La future norme Euro 7 ne se contentera pas de réduire les émissions des moteurs. Elle s’attaque aussi à un autre polluant invisible mais bien réel: l’usure des pneus. Mais cette nouvelle exigence pourrait faire grimper le prix des pneumatiques… et soulever des questions de sécurité.
La norme Euro se voit régulièrement renforcée par de nouveaux objectifs antipollution. Cette fois-ci, elle ne se contentera pas des gaz d’échappement. Elle prendra également en compte la libération de particules fines dans l’air, provoquée par l’usure du frein et des pneus. Mais attention, prévient l’ADAC dans une récente étude, une norme Euro 7 trop stricte pourrait faire grimper le prix des pneus…
Usure des pneus, source de pollution
Sous l’effet du frottement continu des pneus sur la route, la gomme du pneu s’use et se dégrade petit à petit. De quoi libérer de toutes petites particules de ce matériau, qui sont ensuite déversées dans l’environnement par l’air ou la pluie.
Selon une étude de The Pew Charitable Trusts, l’usure des pneus de voiture serait aujourd’hui l’une des principales sources de pollution microplastique dans les océans. « Environ 500.000 tonnes de déchets de pneus sont produites chaque année dans l’UE », confirme l’ADAC, l’association allemande des automobilistes.
Afin de réduire cette quantité de particules fines nocives, l’Union européenne mise sur une évolution de sa législation : la norme Euro 7. Cette nouvelle mouture devrait, pour la première fois, intégrer l’usure des pneus dans ses critères de pollution. L’objectif: fixer des limites maximales de rejets liés non plus seulement aux gaz d’échappement, mais aussi à l’abrasion des pneus et des freins.
Quels facteurs accélèrent l’usure des pneus?
Certaines conditions de conduite ou caractéristiques des véhicules ont un impact direct sur la rapidité d’usure des pneus. L’ADAC a identifié les principaux facteurs:
- régions montagneuses
- Du béton au lieu de l’asphalte
- routes mouillées
- poids du véhicule plus élevé
- géométrie d’essieu sportive
- Moteurs à couple élevé
- vitesse plus élevée
- Conduire avec une remorque
Mesurer l’usure des pneus
En vue de cette future norme, l’ADAC a voulu testé 160 modèles de pneus : 84 pneus été, 60 pneus hiver et 16 pneus 4 saisons. L’association a réalisé ses tests en conditions réelles sur une distance d’environ 15.000 km avec des pneus standards. Parmi les critères étudiés, on retrouve la durabilité des pneus (kilométrage prévu), l’usure, la consommation de carburant, le bruit, le poids des pneus et la durabilité de la production. Les résultats montrent des différences significatives dans la qualité d’usure des pneus.
En top 1 du classement, on retrouve Michelin, qui propose de loin les pneus à l’usure la plus faible, soit 52 mg/km/t par véhicule en moyenne. On retrouve ensuite les manufacturiers haut de gamme Hankook (62 mg/km/t), Continental (63 mg/km/t) et Goodyear (65 mg/km/t). La preuve qu’il est techniquement possible de fabriquer des pneus à la fois sûrs et respectueux de l’environnement. Même si les prix sont souvent beaucoup plus élevés…

Gare à la hausse des prix…
Et c’est bien là la crainte de nombreux fabricants. Selon l’association allemande, 61% des pneus actuellement commercialisés ne respecteraient plus les critères si l’Union européenne adoptait une norme plus stricte, comme celle envisagée avec l’Euro 7.
Quant aux pneus qui répondent déjà aux nouvelles exigences, ils sont souvent trop chers. La raison? Une technologie de pointe qui alourdit considérablement les coûts. Si les autres fabricants devaient adapter leurs modèles à cette norme, le marché pourrait basculer vers une offre essentiellement haut de gamme. Au risque donc de voir disparaître les alternatives plus abordables pour les conducteurs au budget plus serré.
« Il est essentiel de garantir que la mobilité reste accessible à tous », prévient l’ADAC. « Il faut continuer à proposer des pneus attractifs pour les clients sensibles au prix ou ceux qui conduisent moins fréquemment, sans compromettre significativement la sécurité routière. »
… et à la baisse de sécurité?
L’ADAC appelle à trouver un juste équilibre. Un seuil trop indulgent ne permettrait pas d’atteindre l’objectif de réduction significative de l’usure des pneus. À l’inverse, une norme trop sévère risquerait de pénaliser le portefeuille des consommateurs… tout en ayant un impact négatif sur la performance et la sécurité.
Les résultats de l’étude le confirment: certains pneus affichant une très bonne résistance à l’usure ont été recalés lors des tests en raison de problèmes de sécurité.
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