle pour la Wallonie et un mauvais signal pour son attractivité économique. Faut-il y voir une réponse à la taxe sur les colis ?

Le géant chinois de l’e-commerce, Alibaba (via sa filiale Cainiao) et basé à l’aéroport de Liège. C’est pour lui une porte d’entrée névralgique pour une partie de l’Europe de l’Ouest. Il comptait d’ailleurs étendre ses activités et ses infrastructures à l’aéroport du Bierset, mais vient d’y renoncer. C’est ce qu’annonce le ministre wallon de l’Économie, Pierre-Yves Jeholet, ce mercredi matin.

Le groupe renonce ainsi à la deuxième et troisième phase de son plan. Il continuera à utiliser les infrastructures existantes, inaugurées en grande pompe en 2021.

Reste à voir ce qu’il adviendra des terrains acquis par Alibaba. Le contrat stipule que l’acheteur doit y développer des activités, dans les délais fixés. Des pénalités sont prévues pour un éventuel retard et une rupture équivaudrait à une rétrocession automatique à l’aéroport. Le groupe devait y construire deux halls logistiques, un de 24.000 et un de 20.000 m². Son premier hall, occupé aujourd’hui, fait 30.000 m².

Mauvais signal

Quoi qu’il en advienne, c’est une mauvaise nouvelle pour l’aéroport de Liège. Sans cette extension des activités d’Alibaba, il passe sans doute à côté d’une manne importante de revenus qui reste encore à évaluer.

Mais c’est aussi une perte pour tout un écosystème : la région wallonne perdra des revenus fiscaux et des emplois (le premier hall occupe par exemple 250 personnes), et les sociétés de construction locales voient un gros chantier leur filer entre les doigts.

Certains y verront aussi un mauvais signal pour notre attractivité. Beaucoup se sont vantés d’avoir pu attirer un acteur mondial comme Alibaba. “Cainiao demeure un partenaire stratégique de l’aéroport”, tente de rassurer Jeholet.

Mais, désormais, il faut chercher un nouveau repreneur pour ces immenses terrains. La saga de Caterpillar à Charleroi n’est jamais très loin dans les têtes. Là aussi, de belles promesses économiques sont tombées à l’eau.

Enfin, la stratégie globale de l’aéroport est peut-être à revoir : rappelons que Bierset est l’aéroport plus subsidié du pays.

Raison politique ?

Mais pourquoi est-ce qu’Alibaba renonce à cette extension ? Le ministre évoque une “révision de la stratégie”.

On pourrait cependant y voir une autre raison : la nouvelle taxe sur les petits colis importés depuis l’extérieur de l’UE. Prix : 2 euros. Elle est dans le pipeline au niveau européen, mais aussi belge.

Et les groupes chinois comme Alibaba, Temu et Shein sont donc directement visés.

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