OEuvre d’Arc

L'Arc Majeur, inauguré récemment le long de la E411, est un bel exemple de mécénat collectif et de compétences. L'oeuvre imaginée par l'artiste Bernard Venet a été réalisée par des ouvriers de John Cockerill, avec le concours d'une douzaine d'autres entreprises. © fernand letist

L’anneau métallique géant créé par Bernar Venet a enfin trouvé son ancrage. En Belgique, après 35 ans de gestation. Grâce au soutien capital de la société John Cockerill et d’autres d’entreprises mécènes. Le défi était triple : esthétique, technologique et humain. Relevé haut la main pour ériger ce nouveau totem wallon, la plus grande sculpture d’acier au monde.

Il était une fois…

… Bernar Venet, un artiste plasticien fondu de sculptures d’acier traduisant des lignes droites, arrondies, circulaires. Son rêve : réaliser un immense Arc Majeur qui ceinturerait une autoroute. En 1984, Jack Lang, ministre français de la Culture, prend sous son aile le projet du créateur reconnu dans le monde entier. Cependant, trois fois initié (à deux reprises en Bourgogne et une en Moselle), le dossier est chaque fois abandonné faute de volonté locale. C’est finalement la rencontre en 2004 des deux Bernar(d), Venet et Serin, actuel président du groupe John Cockerill (CMI), qui va progressivement sceller le destin belge du géant d’acier un peu maudit. En 2014, le puissant groupe industriel, avec la bénédiction du milieu politique, signe la commande à l’artiste de ce ” gros cadeau ” qu’elle veut offrir à la Région wallonne comme témoignage de sa reconnaissance et comme symbole de son ancrage wallon et de son savoir-faire biséculaire. L’oeuvre sera financée par la fondation Cockerill et des sociétés mécènes (via des dons d’argent mais aussi des prestations). La crème des techniciens experts de Cockerill (ex-CMI) se chargera de souder, cintrer, sabler et transporter les pièces du colosse assemblées sur le site choisi pour l’accueillir. L’opération d’installation s’est déroulée à la mi-août 2019 en un temps record de six jours, avec fermeture complète de l’autoroute lors des opérations de levage des éléments de l’Arc.

OEuvre d'Arc
© pg

Colossal

Le gabarit du ” monstre ” est du genre à donner le tournis aux plus coriaces des ingénieurs. Composée de deux parties surgissant de chaque côté de l’autoroute pour dessiner en surplomb un arc de cercle brisé de 205,5 degrés, l’oeuvre culmine à 60 m, offre une ouverture de 75 m de diamètre, pèse 200 tonnes et repose sur un socle de 1.000 m3 de béton enclavé dans la roche. Les techniques spéciales d’arrimage ont été choisies sur base des calculs et analyses de stabilité et comportement au vent réalisés par le Bureau d’études Greisch (BEG). L’élaboration de la structure en atelier a, elle, nécessité un total de 6.500 heures de travail passées sur les caissons carrés totalisant 120 m de long en acier corten ( corrosion resistance and tensile strength). Un acier dont la particularité est l’auto-formation d’une patine de rouille sur sa surface qui le rend imperméable à l’air. Une fois patiné couleur ocre orange, le métal résiste à toute corrosion extérieure sans aucune protection spécifique.

OEuvre d'Arc
© Jean-Luc DERU

Un lieu, une oeuvre

Kilomètre 99, autoroute E 411, à hauteur de Lavaux-Sainte-Anne, au sommet d’une côte. C’est précisément là, enveloppant les huit bandes (dont deux d’urgence), que s’élance, se tend et s’étend l’Arc. Avant de choisir cette implantation ” évidente “, Bernar Venet, seigneur des anneaux métalliques d’art, a écumé pas mal le bitume autoroutier belge avant de tomber sur cet ” écrin idéal en termes de dégagement pour s’imposer de très loin sur fond de ciel et dans un paysage naturel “. Pour le découper, le cerner, le cercler et y concentrer le regard des automobilistes filant sur l’asphalte. En fonction de la météo, de l’heure, de la lumière, de la saison ou du sens de sa circulation, personne ne verra jamais la même chose dans cette focale géante vissée au panorama et promise à durer des dizaines d’années.

Arc-en-ciel

A la fois minimale par sa simplicité épurée et monumentale par sa stature, l’oeuvre ne peut manquer d’interpeller tout qui traverse ce micro-tunnel esthétique visible de très loin. ” Cet anneau inachevé, je le ressens personnellement comme un symbole de liberté et d’ouverture “, confie Jean-Luc Maurange, administrateur délégué de John Cockerill. D’autres pourront y voir un arc-en-ciel monochrome couleur ocre. Ou un piercing géant passé dans la peau wallonne. Ou la métaphore du cycle des saisons ou finalement… ce que chacun voudra bien voir dans la gracieuse boucle à la jonction entre provinces de Namur et du Luxembourg.

3 millions d’euros

Le coût global de l’Arc Majeur. Acier et ensemble des prestations (études, fabrication, transport et installation). La Fondation John Cockerill en a assumé plus de la moitié. Le reste a été apporté, sous forme d’argent ou de prestations, par une quinzaine d’autres sociétés.

6.500

Le nombre d’heures consacrées par quatre soudeurs et trois monteurs du Centre d’Expertise de John Cockerill (CMI) à usiner, souder, monter, sabler les éléments de l’Arc monumental et à la surface lisse, sans jointures ni boulons apparents.

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