Plus de 56% des employeurs ont du mal à trouver le sommeil à cause de la surcharge de travail des employés
La crise sanitaire a modifié le regard que nous posons sur notre travail. Selon une étude de l’Antwerp Management School, la pression au travail attire de plus en plus l’attention des employeurs et des employés.
Depuis la pandémie et les confinements, le bien-être au travail fait l’objet de bien plus d’attentions que par le passé. Aujourd’hui employeurs (67%) et employés (49%) s’entendent pour dire qu’un effort particulier est désormais accordé au bonheur sur le lieu de travail, selon une étude de l’Antwerp Management School. Il n’y a qu’à voir comment le télétravail est resté dans nos vies professionnelles et l’accent qui est mis pour trouver le meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. La crise sanitaire a donc été un tournant.
Côté employeurs… et employés
L’étude de l’Antwerp Management School souligne que la majorité des employeurs interrogés disposent déjà d’une politique de bien-être au travail (53 %) ou envisagent d’en créer une bientôt (35 %). Pour ces employeurs, les raisons les plus importantes pour mettre en place une politique de bien-être sont le sens de la responsabilité morale (37 %), suivi de près par attirer et/ou garder des talents (22 %).
Bien entendu l’employé se sent concerné par le bien-être sur son lieu de travail, mais selon les résultats de l’étude, il se sentirait néanmoins moins concerné que son employeur, faisant peser sur ce dernier toute la responsabilité d’instaurer cet état de félicité au bureau.
« On peut se demander si les employeurs et les managers sont suffisamment conscients de la manière dont leurs collaborateurs perçoivent les actions et les initiatives qu’ils mettent en place », prévient Kathleen Vangronsvelt, professeure en psychologie du travail à l’Antwerp Management School. Ainsi si aujourd’hui près de la moitié des salariés (45 %) attendent plus de leur patron qu’en 2020, ils ne sont pas nécessairement eux-mêmes prêts à « donner » davantage, souligne l’étude : « La volonté d’être disponible en dehors des heures de travail, de suivre une formation complémentaire ou d’effectuer des tâches supplémentaires en plus de l’ensemble des tâches est moindre qu’avant 2020. »
Une explication pourrait venir de la place que le travail occupe actuellement dans la vie des travailleurs : 46% des employeurs témoignent d’un changement faisant en sorte que le travail soit devenu moins central qu’avant 2020 dans la vie de leurs salariés. Ce fait est d’ailleurs confirmé par 70% des salariés.
Et à Kathleen Vangronsvelt de préciser : « Je tiens à souligner que le bien-être au travail n’est pas seulement la responsabilité de l’employeur. Ce dernier a certes le devoir de créer des emplois décents sans dirigeants toxiques. Mais dans ce contexte, vous, en tant qu’employé, créez votre propre bien-être au travail. »
Plus de travail, plus de stress
S’ils sont d’accord pour dire qu’ils font face à une charge de travail croissante ces derniers temps ; seul un quart des employeurs (23 %) jugent cette charge de travail comme étant raisonnable. Etonnamant, ce chiffre est légèrement plus élevé (38%) pour les employés. Une surcharge de travail fait d’ailleurs quelque peu « culpabiliser » les employeurs, car ils sont 56% à avouer qu’ils ont du mal à trouver le sommeil à cause de la charge de travail élevée de leurs employés.
« La pression au travail arrive également en première position des possibles raisons d’absence dues au stress, souligne encore l’étude, tant pour les employés (91 %) que pour les employeurs (82 %). Dans le même temps, ces différences de perception montrent que la pression au travail est encore plus problématique pour les salariés que ne le pensent les employeurs. »
Raisons d’absence dues au stress | % d’employés qui considèrent cette raison comme (très) importante | % d’employeurs qui considèrent cette raison comme (très) importante |
La charge de travail | 91 % | 82 % |
L’équilibre vie professionnelle et privée | 89 % | 68 % |
Raisons privées | 81 % | 78 % |
Manque de soutien managérial | 81 % | 59 % |
Conflits au travail | 81 % | 45 % |
Raisons familiales | 79 % | 75 % |
Inadéquation entre capacités et tâches de l’employé | 75 % | 52 % |
Vouloir trop accomplir en même temps (carrière, famille, vie sociale, sport…) | 70 % | 60 % |
Flou dans les rôles au travail | 69 % | 57 % |
Manque de collègue en support | 69 % | 45 % |
Trop de bureaucratie et d’administration | 62 % | 38 % |
Situation financière difficile | 57 % | 35 % |
Manque de résilience | 57 % | 52 % |
« Il semble que les employés et les employeurs sentent que quelque chose ne va pas, mais ne savent pas immédiatement quoi faire », conclut Eva Geluk, chercheuse senior à l’Antwerp Management School dans le domaine de la santé mentale au travail. « Néanmoins, nous constatons des différences assez importantes dans la perception des causes de l’échec. Prenons par exemple les conflits au travail, l’inadéquation entre les talents et le travail et l’excès de bureaucratie et d’administration. C’est problématique, car cela signifie que les salariés y voient une raison majeure d’absentéisme liée au stress, contrairement aux employeurs. Ils courent donc le risque de prendre des mesures qui n’auront que peu ou pas d’effet. On dirait presque que les employeurs ne prennent pas le pouls de ce qui se passe réellement. »
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