Comment le pass Klimaticket a révolutionné la mobilité en Autriche
Les Verts se prévalent du succès de leur Klimaticket, dont les ventes ont dépassé toutes les attentes, alors que l’Autriche vote ce 29 septembre.
Voyager partout en Autriche pour un millier d’euros par an: le «Klimaticket» restera comme l’une des mesures emblématiques des Verts, qui s’apprêtent à quitter le pouvoir sur un score en net recul aux législatives de dimanche après une expérience inédite.
«Je saute simplement dans le train et voilà, c’est tellement pratique», témoigne Liselotte Zvacek, une consultante de 62 ans vivant dans les environs de Vienne. Ce dispositif lancé en octobre 2021 permet de prendre trains, bus et tramways au prix annuel de 1.095 euros, soit trois euros par jour. «Plus de stress quand je voyage!», résume cette Autrichienne qui l’utilise au quotidien pour son travail et «n’a plus à réfléchir au prix» s’il lui prend des envies de découvrir une exposition ou d’aller voir sa famille à l’autre bout du pays.
L’objectif était de 100.000 utilisateurs, le triple a été atteint. «C’est plus que ce dont j’avais rêvé», commente la ministre de l’Environnement Leonore Gewessler dans un entretien avec l’AFP.
L’Autriche «pionnière» avec le Klimaticket
Les sondages créditent les Verts d’un score modeste (8%, après le record de 13,9% en 2019). La faute à l’usure du pouvoir au moment où «le coût de la vie» s’est envolé, souligne la responsable, «mais malgré toutes les difficultés, nous avons accompli beaucoup». Et de citer à l’appui «le recul des émissions de gaz à effet de serre liées aux transports pour deux années de suite, une première» dans le pays alpin de 9 millions d’habitants où la circulation routière est une importante source de pollution.
L’initiative du Klimaticket, similaire au modèle suisse, est «pionnière au sein de l’Union européenne» car «tout est inclus», précise Mme Gewessler, dans son bureau du ministère avec vue panoramique sur Vienne. Nouveauté depuis juillet, les jeunes de 18 à 21 ans ont droit à un pass gratuit.
L’Allemagne voisine a suivi l’exemple autrichien au printemps 2023 mais le coût et l’efficacité du dispositif ont été critiqués au vu d’infrastructures ferroviaires vieillissantes et insuffisantes. Quant au Pass Rail français, il n’est disponible que sur les TER et Intercités. Une délégation de sénateurs est d’ailleurs venue la semaine dernière à Vienne pour s’inspirer de l’expérience du Klimaticket.
Mme Gewessler salue «un impact réel» pour la planète, alors que près de la moitié des abonnés disent délaisser leur voiture pour privilégier les transports en commun, selon une étude de l’organisation VCÖ spécialiste de la mobilité.
Coup d’éclat et désaccords
Pour les Verts, le Klimaticket est brandi comme un symbole du succès de leur passage au gouvernement, où ils ont aussi, à la tête des ministères de la Santé et de la Justice, géré la pandémie de Covid-19 et renforcé l’indépendance du parquet. Leur improbable tandem avec les conservateurs a survécu à des affaires de corruption, qui ont poussé fin 2021 le chancelier Sebastian Kurz à la démission.
Et les différends ont été nombreux, sur l’immigration ou le climat, culminant en juin avec le soutien de Leonore Gewessler, contre l’avis du chancelier Karl Nehammer, à un texte-clé du Pacte vert européen sur la restauration des écosystèmes abîmés. Ce coup d’éclat a permis de faire basculer l’issue du vote et lui a valu une plainte, finalement jugée irrecevable, pour abus de pouvoir de la part de ses partenaires conservateurs. «C’était un moment très spécial», raconte l’ancienne militante écologiste, heureuse d’avoir pu «faire la différence».
Mais parmi la kyrielle de promesses climatiques affichées au début de l’aventure, toutes n’ont pas été tenues. La ministre nourrit un autre regret: ne pas avoir réussi à réduire l’extrême dépendance de l’Autriche au gaz russe, plus de deux ans après le début du conflit en Ukraine. «Soyons honnêtes, nous remplissons les caisses de la guerre», a-t-elle déploré, appelant à rejeter dimanche dans les urnes une extrême droite «favorable à Moscou et niant la crise climatique».
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