Voitures électriques: les incendies sont impressionnants, mais restent rares

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Les voitures électriques sont-elles vraiment plus sujettes aux incendies que les voitures thermiques et les hybrides? Nevert Degirmenci, porte-parole d’Assuralia, nous aide à démêler le vrai du faux.

On entend souvent dire qu’un véhicule électrique est plus susceptible de prendre feu… Alors, info ou infox? Ce cas de figure peut certes arriver – certains se souviendront notamment de l’incendie déclaré dans un restaurant de la rue Ravenstein, provoqué par une voiture électrique en feu dans un parking souterrain. Mais en vérité, « la fréquence à laquelle les véhicules thermiques et électriques s’embrasent est assez similaire », précise Nevert Degirmenci, porte-parole d’Assuralia. Le risque d’incendies serait même moindre pour les voitures électriques. Et puis, « si ces voitures s’enflammaient facilement, il y aurait une vraie épidémie en Belgique puisque le parc dépasse maintenant les 200.000 autos », ne manque pas de souligner avec humour Robert van Apeldoorn, notre journaliste spécialisé sur la question.

Moins inflammables que les thermiques

Dans les faits, « les voitures conventionnelles qui prennent feu sont bien plus nombreuses », rapporte la police belge. Si on observe les statistiques, on remarque qu’entre 2018 et fin 2022, 3400 voitures thermiques ont pris feu contre 371 véhicules électriques. Aux Pays-Bas, l’Instituut Fysiek Veiligheid (IFV) est arrivé à des conclusions similaires en 2021. « Ce n’est pas pour autant que les voitures équipées d’un moteur à combustion sont dangereuses », rappelle l’assureur Baloise. Chacun des véhicules a sa propre spécificité.

Les thermiques, par exemple, possèdent un moteur à explosion alimenté par un carburant liquide ou gazeux. « Un problème avec le système électrique ou de carburant dans le compartiment moteur peut entraîner un risque accru d’incendie en raison de la combinaison de chaleur, de carburant et de plastique d’une part et d’oxygène supplémentaire amené par le flux d’air d’autre part. Ce phénomène rend les voitures inflammables », détaille Baloise. À cela s’ajoute également le risque d’explosion si de l’essence venait à s’écouler du réservoir de carburant…

Dans le cas des électriques, « les incendies potentiels sont plutôt provoqués par l’autocombustion de la batterie », précise la porte-parole d’Assuralia. Un défaut dans la batterie ou les lignes d’alimentation peut éventuellement être à l’origine d’un départ d’incendie, ajoute la police.

Finalement, peu importe le modèle ou la mécanique employée, « toutes les voitures portent une grosse quantité d’énergie, carburant, gaz ou électricité, et quand elle se convertit accidentellement en chaleur, c’est toujours un gros problème », tient à rappeler Robert van Apeldoorn. Et puis toutes sont également équipées de sièges, de capitonnage, de décos… potentiellement inflammables.

Un feu plus impressionnant

En fait, ce qu’il faut surtout retenir, selon Nevert Degirmenci, c’est que « les véhicules électriques brûlent plus intensément et plus longtemps. Le risque est donc à approcher différemment ». Finalement, le problème pour les pompiers, ce n’est pas tant la fréquence mais surtout la manière d’affronter un incendie.

Prenons deux exemples. Lorsqu’un incendie se déclare dans un véhicule thermique, les pompiers l’aspergent de mousse, de sorte que le feu s’éteigne progressivement. Pour éteindre un véhicule électrique en feu, la procédure est bien plus complexe et longue. « En fait, c’est la batterie qui va brûler beaucoup plus longtemps », explique la porte-parole d’Assuralia. « En général, il faut alors immerger le véhicule dans un container ou dans un grand récipient d’eau froide pour éteindre le feu et laisser le véhicule (et surtout la batterie) refroidir ». Quand la technique n’est pas possible, on déplace la voiture à l’écart de tout autre objet inflammable, et on attend que le feu s’éteigne tout seul. Dans un cas comme dans l’autre, c’est assez long et fastidieux.

Une assurance spéciale?

Même si le risque est faible, la prudence reste de mise… Assurer son véhicule reste donc le geste numéro 1 à adopter pour se protéger. Faut-il souscrire une assurance spéciale? Que votre voiture soit thermique, hybride ou électrique, « cela ne change pas grand-chose en termes d’assurance », déclare Nevert Degirmenci. « Les véhicules qui sont assurés en omnium ou en mini omnium sont d’office couverts contre le risque d’incendie. »

Par ailleurs, « les batteries sont surveillées et protégées par un système complexe, électronique et de refroidissement », ajoute encore notre journaliste spécialisé. Le risque de combustion spontanée est donc quasi nul.

« La batterie est surtout vulnérable en cas d’impact par le bas », précise encore l’assureur Baloise. Pour limiter ce risque, mieux vaut donc anticiper durant la conduite. « Faites toujours bien attention lorsque vous empruntez une mauvaise route et modérez votre vitesse en cas d’obstacles comme des dos d’âne. »

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