En Norvège, royaume du véhicule électrique, Tesla est parvenue à inverser la tendance à la baisse des ventes observée en Europe en ce début d’année. Les livraisons ont plus que triplé. Un chiffre à relativiser, mais qui témoigne d’un regain d’intérêt pour la nouvelle version de la Model Y.
Tesla est dans le dur en Europe. Depuis le début de l’année, ses ventes sont réduites de moitié environ chaque mois, en glissement annuel. En mai encore, des baisses allant jusqu’à 67 % ont été enregistrées en France et au Portugal, et de plus de 50 % en Suède. Une situation due à un concours de circonstances : des modèles vieillissants, une forte décote sur le marché de l’occasion, et l’image controversée d’Elon Musk, soutien de Donald Trump pendant la campagne présidentielle, récemment accaparé par le projet DOGE, et affichant des sympathies pour l’AfD en Allemagne ou certaines figures de l’extrême droite britannique.
Et pourtant, un rebond soudain s’est produit. Et pas des moindres, ni n’importe où : les immatriculations de véhicules neufs Tesla ont bondi de 213 % en mai en Norvège par rapport à mai 2024 — soit une multiplication par plus de trois — dans ce pays souvent considéré comme un marché précurseur pour l’automobile électrique en Europe.
Pas moins de 2.600 Tesla neuves ont été vendues sur le mois, montrent les chiffres d’OFV, fédération routière norvégienne. Près de 2.350 sont des Model Y, qui a récemment été remise au goût du jour. C’est 16,5% des ventes de véhicules neufs.
Pour la Model Y, cela porte le nombre total de ventes à 6.002 sur les cinq premiers mois de l’année, contre 6.095 sur la même période en 2025. Pour Tesla dans son ensemble, c’est respectivement 7.393 et 6.826 véhicules. Sans le bond du mois de mai, les ventes étaient donc en chute par rapport à 2024, entre janvier et avril.
La fin de la tempête pour Tesla ?
Plusieurs éléments viennent relativiser ces chiffres. “Historiquement, le mois de mai enregistre souvent un nombre élevé d’immatriculations de voitures particulières neuves”, rappelle l’OFV dans son rapport. “Les chiffres actuels indiquent que Tesla a rempli ses entrepôts de véhicules prêts à être livrés en Norvège. Il s’agit à la fois de commandes passées il y a quelque temps et de voitures livrées presque immédiatement.” Un effet de rattrapage est donc à l’œuvre.
Par ailleurs, l’image politique d’Elon Musk continue de susciter des réticences en Norvège. NEVA, l’association norvégienne des propriétaires de véhicules électriques, a récemment mené une enquête auprès de 15.000 conducteurs de VE.
“Pas moins de 43 % ont déclaré qu’ils n’achèteraient pas de Tesla pour des raisons politiques. On peut donc seulement spéculer sur le nombre de véhicules que Tesla aurait pu vendre sans le soutien affiché d’Elon Musk au mouvement MAGA et à l’administration Trump”, commente Christina Bu, secrétaire générale de l’association, auprès de CNBC.
Nouvelle Model Y
Mais cela reste un signal positif de demande pour la nouvelle Model Y. Pour Christina Bu, le modèle continue d’avoir la cote dans le pays : « La Tesla Model Y se vend bien et est très populaire en Norvège, probablement parce qu’elle offre un bon rapport qualité-prix et qu’elle répond aux besoins des Norvégiens en matière d’espace de rangement, de garde au sol élevée, de transmission intégrale et d’attelage. »
De son côté, Rico Luman, analyste chez ING, estime que la hausse des livraisons s’explique en grande partie par un effet d’attente : les consommateurs auraient différé leurs achats dans l’attente du nouveau modèle. Le premier lot de livraisons ayant été effectué en mai, la tendance devrait se poursuivre en juin, note-t-il.
Reste à voir si Tesla parviendra à inverser la tendance dans d’autres pays européens – où les livraisons de la Model Y débuteront également en juin – et surtout, à maintenir cette dynamique sur la durée. Cela vaut aussi pour la Bourse, où le constructeur a vu son action regagner 54 % depuis le creux atteint après la tempête boursière du début avril.
