Tesla l’a rendu banal, d’autres tâtonnent encore. La recharge automatique des voitures électriques, qui en faciliterait tant l’usage, se développe, mais reste une expérience très inégale. Quand pourra-t-on charger une auto aussi facilement qu’un smartphone ?
Tous les conducteurs de Tesla le savent : la recharge en « plug and charge » est bien plus confortable qu’un plein de carburant. Il suffit de brancher l’auto sur une borne, et la charge démarre immédiatement. Comme pour n’importe quelle recharge de téléphone ou d’ordinateur portable.
En général, pour les voitures électriques, les recharges sur des bornes publiques passent par une séquence d’identification, nécessaire pour le paiement, avec une carte de recharge ou une carte bancaire (sur les bornes qui acceptent cette dernière). C’est un peu fastidieux, et parfois, ça coince.
L’exemple de Tesla
Tesla propose ce service plug and charge depuis des années sur ses stations de recharge rapide. C’est l’un des conforts qui ont rendu cette voiture si populaire. L’automobiliste s’inscrit une fois pour toutes sur l’application Tesla, encode un numéro de carte bancaire, et la charge démarre automatiquement chaque fois que l’auto est branchée sur une borne Tesla. L’identification est automatique.
Pour les autres marques ?
Ce système existe aussi, mais de manière bien plus disparate. Il suit deux voies distinctes :
1. Le standard du « plug and charge »
Il est basé sur un standard de communication très sécurisé, ISO 15118, qui permet le plug and charge avec les réseaux de bornes acceptant cette norme, comme Ionity.
Inconvénient : il concerne un nombre limité de véhicules, notamment les Audi e-tron, Q4 e-tron, Q8 e-tron, BMW i4, i5, i7 (depuis 2024), des Porsche Taycan, toutes les VW ID avec au moins le logiciel 3.1, ou encore des modèles Ford, Mercedes, Skoda, Lucid et Polestar récents. Les voitures chinoises ne proposent généralement pas cette fonction, mais elles commencent à l’adopter.
C’est en général un dispositif organisé par les constructeurs, qui le lient à leur service de recharge, comme We Charge pour VW. Il repose sur un échange de certificats numériques.
Pour le mettre en service, il faut donc un contrat avec le service de recharge du constructeur, et activer la fonction plug and charge dans l’application du véhicule et/ou dans le véhicule lui-même.
J’ai pu l’expérimenter avec une VW ID.3 sur des bornes Ionity : ça marche très bien.
2. L’autocharge de réseaux de bornes
Ces dispositifs sont mis en place par certains opérateurs de bornes rapides, comme Fastned ou Electra. Ils fonctionnent via l’application de ces réseaux, qui identifient l’adresse digitale de la voiture (l’adresse MAC). Un nombre beaucoup plus important de véhicules peut accéder à ce service. Certains modèles chinois, comme les BYD ou les MG, peuvent l’utiliser. Ici, c’est le réseau qui facture directement le client.
Ils sont plus fastidieux à configurer, car il faut d’abord vérifier dans l’application si le véhicule est compatible avec le service d’autocharge, puis activer la fonction. Ensuite, une première recharge via l’application du réseau est nécessaire pour que le système informatique de l’opérateur enregistre l’identité digitale de la voiture. Cela permettra de lancer automatiquement les recharges pour tous les branchements suivants, dès la connexion à la borne.
Hélas, cela ne fonctionne pas avec tous les véhicules. Par exemple, la VW ID.3 mentionnée plus haut, qui fonctionne bien en plug and charge, ne bénéficie pas de l’autocharge sur les bornes Electra ou Fastned.
Encore trop disparates
C’est un début, mais il faut reconnaître que les dispositifs de recharge automatique, plug and charge ou autocharge, créent une certaine confusion. Il faut mener une véritable enquête pour savoir si son véhicule est compatible, et sur quel réseau de bornes.
L’idéal ? Que toutes les voitures électriques (et tous les réseaux de bornes) acceptent le standard ISO plug and charge, et que l’automobiliste puisse choisir son moyen de paiement — ce qui est techniquement possible avec la norme ISO.
Cela viendra sans doute, mais on en est encore loin. Les dispositifs actuels semblent chercher à fidéliser une clientèle à un service de recharge particulier. Fastned (ou Electra), par exemple, espère que les utilisateurs achèteront ses kWh en direct, et non via une carte de recharge tierce.
Peu utile pour les voitures de société, actuellement
Les approches actuelles, qui imposent l’usage d’un seul canal de paiement, rendent la recharge automatique quasi impossible pour les voitures de société — pourtant majoritaires dans le parc électrique belge. Les salariés ne choisissent pas leur carte de recharge, fournie par l’employeur, et cette carte ne permet pas de pratiquer le plug and charge ou l’autocharge.
Sauf exception : sur la route des vacances, où les employeurs refusent souvent de prendre en charge les coûts, l’automobiliste paie lui-même ses recharges, avec le moyen de paiement de son choix.