Affaire Reynders: et soudain, les affaires rattrapent le MR, saisi d’une angoisse sourde

Didier Reynders dans la tourmente.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’implication de celui qui fut un des piliers du MR pendant deux décennies dans une affaire de blanchiment d’argent stupéfie le parti. Le silence tranche avec les condamnations rapides quand le PS est concerné. Pourtant, l’inquiétude est réelle.

Un mot de stupeur s’échappe dans les rangs libéraux quand on évoque l’affaire de blanchiment d’argent pour laquelle Didier Reynders a été entendu par la police, en compagnie de son épouse: “C’est effrayant!”. L’homme a, il est vrai, été président de parti, vice-Premier pendant quinze ans et commissaire européen. C’est dire qu’il a incarné le parti durant trois décennies. Et qu’il a touché à tout, dont le poste sensible des finances.

On l’a surnommé “Teflon Didier”, tant il a échappé jusqu’ici à toutes les tempêtes possibles et imaginables. Pourrait-il être rattrapé par une “simple” affaire de billets de Lotto? Et surtout, n’est-ce pas là le fil que des enquêteurs pourraient tirer pour remonter à d’autres affaires potentielles? Dans le silence des libéraux, il y a de la stupéfaction, mais aussi une forme d’angoisse sourde.

Le silence de Bouchez

Habituellement prompt à dénoncer le spectre des affaires quand elle concerne le PS, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, reste silencieux. La présomption d’innoccence est de mise, c’est une évidence, et “l’affaire” semble difficile à croire, tant elle ferait preuve d’un manque de prudence de la part d’un homme que tout le monde sait surintelligent.

Pourtant, s’inquiète-ton au MR, il y aurait eu un seul signalement de la Loterie Nationale pour fraude et il concerne Didier Reynders. Est-ce de mauvaise augure? Le conseil d’administration de la Loterie Nationale n’a-t-il pas été l’une des chasses gardées du MR, pendant longtemps?

Dans les autres partis aussi, on reste aussi silencieux, discret, prudent. Didier Reynders y a noué des liens forts, d’amitié parfois, au fil du temps. Seul le député européen PTB Marc Botenga se demande l’impact que cette “affaire” aurait sur la Commission européenne s’il s’avère que l’ex-commissaire européen était inquiété par la justice, alors qu’il était “supposé veiller sur l’état de droit en Europe”.

Et certains de s’interroger: n’est-ce pas pour cela que Bouchez n’a pas reconduit Didier Reynders à la Commission, lui préférant Hadja Lahbib?

L’ombre d’autres affaires

Le MR est bel et bien rattrapé par les affaires alors qu’il affiche la fierté d’un parti ayant gagné 30% des voix et aspirant aux hautes fonctions. Il tremble sans le dire car cela renvoie à d’autres affaires dont l’onde de choc fut amortie.

On songe aux démêlées de l’ancien ministre Serge Kubla avec la justice, aux accointances libérales avec l’Afrique, au Kazakhgate ou des accusations de pots-de-vin à l’encontre de Didier Reynders émanant d’un ancien agent de la Sûreté de l’Etat, Nicolas Ullens de Schooten, en 2019. Autant de charges balayées d’un revers de la main.

La réminiscence de la guerre des chefs au sein du parti, entre Charles Michel et Didier Reynders, refont également surface. D’aucuns se souviennent que l’ancien homme fort du parti, écarté de la présidence, a toujours fonctionné en “clan”, avec des conseillers de l’ombre sans scrupules à ses côtés.

Didier Reynders a toujours eu plusieurs facettes, celle du surdoué lancé jeune dans l’arêne par Jean Gol, celle de l’homme dur qui tapait sur la RTBF et le PS à coups de bons mots, mais aussi celle d’un homme capable de pactiser avec tous, tout en veillant sur les siens avec la plus grande attention.

Parmi toutes ses facettes, y aurait-il eu de la place pour de l’imprudence?, se demande-t-on au MT. Et jusqu’où?

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