60 milliards d’euros: la rallonge débloquée par le nouveau gouvernement allemand pour “l’avenir”
Le gouvernement allemand va débloquer une rallonge budgétaire de 60 milliards d’euros pour des “investissements d’avenir”, essentiellement en faveur du climat, une annonce symbolique pour la nouvelle coalition qui souhaite concilier maîtrise des dépenses et transformation du pays.
Ces fonds seront prélevés sur “une partie” des nouvelles dettes contractées au titre du budget 2021 pour faire face à la pandémie de coronavirus, mais n’ayant “pas été utilisés”, a annoncé vendredi Christian Lindner, qui endossé cette semaine le costume de ministre des Finances.
Pour faire face à la pandémie de coronavirus, le Parlement allemand avait autorisé le gouvernement d’Angela Merkel à emprunter 240,2 milliards d’euros, un record dans un pays habitué à la sobriété budgétaire.
Mais Berlin n’aura finalement pas besoin de toute l’enveloppe, destinée à financer les dispositifs d’aides aux entreprises et de chômage partiel, même si le pays est actuellement confronté à une forte résurgence de l’épidémie.
C’est pourquoi le gouvernement du chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz veut utiliser les fonds restant pour investir massivement dans la numérisation de l’économie et la transition écologique. La coalition entre SPD, écologistes et libéraux, s’est fixé l’objectif ambitieux de produire 80% d’électricité d’origine renouvelables d’ici 2030.
L’argent ira notamment abonder un “fonds énergie climat”, dédié à la transition énergétique, dans lequel le gouvernement précédent avait déjà investi 28 milliards d’euros l’an dernier.
Un projet de finance rectificatif sera présenté dès lundi en conseil des ministres, a déclaré Christian Lindner lors d’une conférence de presse.
Frein à l’endettement
Ce tour de passe-passe budgétaire permettra de concilier deux exigences du nouveau gouvernement allemand : les investissements d’avenir, portés par les sociaux-démocrates et écologistes, et le sérieux budgétaire, défendu par les libéraux du FDP, et son chef, Christian Lindner.
Les premiers pas de cet adepte de l’orthodoxie budgétaire au ministère des Finances, un poste stratégique, sont particulièrement scrutés alors que cette question a été l’un des points de friction des négociations pour former la coalition.
L’objectif de cette opération est de gonfler au maximum l’enveloppe des nouvelles dépenses, pour investir massivement, avant le retour à la discipline budgétaire que la coalition prévoit dès 2023.
L’utilisation de ces lignes de crédits, autorisées et déjà budgétées par le précédent gouvernement, ne constitue pas un “endettement supplémentaire”, a ainsi martelé le ministre vendredi, qualifiant ce plan de “coup de pouce pour l’économie nationale”.
Le “frein à l’endettement”, inscrit dans la Loi constitutionnelle allemande, impose au gouvernement de ne pas emprunter l’équivalent de plus de 0,35% du PIB chaque année.
La crise sanitaire a fait voler en éclat cette règle, et Berlin a dû, à titre exceptionnel, la mettre entre parenthèse pour les exercice budgétaires 2020, 2021 et 2022, afin de soutenir son économie, frappée par les restrictions anti-Covid.
Mais l’utilisation de ces lignes de crédits d’urgence pour des investissements de plus long terme a suscité les critiques de l’opposition, de nombreuses voix s’interrogeant sur le caractère constitutionnel d’une telle manoeuvre.
“La constitution de ces réserves, financées par l’emprunt, pose question d’un point de vue budgétaire. Et il faut voir si elle résistera à un contrôle juridique”, a ainsi averti le député CDU Christian Haase, membre de la commission du budget au Bundestag.
Au sein du ministère des Finances, on rétorque que l’ancien gouvernement “a déjà réalisé” la même manoeuvre, dans le cadre du plan de relance de 130 milliards d’euros lancé en juin 2020, après la première vague de coronavirus, largement financé par de la dette Covid.
Les partenaires de gouvernement ont promis de faire preuve de “créativité” pour dégager les ressources nécessaires mais la voie est étroite: ils se sont engagés à ne pas augmenter les impôts.
Différents économistes ont estimé à environ 50 milliards d’euros par an le montant des dépenses d’avenir nécessaires à la transformation du pays.
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