La ville de Charleroi impose une nouvelle taxe de trois euros par passager à l’aéroport de Charleroi. De quoi lui rapporter 15 millions d’euros par an. Le contexte budgétaire est difficile pour la commune.
Le collège communal de la ville de Charleroi vient de tomber d’accord : une nouvelle taxe verra le jour. Est visé : chaque passager qui décolle de l’aéroport de Charleroi. Une taxe de trois euros sera due, et ce, dès le premier janvier 2026.
Sur l’aéroport, pas les passagers
Cette taxe ne devrait pas être répercutée sur les compagnies aériennes, ni sur les passagers. C’est l’entreprise Brussels South Charleroi Airport (BSCA) qui passe à la caisse, promet le bourgmestre de Charleroi, Thomas Dermine. “BSCA est une entreprise importante, mais génère des externalités à Charleroi en termes de bruit, de sécurité, de charroi, de parking ventouse sur la voirie, sans que la ville perçoive le moindre euro sur ses activités. C’est une contribution juste puisque les nuisances sont pour les Carolos.”
“La taxe ne visera pas les compagnies directement, pour minimiser les impacts sur l’activité économique, contrairement à la taxe introduite par le gouvernement Arizona sur les billets d’avion. On vise donc BSCA, pas Ryanair, en s’étant assuré au préalable que la structure publique avait la capacité financière de l’absorber”, énonce aussi le bourgmestre socialiste.
Enjeux politiques et économiques
L’aéroport affiche entre 25 et 30 millions d’euros de bénéfices par an, mais verrait ainsi ce chiffre chuter de moitié. Ce que le bourgmestre de Charleroi ne dit pas, c’est que l’aéroport est fortement subsidié… par la Région, mené par la majorité MR-Engagés.
Les aéroports sont considérés comme d’importants pôles économiques, à échelle régionale. Cette taxe risque de faire couler beaucoup d’encre et de provoquer quelques passes d’armes politiques, entre la ville et la Région.
L’aéroport va-t-il devoir augmenter ses frais en conséquence, et donc les compagnies aériennes vont-elles devoir augmenter les prix des billets ? Va-t-il falloir allonger les subsides ? Affaire à suivre.
15 millions
La Ville s’attend, elle, à empocher 15 millions d’euros avec cette taxe. Le bourgmestre se félicite qu’elle ne soit pas payée par les Carolos.
Le contexte budgétaire des grandes villes reste délicat. Les Carolos ont vu d’autres taxes être indexées et le précompte immobilier augmenté. Des services gratuits sont supprimés et des subsides revus à la baisse.
Au vu de leur endettement et de leur déficit, les banques ont refusé d’accorder de nouveaux prêts à 9 villes wallonnes. Ce jeudi, la Région wallonne a finalement trouvé un accord pour 210 millions d’euros, dans le cadre du Plan Oxygène, avec Belfius et ING.
La Région doit donc servir d’intermédiaire, mais le montant est moins important que l’année dernière. Charleroi reçoit reçoit par exemple 71,4 millions, contre 112,7 millions il y a un an.