Charleroi airport: grève aussi vendredi ?
Toutes les vols prévus pour jeudi à l’aéroport de Charleroi ont été annulés en raison d’une grève. C’est ce qu’a annoncé tôt ce matin Brussels South Charleroi Airport (BSCA). Selon les syndicats, le mécontentement du personnel est “général”.
“Tous les vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport de Charleroi sont annulés. En effet, en raison de la forte mobilisation des délégations syndicales, nous ne pouvons pas garantir la sécurité de tous”, a communiqué la directrice de la communication de BSCA, Nathalie Pierard. “Il est regrettable que les passagers soient ainsi pris en otage par ces actions sauvages”, a-t-elle critiqué. Il est recommandé aux passagers en partance dans la journée de ne pas se rendre à l’aéroport et de prendre contact avec leur compagnie aérienne. Les syndicats avaient déposé un préavis de grève le 4 septembre dernier.
Au total, ce sont 186 vols (aller et retour) qui ont été annulés et plus de 30 000 passagers qui ont été affectés par la grève.
Des actions pas couvertes par un préavis
Le mouvement concerne la majorité des fonctions opérationnelles (bagages, check-in, ravitaillement des avions). La direction de BSCA se dit toutefois “très étonnée de la tenue de ces actions”. Celles-ci “ne sont pas couvertes par un préavis puisque ce dernier, introduit le 4 septembre dernier, est toujours en cours et que, comme le mentionnent les syndicats eux-mêmes, des actions ne peuvent être menées qu’à l’issue de celui-ci, donc à partir du 19 septembre”, observe la communication de l’aéroport, déplorant encore que” les syndicats ne respectent pas leurs engagements de paix sociale”. Mme Pierard rappelle qu’une réunion a été proposée mercredi, mais que les syndicats n’y ont pas répondu. Mercredi soir, le syndicat chrétien CNE indiquait qu’aucun appel officiel à la grève n’avait été lancé par les représentants des travailleurs.
La grève témoigne d’un ras-le-bol généralisé du personnel
La participation de l’ensemble des travailleurs au mouvement de grève jeudi à l’aéroport de Charleroi (Brussels South Charleroi Airport) et non de ceux de tel ou tel service est la démonstration du ras-le-bol généralisé du personnel, ont indiqué jeudi les syndicats. Ces derniers affirment alerter depuis plusieurs mois la direction de BSCA sur les problèmes rencontrés au sein de l’entreprise sans véritable réaction de celle-ci selon eux.
“Ce mercredi, la direction misait encore sur une mobilisation partielle des travailleurs. Ce jeudi, elle a constaté qu’elle était bien plus large et a dû annuler l’ensemble des vols”, a indiqué Carl Yernaux, permanent CNE. “L’ampleur de la mobilisation est dans une certaine mesure historique, ce qui témoigne bien de l’étendue des problèmes”, a affirmé pour sa part Alain Goelens, permanent Setca.
Saturation de l’outil et pression sur les conditions de travail
Saturation de l’outil et pression sur les conditions de travail sont deux problèmes récurrents pointés de longue date par les syndicats dans un aéroport qui accueille chaque année un nombre croissant de passagers. À ceux-ci s’ajoute l’accusation d’un management agressif pratiqué par la direction. “Au niveau des infrastructures, c’est l’image de la boite à sardines. Mais encore faut-il que l’outil suive et que les conditions de travail soient garanties”, a pointé Alain Goelens. “Le nombre de vols aujourd’hui à l’aéroport n’est plus proportionné au nombre de travailleurs. Cela fait des mois que les syndicats le disent sans que la direction réagisse”, a ajouté pour sa part Carl Yernaux.
Cette année, l’aéroport de Charleroi devrait accueillir pour la première fois plus de 10 millions de passagers, soit une augmentation de 20 % par rapport à la période avant la crise du Covid et de 56 % comparé à il y a dix ans. « Cela représente un véritable défi pour avoir suffisamment de personnel dans tous les services, et nous ne pouvons pas nous appuyer uniquement sur les étudiants », reconnaît Pierard, la directrice de la communication de BSCA, dans De Standaard. « Une réorganisation est en cours dans tous les départements. » La pression intense sur les employés se manifeste également par un taux élevé d’absentéisme, précise encore le quotidien. Les congés seraient souvent refusés et une flexibilité accrue est exigée, explique une source interne à l’aéroport. « Par exemple, si un employé doit partir 15 minutes plus tôt pour récupérer ses enfants, cela n’est pas autorisé. De plus en plus de personnes quittent leur poste en raison du burn-out. C’est devenu un véritable cimetière. »
Il y aura-t-il encore grève vendredi ?
Il est encore incertain si les vols reprendront vendredi. Les syndicats et la direction se rejettent la responsabilité. La porte-parole de l’aéroport Nathalie Pierard a indiqué à Belga que la direction avait “demandé une conciliation au sein de la commission paritaire”. Les syndicats n’ont pour l’heure pas été informés d’une potentielle réunion avec la direction, ont-ils déclaré.
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