Adrien Dolimont: le pari de la jeunesse devra être électoralement payant dans deux ans
Le “wonder boy” de Ham-sur-Heure-Nalinnes remplace Jean-Luc Crucke, démissionnaire, au sein du gouvernement. Georges-Louis Bouchez mise sur l’avenir. Mais la séquence laissera des traces.
“Nous avons fait le choix de la jeunesse et de l’expertise.” Mardi 11 janvier, sur le coup de 10h30, Georges-Louis Bouchez a annoncé son choix pour remplacer Jean-Luc Crucke au ministère du Budget et des Finances du gouvernement wallon: ce sera Adrien Dolimont, président du CPAS et échevin des Finances dans la petite commune de Ham-sur-Heure-Nalinnes (Hainaut). “Il est aussi actif dans le privé, appuie le président du MR. C’est important, alors que l’on veut doper le taux d’activité en Wallonie.” Agé de 33 ans, Adrien Dolimont est un wonder boy de la politique locale. Nommé échevin à 18 ans, il devait devenir bourgmestre en cours de législature en vertu d’un accord conclu après les dernières élections mais s’était déclaré “déçu et blessé” de voir le maïeur en titre, Yves Binon (MR), s’accrocher à son poste. Ce doctorant en ingénieur polytechnicien, assistant à l’UNamur, venait de créer une entreprise, baptisée ESI (énergies solaires intelligentes), proposant des solutions photovoltaïques pour les entreprises. Il en confiera la destinée à ses deux associés. “Je m’investirai pleinement ces prochaines années, pour la Wallonie” a-t-il confié .
Des défis d’envergure, en Wallonie et au MR
Les enjeux sont immenses. La dette budgétaire wallonne est préoccupante après la crise du covid et les inondations: le budget “base zéro” doit éviter le désastre alors que l’enjeu est vital dans la perspective d’une probable nouvelle réforme de l’Etat en 2024. Ce sera le premier défi de ce trentenaire dont certains pointent déjà l’inexpérience. Son chef de cabinet, Raphaël Dubois, échevin MR à Waremme, a le même âge que lui et était en charge de la gestion de la dette au sein du cabinet de son prédécesseur. La poursuite de la réforme fiscale sera son autre priorité. La quête d’une “fiscalité plus juste” a été à l’origine de la fracture définitive entre le ministre sortant, Jean-Luc Crucke, et le président du parti: ce rééquilibrage fical était jugé trop peu libéral par ce dernier ainsi que par des parlementaires libéraux. En partance pour la Cour constitutionnelle, Jean-Luc Crucke a déclaré que ses “convictions libérales ne sont plus en adéquation avec la ligne de (son) parti”. Son action a surtout été saluée… au PS et chez Ecolo.
Pour le MR aussi, les enjeux sont importants. Le parti perd en Jean-Luc Crucke un gros faiseur de voix dans le Hainaut (18.000 voix lors du dernier scrutin): aussi, le pari de la jeunesse devra être électoralement payant dans deux ans. Quant au président Bouchez, souvent fustigé par ses partenaires de coalition, il doit continuer à tenir une ligne forte tout en veillant à ne pas aller trop loin. “Le MR est fort dans les sondages grâce à la ligne du président, nous confiait la semaine passée une forte personnalité du parti. Le risque, c’est que l’on ne devienne infréquentable aux yeux des autres partis, que l’on perde la seconde élection en 2024.”
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