La vocation internationale du Salon de l’Auto de Bruxelles
Le Salon de l’Auto au Heysel confirme sa dimension internationale. Une dimension encore renforcée par la fin du Salon de Genève et le déclin des grands Salons internationaux comme Paris et Munich
Signe de cette internationalisation, on pouvait croiser dans les allées du Salon de l’Auto de Bruxelles nombre de journalistes étrangers. Mais aussi des dirigeants de groupes ou de marques. Par exemple Thierry Koskas (Citroën), Fabrice Cambolive (Renault). Etait aussi attendu, le CEO de Lamborghini, Stephan Winkelmann, ainsi que des designers. La rumeur annonçait même la visite de John Elkann, président du groupe Stellantis.
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Quelques premières mondiales
Autre signe de cette internationalisation : les multiples premières mondiales. Toyota a choisi Bruxelles pour montrer la Toyota Urban Cruiser, un petit SUV électrique, Citroën, la DS N°8.
Mercedes y montre en avant-première la future édition de la Mercedes CLA (vaguement camouflée). Renault présente lui un prototype de la Renault Twingo et dévoile l’intérieur d’un modèle qui doit être annoncé l’an prochain. Le véhicule trône dans un écrin translucide, un grand cube, nouvelle forme de stand pour la marque.
BYD présente pour sa part un nouveau modèle, un petit SUV électrique, l’Atto2. Suzuki fait également ici la présentation européenne d’un petit SUV electrique (un de plus), l’e-Vitara.
L’américain Lucid est venu présenter ses autos électriques. Même Tesla, peu présent dans les Salons, est là, avec un stand sombre et sobre, mais ne présente pas vraiment de nouveaux modèles. Il expose un Cybertruck, ce pick-up spectaculaire commercialisé aux Etats-Unis (pas en Europe), et un concept car, un robotaxi, future voiture autonome sans volant, présentée en octobre aux Etats-Unis par Elon Musk.
Il y a aussi pas mal de marques chinoises, dont BYD, MG, Maxus ou encore X Peng. Il y a aussi Leapmotor, commercialisée par Stellantis, qui héberge la marque sur son stand. Ainsi que des nouvelles marques pour le marché belge comme Omada et Jaecoo (groupe Cherry), à la fois en électrique et en hybride.
La voiture de l’année, la R5 et l’Alpine A290
Autre élément international, la remise du prix de la Voiture de l’Année (Car of The Year), qui se fait à Bruxelles. Il a été décerné ce 10 janvier à la Renault 5 et sa cousine l’Alpine A290. Ce prix était naguère décerné durant le Salon de Genève. Renault mise sur ce modèle coup de cœur pour attirer les particuliers, encore réticents, dans le monde de l’électrique. « Nous espérons percer le plafond de verre qui semble freiner l’achat des électriques » dit Fabrice Cambolive, patron de la marque Renault, sur le stand de la marque.
Un Salon pour les particuliers
Le Salon, organisé par la Febiac, fédération des importateurs, reste avant tout un événement tourné vers le grand public, pour stimuler les ventes, avec le rituel des remises Salon, proposées en concession. Il n’était jusqu’à présent guère international et n’avait pas le prestige des autres grands salons, qui captaient les annonces internationales.
« Bruxelles a une place à prendre »
Quoiqu’il en soit, les échos étaient très positifs sur cette nouvelle vocation complémentaire. Le Salon de Bruxelles est bien situé, à quasi équidistance entre l’Allemagne et la France, deux souverainetés du monde européen de l’automobile. Alors qu’à Munich, les Français n’exposent guère, et inversément pour les Allemands à Paris. Bruxelles est finalement, comme Genève, un terrain neutre. « C’est un statut à encourager » estime le dirigeant d’un constructeur automobile présent, très enthousiaste ; « Bruxelles a une place à prendre. »
Un Salon tous les deux ans ?
C’est sa vocation historique, bousculée par la pandémie, qui a imposé sa suspension en 2021 et 2022, sa reprise en 2023, puis une interruption en 2024. Il n’a pas repris un rythme régulier, mais dans le paysage des Salons, bien perturbé, il s’en tire encore bien. La Salon de l’Auto reste un outil important pour la vente, surtout en direction des particuliers. La Febiac espère attirer 300.000 personnes cette année.
En 2024, plusieurs importateurs, dont D’Ieteren (marques du groupe VW), ne souhaitaient pas y participer, d’où une annulation. Le marché ne leur paraissait pas porteur. Les considérations ont changé pour janvier 2025, car les particuliers semblent revenir à l’achat d’autos neuves, après quelques années agitées et des hausses de prix dissuasives. Les constructeurs changent leurs fusils d’épaule et adaptent leurs offres. Cela explique que plus de 60 marques viennent au Salon, en cherchant à proposer une offre diversifiées, pour tenir compte de l’appétit encore important des particuliers pour les autos à carburant.
Le Salon reste toutefois plus petit que ceux d’avant le covid, qui occupaient quasi tous les palais du Heysel. Il représente un peu plus de la moitié de la surface occupée naguère et ne compte plus de palais dédié à la moto. Il est toutefois plus homogène que le Salon de Paris (Le Mondial) ou celui de Munich, compte davantage de marques. Il n’y a guère que Volvo, Polestar ou Jaguar Land Rover qui ne participent pas à la fête bruxelloise.
La périodicité du Salon reste également un point d’interrogation. Beaucoup dépendra du succès de cette édition. Pour le groupe D’Ieteren, premier acteur du marché belge (une auto sur quatre immatriculées), le rythme d’un Salon tous les deux ans pourrait s’envisager. Si le résultat commercial est au rendez-vous.
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