La voiture électrique: 10 obstacles et 10 solutions
Les entreprises se convertissent rapidement à des flottes entièrement électriques. Parmi les employés, il y a souvent de l’incertitude au départ, de la méfiance, parfois même de la peur. Trois spécialistes de la gestion de flotte donnent leur point de vue.
Pour favoriser le passage de leur personnel à l’électrique, les entreprises doivent avant tout bien communiquer. Voici les principales objections à écarter.
1. Il faut aller vite
“De nombreuses entreprises optent désormais pour des voitures entièrement électriques, déclare Luc Pissens (Fédération belge des gestionnaires de flotte et de mobilité). Certaines proposent encore des voitures à combustible fossile tant qu’elles le peuvent et sur la base d’un calcul des coûts sur l’ensemble du cycle de vie de la voiture. Mais la plupart des entreprises passent au tout électrique. Car si l’on prend en compte le prix de revient total – y compris la consommation, la déductibilité fiscale, la valeur résiduelle – les voitures électriques obtiennent de meilleurs résultats. Certes, le prix de la location est en moyenne plus élevé. Mais pour l’instant, les voitures électriques sont entièrement déductibles fiscalement.”
“Aujourd’hui, quatre commandes sur cinq émanant de sociétés de leasing concernent des voitures électriques, affirme Frank Van Gool (Renta). Dans les grandes entreprises, le passage s’est déjà fait complètement. Dans les petites entreprises, il y a parfois encore des résistances, mais elles diminuent elles aussi. La différence de prix de revient est certes encore élevée. Mais si l’on tient compte de l’ensemble du cycle de vie, les différences s’estompent.”
2. Où puis-je charger ?
“De nombreux employés se sentent encore un peu mal à l’aise avec l’idée de rouler à l’électricité, admet Luc Pissens. Parce qu’ils ne peuvent pas installer une borne de recharge à la maison, ou parce qu’il n’y a pas assez de bornes à proximité.
Il est facile de réfuter ces arguments. Une station de recharge à domicile n’est pas une nécessité. Les bornes publiques ont poussé comme des champignons ces dernières années. Il existe également un grand nombre de stations de recharge rapide le long des autoroutes. La Flandre et Bruxelles disposent de suffisamment de stations de recharge. La Wallonie doit toutefois encore rattraper son retard, mais elle est en train de le faire. Une fois que les stations de recharge rapide seront installées, les principaux obstacles disparaîtront également en Wallonie.
3. L’autonomie
“La plupart des voitures électriques ont une autonomie réelle de 300 à 400 km, dit Luc Pissens. Les Belges parcourent en moyenne 50 à 60 km par jour, ils ne doivent donc pas s’inquiéter. Ce qui est étrange, c’est qu’avec les voitures hybrides, on ne pense guère à l’autonomie, alors que la différence n’est pas si grande. Les hybrides parcourent environ 50 km en mode électrique, mais comme le réservoir de carburant est plus petit, l’autonomie totale est limitée à environ 600 km. Pourtant, de nombreux travailleurs frémissent à l’idée d’une faible autonomie. Mais il faut toujours se demander pourquoi on a besoin d’une voiture. Si vous la conduisez principalement autour du clocher de l’église, une voiture à autonomie limitée est une bonne chose. Le fait qu’une famille dispose d’une deuxième voiture permet également de résoudre bien des problèmes.”
“Une autonomie de 320 km est plus que suffisante, sachant que neuf trajets en voiture sur dix sont inférieurs à 75 km, affirme Anja Huysmans (Aon Fleet Automotive). Ces craintes disparaîtront d’elles-mêmes, au bout de deux ans au maximum.”
“Une fois que les gens roulent à l’électricité, cette peur disparaît, ajoute Frank Van Gool. De très nombreux trajets ne sont vraiment pas longs. En outre, il existe de plus en plus de modèles à grande autonomie. Mais cela reste compliqué pour ceux qui roulent beaucoup en Wallonie, et pour de plus longues distances. Un utilisateur sur cinq n’opte pas encore pour une voiture électrique. C’est aussi parce que, fiscalement, nous sommes encore dans une phase de transition. A partir de 2026, les derniers sceptiques passeront à l’acte, car les voitures non électriques deviendront alors très coûteuses sur le plan fiscal. Peut-être que les temps de charge seront plus courts d’ici là. Aujourd’hui, certaines voitures électriques se rechargent déjà de 200 km supplémentaires en 10 minutes.”
4. Et si je pars en vacances ?
“Les plans de mobilité des entreprises imposent souvent une voiture électrique, admet Luc Pissens. Mais s’il reste un budget, vous pouvez obtenir une voiture classique pour partir en vacances. Il peut s’agir d’une voiture de la flotte de l’entreprise ou d’une voiture de location. Cela permet également de réduire l’anxiété liée à l’autonomie.”
5. La recharge prend beaucoup de temps
“Un plein de carburant fossile prend huit minutes, précise Luc Pissens. Sur un chargeur rapide, c’est 20 minutes, et ce sera encore plus court dans les années à venir. La technologie évolue constamment. Peut-être qu’à l’avenir, il sera même possible de recharger sans fil, par induction.”
