Taxis volants aux JO de Paris: les aéroports déterminés malgré les revers
Au nom de la “course à l’innovation”, le gestionnaire des aéroports parisiens affiche sa détermination à voir aboutir son expérimentation de taxis volants électriques pendant les Jeux olympiques l’été prochain, malgré de multiples revers pour ce projet disputé.
Les personnels du Groupe ADP (Aéroports de Paris) restent “pleinement mobilisés, aux côtés de nos partenaires, pour rendre possible ce projet d’innovation et de décarbonation, sur des lignes aériennes en Ile-de-France”, a indiqué lundi l’entreprise à l’AFP.
“Sans expérimentation, il est difficile de répondre aux interrogations légitimes liées au projet dont nous sommes convaincus de l’utilité, notamment en matière sanitaire”, a déclaré ADP, dont l’Etat contrôle la majorité du capital.
Avec ses partenaires le constructeur allemand Volocopter et la région Ile-de-France, ADP veut profiter de la vitrine des JO de Paris pour faire circuler de façon expérimentale des taxis volants électriques sur trois lignes: de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle à celui du Bourget, et de l’héliport d’Issy-les-Moulineaux d’une part vers l’aérodrome de Saint-Cyr-l’Ecole, près de Versailles, et, d’autre part vers une barge sur la Seine à proximité du quai d’Austerlitz, dans le sud-est de Paris.
Ce projet est suspendu à une certification de l’appareil de Volocopter par l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), mais aussi à un feu vert du ministère français des Transports, qui a jusqu’ici soutenu l’initiative.
Or, les signaux négatifs se sont multipliés ces derniers mois, le dernier étant un avis défavorable rendu le 2 février au terme d’une enquête publique effectuée en novembre et décembre 2023.
Le commissaire enquêteur, après avoir entendu les parties prenantes et obtenu 1.748 contributions du public, a notamment remarqué que cette expérimentation “ne présente pas d’intérêt a priori” si au final cela “ne peut offrir d’alternative aux modes actuels ni participer à une décongestion du trafic”.
“Clouer au sol”
“Je considère que les gains potentiellement apportés par le projet ne justifient pas les inconvénients qui seront supportés pendant l’expérimentation”, a ajouté le commissaire enquêteur.
Début septembre, l’Autorité environnementale avait jugé “incomplète” l’étude d’impact de la future base d’Austerlitz, dite “vertiport”, mettant en cause la pollution sonore et visuelle.
Dans le cadre de cette évaluation environnementale, les élus parisiens avaient rendu un avis négatif -non contraignant- au Conseil de Paris sur le vertiport d’Austerlitz, certains dénonçant un projet “absurde” et une “aberration écologique”.
Lundi, le groupe Gauche communiste, Écologiste et Citoyenne au Conseil régional d’Ile-de-France a demandé au ministre des Transports de “clouer au sol” un “projet éloigné de l’intérêt général, mené en catimini”.
ADP a de son côté fait valoir que de très nombreux projets de même nature étaient en cours dans le monde. “La course à l’innovation s’est accélérée ces derniers mois et nous souhaitons que la France ouvre la voie par rapport à d’autres pays qui envisagent dès à présent d’autoriser les expérimentations”, a souligné le groupe.
“Nous espérons beaucoup qu’ils (ces appareils, NDLR) puissent être vus au-dessus de Paris comme une espèce de symbole de l’innovation et de l’esprit d’entreprise français”, a argumenté le PDG d’ADP, Augustin de Romanet, samedi sur France Inter.
Fin décembre, M. de Romanet avait jugé, à propos de l’avis négatif des élus parisiens, que ces derniers n’étaient “pas amis des mobilités modernes”.
“Une décision sera rendue ultérieurement”, a pour sa part indiqué lundi le ministère des Transports à l’AFP, sans autre commentaire.