Les nombreux défis du prochain patron du régulateur aérien américain FAA

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Le futur patron du régulateur de l’aviation aérienne (FAA), dont la nomination par l’administration Trump se fait attendre, va prendre les commandes d’une institution prise dans les remous provoqués par les problèmes récurrents de Boeing et par une collision mortelle en janvier, sur fond de pénurie de personnel.

Selon le média spécialisé The Air Current, Bryan Bedford – patron de la compagnie aérienne Republic Airways – faisait figure de favori il y a encore quelques jours. Titulaire d’un diplôme en comptabilité et finances, M. Bedford affiche une carrière de plus de 30 ans dans l’industrie aérienne, dont environ 26 ans à diriger cette compagnie créée en 1974 et basée à Indianapolis (Indiana).

Republic Airways, selon son site internet, est passé d’une flotte de 36 avions lorsqu’il en a pris la tête à plus de 200 actuellement. Elle opère plus de 900 vols quotidiens à destination de plus de 80 villes américaines et canadiennes.

Le poste d’administrateur de la FAA a été laissé vacant par Mike Whitaker, qui avait annoncé en décembre qu’il démissionnerait le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. Nommé en octobre 2023, il était le quatrième dirigeant de la FAA depuis août 2019.

Il a dû gérer les conséquences de l’incident en vol en janvier 2024 d’un Boeing 737 MAX 9, livré quelques semaines plus tôt, qui a mis un nouveau coup de projecteur sur les problèmes de qualité de production de l’avionneur. Le géant de l’aéronautique, impliqué dans deux accidents mortels en 2018 et 2019 (346 morts au total), connait des problèmes de qualité dans ses trois familles d’avions de ligne – 737, 787 Dreamliner et 777 – ainsi que dans sa branche Défense et Espace (BDS).

Inefficaces

“Les processus de supervision (de la FAA) pour identifier et résoudre les problèmes de production de Boeing ne sont pas efficaces”, a conclu un audit du Bureau de l’inspection générale (OIG) du ministère des Transports, publié en octobre.

“La sécurité aérienne est la première mission de la FAA”, a souligné l’audit. “Cependant, depuis 2018, Boeing a rencontré de multiples problèmes de production.”

Selon ses auteurs, la FAA n’a notamment pas pris les “mesures adéquates” pour superviser Boeing et ses fournisseurs et n’a pas non plus de dispositif permettant d’identifier des “non conformités récurrentes potentielles”, avaient-ils poursuivi, émettant 16 recommandations pour améliorer la supervision.

Faute de moyens financiers et humains suffisants, la FAA délègue à des employés des constructeurs – qu’elle a préalablement approuvés – le soin de contrôler la conformité et la qualité des avions. Cela pourrait évoluer car le Sénat a octroyé en février 2024 une enveloppe “record” dans la loi de financement pour cinq ans de la FAA.

Mais le retour à la Maison Blanche de Donald Trump pourrait avoir des conséquences encore inconnues. Des milliers de suppressions d’emplois fédéraux et des fermetures d’agences gouvernementales ont rapidement été engagées.

La FAA n’est pas épargnée

Selon des médias, plusieurs centaines d’employés ont reçu notification de leur licenciement. Le président a signé dès le 21 janvier un décret imposant au régulateur, qui emploie quelque 14.000 contrôleurs aériens, de changer sa politique de recrutement en renonçant à ses objectifs de diversité (DEI). Il a attribué à cette politique la responsabilité de la pénurie latente de contrôleurs aériens.

La FAA a été contrainte de demander en mai 2023 aux compagnies aériennes de réduire le nombre de vols depuis certains aéroports, dont New York, faute de personnel suffisant pour assurer les vacations nécessaires dans les tours de contrôle.

Après une collision mortelle aux abords de l’aéroport Ronald-Reagan de Washington, qui a fait 67 morts le 29 janvier, Donald Trump a de nouveau blâmé ces politiques de diversité, qui empêcheraient d’embaucher des employés “compétents” et seraient, selon lui, à l’origine de l’accident.

L’enquête, toujours en cours, a déjà identifié des “divergences” sur l’altitude du vol de l’hélicoptère militaire ainsi que des difficultés de communication entre cet appareil, la tour de contrôle et l’avion de ligne en approche.

Jennifer Homendy, directrice de l’Agence de sécurité dans les transports (NTSB), a critiqué mardi la FAA pour ne pas avoir agi malgré plusieurs dizaines de collisions évitées de peu entre octobre 2021 et décembre 2024 à cet aéroport.

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