6. Il s’agit finalement d’un ajustement
“Toute personne qui conduit une voiture électrique doit être mieux préparée, admet Luc Pissens. Si vous vous rendez quelque part, il est préférable de vérifier à l’avance où il y aura des stations de recharge. Il est également recommandé d’adopter un style de conduite différent. Sur les autoroutes, vous pouvez rouler plus lentement pour réduire la consommation : 110 à 115 km/h au lieu de 120. Au bout de quelques semaines, on s’habitue à conduire une voiture électrique.”
7. Les tarifs ne sont pas clairs
“Les stations de recharge devraient afficher les prix par kilowattheure, tout comme l’essence et le diesel sont affichés par litre, admet Luc Pissens. En particulier pour les stations de recharge rapide, il peut y avoir de grandes différences d’une ville à l’autre. Le gouvernement devrait également introduire des prix maxima. Cela permettrait aux utilisateurs d’avoir une meilleure connaissance des prix. Certaines entreprises vérifient que leurs employés ne rechargent pas uniquement aux bornes les plus onéreuses. Par exemple, elles n’autorisent un passage à une station rapide qu’une fois par mois. Mais ce n’est pas tenable. Un autre problème: certains conducteurs laissent leur voiture chargée à la borne publique. La réglementation à ce sujet doit être plus claire. Si la batterie est pleine, l’auto doit être déplacée. Dans le cas contraire, des amendes sont prévues. Certes, il existe des systèmes qui permettent d’augmenter les frais de stationnement lorsque la voiture est chargée. Cela devrait devenir la norme générale, applicable à tous.”
“L’employeur peut aussi opter pour des cartes de paiement avec des restrictions et des accords clairs avec l’employé, ajoute Frank Van Gool. Mais quelle sera la priorité en matière de recharge ? D’abord au travail, puis éventuellement à la maison, et seulement en dernier lieu, une borne publique? Bien sûr, vous pouvez motiver les employés à ne pas recourir aux bornes les plus chères, car ceux qui rechargent beaucoup en public paieront l’énergie presque aussi cher qu’une voiture roulant au diesel ou à l’essence.”
8. Une jungle de cartes de recharge
“Il y a trop de cartes de recharge différentes qui, il est vrai, conviennent toutes à une grande partie du réseau, précise Luc Pissens. Mais supposons que votre carte ne fonctionne pas quelque part. Et quid à l’étranger ? La reprise d’une borne de recharge domestique par un autre fournisseur d’électricité est encore souvent difficile. Un employé qui change d’entreprise doit souvent installer une deuxième station de recharge, car le fournisseur d’électricité de la nouvelle entreprise ne peut ou ne veut pas utiliser la station existante. Ou bien il doit payer une redevance pour utiliser une borne de recharge d’un tiers. Il s’agit là de problèmes qui découragent les employés et représentent un coût supplémentaire pour les entreprises. Il devrait également être possible de payer partout avec sa carte bancaire, ce qui est actuellement beaucoup trop rare.”
9. Une voiture de société électrique est plus petite
“On constate de toute façon une réduction des budgets depuis 2015 environ, quel que soit le type de carburant, ajoute Luc Pissens. Ceux qui avaient une BMW X5 comme voiture de société conduisent aujourd’hui une BMW X3. Je pense que les voitures de société électriques seront légèrement plus petites que celles auxquelles l’employé était habitué. Les voitures électriques restent coûteuses, surtout pour les budgets les plus modestes.”
“Je ne vois pas d’évolution vers des modèles moins chers en raison de l’essor des voitures électriques, estime Frank Van Gool. Les entreprises adaptent leur budget. Une voiture de société fait partie des ‘droits acquis’. Les employeurs veulent aussi que leurs employés soient heureux. Une voiture est un élément important du package salarial. Pas question de pousser vos employés vers une voiture plus petite.”
10. Qu’en est-il de la fiabilité ?
“Toute nouvelle technologie présente des faiblesses, admet Frank Van Gool. Les premiers modèles électriques ont connu quelques soucis électroniques. On entend parfois parler de voitures qui s’arrêtent parce que la batterie est déchargée. Mais c’est très rare. Pour l’instant, peu de marques chinoises ou autres nouvelles marques sont choisies. Elles offrent pourtant beaucoup de qualités pour un prix relativement plus bas. Mais les gens choisissent ce qu’ils connaissent. BMW se distingue. Cela pourrait changer. Si, par exemple, les entreprises optent pour des flottes importantes à moindres coûts, comme les infirmières à domicile, alors ces marques chinoises pourraient rapidement percer.”
“Les employés choisissent également en fonction du service, ajoute Luc Pissens. Les marques allemandes ont une bonne réputation dans ce domaine.”
“Nous ne constatons pas d’augmentation du nombre de pannes ou de défauts sur les voitures électriques, conclut Anja Huysmans. Les réparations après un accident peuvent parfois prendre plus de temps, surtout avec les nouvelles marques et les nouveaux modèles. Cela nécessite des connaissances très spécifiques. Tous les garages ne disposent pas encore de ces connaissances en interne. Ou bien il manque des pièces, qui doivent être importées d’un pays lointain.”
Voitures électriques
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