Multiplication des signalements de radars sur Waze : légal, mais risqué pour les conducteurs

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Caroline Lallemand

Les utilisateurs de Waze en Belgique l’auront sans doute remarqué, depuis la dernière mise à jour, l’application de navigation regorge de nouvelles icônes signalant des radars. Que signifie ce changement pour l’automobiliste ?

Les automobilistes belges ont sans doute remarqué que Waze affiche désormais beaucoup plus d’icônes qu’avant. La dernière mise à jour de l’application de navigation regorge de nouveaux pictogrammes signalant radars fixes, caméras aux feux, radars mobiles ou encore dispositifs de contrôle spécifiques.


Une évolution qui semble, à première vue, renforcer la sécurité en rendant les conducteurs plus attentifs. Mais plusieurs experts en sécurité routière, dont l’institut belge Vias, mettent en garde : cette profusion d’alertes pourrait bien avoir l’effet inverse.

Un changement bienvenu… en apparence

Jusqu’ici, Waze se contentait d’un simple symbole de radar ou de policier. Désormais, l’application distingue chaque type de contrôle, ce qui permet aux conducteurs de mieux savoir à quoi s’attendre sur leur trajet.

Et sur le plan légal ? Selon l’article 62 bis du Code de la route, les détecteurs ou brouilleurs de radars sont formellement interdits, mais les applications comme Waze ou Coyotte — qui s’appuient sur une base de données et les signalements de la communauté — restent parfaitement légales en Belgique. La situation est différente en France, où seules les “zones de danger” peuvent être signalées. En Allemagne ou en Suisse, ces notifications sont interdites, sauf pour les passagers. Waze adapte d’ailleurs automatiquement ses fonctionnalités selon le pays traversé.

Plus d’alertes… plus de risques ?

Pour Vias, la question n’est pas seulement juridique, mais aussi sécuritaire. Une étude récente menée par l’institut révèle que les conducteurs utilisant des applications de signalement — comme Waze ou Coyote — reçoivent plus de contraventions pour excès de vitesse que ceux qui ne les utilisent pas (0,38 contre 0,26 pour 10.000 km parcourus).

Pire : ces utilisateurs auraient tendance à se fier à l’absence de signalement pour conclure, à tort, qu’une route est “sûre”, ce qui les inciterait à dépasser les limitations de vitesse. Sans parler des signalements eux-mêmes qui peuvent devenir une source de distraction. Regarder l’écran, confirmer un radar ou corriger un signalement détourne l’attention de la route, augmentant le risque d’accident.

Vers une régulation plus stricte ?

Face à ces constats, Vias plaide pour un durcissement de la législation. Parmi les pistes évoquées : limiter le signalement aux seules “zones de danger”, comme en France, voire interdire totalement les alertes radars afin de dissuader les automobilistes de contourner les contrôles.

Les nouvelles fonctionnalités de Waze offrent indéniablement un meilleur confort de conduite et un sentiment de contrôle. Mais, elles posent une question de fond : faut-il privilégier l’information en temps réel au risque d’encourager des comportements plus risqués ? En attendant une éventuelle évolution de la loi, les utilisateurs peuvent choisir de réduire le nombre d’alertes affichées pour éviter un écran surchargé. Cela se fait par un simple réglage dans le menu « Paramètres » > « Alertes et notifications > « Radars ».

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