Un parc auto zéro émission en 2035 nécessite de passer à la vitesse supérieure

L’Union européenne doit “passer à la vitesse supérieure” si elle veut atteindre son objectif d’un parc automobile à zéro émission en 2035, a confirmé mercredi la Cour des comptes européenne, dans un rapport qui pointe notamment du doigt les hybrides.

“Aucune réduction réelle et tangible des émissions de CO2 des voitures ne sera possible tant que le moteur thermique régnera en maître. Mais l’électrification du parc automobile de l’UE est une entreprise titanesque“, souligne Pietro Russo, le membre de la Cour responsable du rapport.

Trois obstacles principaux

Les auditeurs soulignent les trois obstacles principaux à l’essor des véhicules électriques: l’accès aux matières premières nécessaires pour produire suffisamment de batteries, le manque d’infrastructures de recharge et le prix d’achat d’une voiture électrique.  Le défi est de taille, car actuellement, malgré des ambitions fortes et des exigences strictes, la plupart des voitures particulières qui circulent sur les routes européennes émettent toujours la même quantité de CO2 qu’il y a 12 ans, constatent-ils.

En cause: les progrès réalisés en matière d’efficience des moteurs sont contrebalancés par l’augmentation de la masse des véhicules (environ +10% en moyenne) et de la puissance des moteurs (+25% en moyenne). Les nouveaux essais en laboratoire, décidés à la suite du scandale du “dieselgate”, ont permis de réduire l’écart entre les émissions mesurées en labo et celles constatées sur route, mais pas de l’éliminer. 

En outre, d’ici 2025, les hybrides rechargeables – dont les émissions de CO2 en conditions réelles sont souvent beaucoup plus élevées que celles enregistrées en labo – “seront toujours traitées comme des véhicules à faibles émissions, ce qui profite aux constructeurs automobiles.”

“D’ici là également, les constructeurs continueront d’appliquer certaines des dispositions introduites dans le règlement sur les émissions de CO2, qui leur ont permis d’échapper au paiement de près de 13 milliards d’euros de primes sur les émissions excédentaires pour la seule année 2020″, selon le rapport.

Un plafond d’émissions

Bref, seul l’essor des véhicules électriques – passés d’une immatriculation de voiture neuve sur 100 en 2018 à près de 1 sur 7 en 2022 – a joué un rôle moteur dans la baisse des émissions moyennes de CO2 sur route observée ces dernières années, résume la Cour.

Face aux trois grands obstacles identifiés, elle préconise de renforcer les contrôles sur la conformité des déclarations des constructeurs, de mieux utiliser les outils électroniques pour la collecte et la vérification des données relatives aux voitures, ou encore d’introduire un plafond d'”émissions de CO2 en conditions d’utilisation réelles” au niveau du constructeur, tenant compte aussi de tous les types d’hybrides.

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