Les marques auto se lancent dans le vélo électrique

Porsche présente sa première voiture entièrement électrique © belga

A l’image de Porsche, Mini ou Lamborghini, de nombreuses marques de voitures profitent de l’explosion du vélo électrique pour étendre leur clientèle et verdir leur image.

Porsche, le plus ambitieux dans ce domaine, propose déjà des vélos à plus de 8.000 euros et prépare une sérieuse offensive dans le cycle: il a investi dans la marque croate de vélos électriques Greyp et racheté en 2022 le spécialiste allemand des moteurs électriques Fazua.

Porsche eBike Performance va ainsi développer et commercialiser des moteurs, batteries électriques et logiciels de pointe pour vélos, et lancer une nouvelle gamme d’ici 2025. La marque sportive, qui vise 80% de ventes électriques en 2030 pour ses véhicules, se décrit comme “un pionnier de la mobilité durable”, selon l’expression d’un porte-parole interrogé par l’AFP, “le nombre de roues ne compte pas”.

Mini entre aussi dans le jeu: la startup de vélos connectés Angell a annoncé jeudi qu’elle allait concevoir et fabriquer en France une gamme de vélos électriques pour la marque britannique. 

Mini, ressuscitée en l’an 2000 par le groupe BMW, cherche ainsi à renforcer son identité urbaine et électrique, alors qu’elle veut vendre 100% de voitures à batterie en 2030. Avec son électrification, “la montée en gamme du marché du vélo attire de nouveaux acteurs venus d’autres univers”, indique l’institut d’études Xerfi dans un rapport.

Des cousins

Au lancement d’Angell en 2019, la startup de vélos connectés (vendus autour de 3.000 euros) avait “tapé assez fort sur la voiture, individuelle et thermique”, tout comme son concurrent VanMoof, a souligné son fondateur, l’entrepreneur français Marc Simoncini. “Mais à partir du moment où la voiture devient électrique et moins individuelle, on se dit que le combat est gagné”, a expliqué M. Simoncini. “Et la Mini est très urbaine, c’est notre coeur de cible et notre expertise”.

Il y a un lien de “cousinage” entre le vélo et la voiture, lié à l’histoire de la révolution industrielle, explique le designer Jean-Louis Fréchin, commissaire de l’exposition “Bicyclette(s), faire des vélos” présentée à Saint-Etienne jusqu’au 1er mai. Mais après la Seconde guerre mondiale, le vélo, “premier outil de mobilité individuelle”, a été déclassé par la voiture, qui l’a cantonné “au sport et au cyclotourisme”, souligne M. Fréchin. 

Les marques automobiles sont restées présentes dans le cycle, avec des succès et un engagement mitigés.  Peugeot, un temps numéro 1 mondial du vélo, et Renault (alors propriétaire des Cycles Gitane) se sont affrontés sur les routes du Tour de France à la fin des années 1970. 

Peugeot propose toujours une gamme de vélos, mais ils sont assemblés par un partenaire. Audi comme Honda ont proposé des concepts de vélos révolutionnaires, des rêves d’ingénieurs qui n’ont pas été commercialisés.

“Initiatives plus sérieuses”

D’innombrables constructeurs ont aussi lancé des vélos (ou plus récemment des trottinettes) sous leur marque, comme les très exclusifs Lamborghini et Bugatti. 

Renault a commercialisé avec succès fin 2022 un vélo de course en carbone (au prix de 9.000 euros), conçu avec le fabricant Lapierre, pour promouvoir sa marque sportive Alpine. Un modèle tout-terrain est prévu pour l’été.

“Beaucoup de marques ont lancé des vélos en édition limitée, pour aller avec leurs voitures dans les showrooms… mais on commence à voir des initiatives plus sérieuses”, a commenté Adam Tranter, directeur de l’agence de marketing britannique Fusion Media, spécialisée dans le vélo. “On commence à comprendre que les voitures ne sont pas adaptées aux villes: même les patrons de Ford et Volkswagen ont demandé plus d’espaces adaptés au vélo et à la marche”.

Toyota est d’accord: le N°1 mondial de l’automobile va commercialiser dans ses concessions françaises un vélo-cargo à ses couleurs, conçu par le fabricant Douze Cycles, pour transporter des enfants comme des marchandises. Volkswagen avait aussi développé un vélo-cargo. Mais les problèmes d’approvisionnement en pièces et l’inflation des prix des matières premières ont eu raison de cet ambitieux projet développé en interne. 

Derrière les constructeurs, d’autres géants de l’automobile parient sur le vélo électrique: les équipementiers comme Bosch, Mahle ou Valeo ont développé des moteurs et autres pièces. Quatre fournisseurs savoyards ont aussi présenté la futuriste “Cocotte”, un vélo sans chaîne et à boîte de vitesse automatique.

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