Freinage fantôme: “Les systèmes d’assistance à la conduite ont été imposés trop vite”

accident voiture
À mesure que le parc automobile se renouvelle, les cas risquent de se multiplier. © Getty Images
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Freinages brusques et imprévisibles, systèmes d’assistance qui se dérèglent… Le freinage fantôme inquiète de plus en plus d’automobilistes. Après la France, la Belgique enregistre déjà plusieurs cas. L’avis d’un expert de Vias.

Alors que vous rouliez sur l’autoroute, votre voiture freine brusquement, sans raison apparente… Ce phénomène, appelé “freinage fantôme” se multiplie en France. En Belgique aussi, plusieurs cas ont déjà été signalés aux autorités compétentes. Un problème qui touche d’autres systèmes d’assistance à la conduite, pourtant obligatoires dans les véhicules plus récents, prévient Benoît Godart, porte-parole de l’Institut Vias.

Craignez-vous que ce problème prenne de l’ampleur en Belgique ?

“Si le phénomène existe en France, il n’y a aucune raison qu’il n’apparaisse pas en Belgique. Donc oui, ce problème de freinage fantôme est bien réel. Il a même déjà été constaté sur nos routes. Nous n’avons pas encore de chiffres officiels, mais nous commencons à recevoir des témoignages: 4 à 5 signalements jusqu’à présent. Et il pourrait prendre la même ampleur qu’en France.

De manière générale, nous recevons pas mal d’emails de gens qui se plaignent des nouvelles aides à la conduite, notamment du système qui corrige la trajectoire des véhicules. Beaucoup dénoncent aussi la puissance de certains phares, qui gênent les autres conducteurs. Il faut toutefois préciser que ces dispositifs n’équipent pour l’instant souvent que les voitures les plus récentes. Tout le monde n’en dispose donc pas encore. Mais au fur et à mesure que le parc automobile se renouvelle, les témoignages risquent de se multiplier.”

Quels seraient les principaux facteurs qui pourraient provoquer ces freinages?

“Le problème vient des capteurs, qui ne sont pas réglés correctement. Lorsqu’ils détectent un obstacle devant la voiture, celle-ci freine brusquement. Or, s’ils sont mal réglés, ils peuvent détecter le soleil rasant, un oiseau qui vole au-dessus de la route, même un obstacle sur le bord de la voirie ou une ombre provoquée par un camion. Résultat: la voiture freine sans raison valable.

Il aurait peut être mieux valu améliorer l’efficacité et la fiabilité de ces systèmes avant de les rendre obligatoires.

Personnellement, dans ma voiture, le système qui est censé lire les panneaux de limitation de vitesse est aussi défaillant. Il détecte, par exemple, le “90km/h” situé à l’arrière d’un camion sur l’autoroute, et tout d’un coup me dit qu’il faut rouler à du 90 au lieu de 120. Il détecte un panneau qui est sur une sortie d’autoroute alors que je reste sur l’autoroute. Donc ce système ne fonctionne pas non plus.

Tout cela montre que nous avons mis la charrue avant les bœufs. On a rendus ces systèmes obligatoires, alors que la pratique montre qu’ils ne sont pas fiables à 100%. Et c’est dommage…”

Quelles sont vos recommandations pour réduire les risques liés à ce freinage fantôme?

“Si cela arrive à quelqu’un, on recommande de signaler ce cas au concessionnaire, à la marque et éventuellement de faire remonter le problème jusqu’à nous. Ensuite, plus que jamais, il est essentiel de respecter les distances de sécurité. C’est un conseil valable toute l’année, qu’il y ait un problème ou non, mais il prend ici une importance particulière : si la voiture devant vous est victime d’un phénomène de freinage fantôme, garder vos distances peut éviter un accident.”

Que faut-il faire maintenant?

“La conclusion de tout ça, c’est qu’il aurait peut être mieux valu améliorer l’efficacité et la fiabilité de ces systèmes avant de les rendre obligatoires. Désormais, il est trop tard. Essayons dès lors de sauver les meubles et de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’accident. Comment? En évaluant ces systèmes.

Concrètement, ce qui va se passer, c’est que nous allons rassembler tous ces témoignages – que ce soit sur le système de freinage d’urgence ou sur les autres systèmes – et on va les transmettre au SPF Mobilité. C’est eux qui représentent la Belgique au niveau international. Nous allons également en parler au ministre compétent, puisqu’on le rencontre assez régulièrement. Notre objectif : faire une sorte d’évaluation du phénomène, voir ce qu’il y a lieu de faire en Belgique. En sachant toutefois que, normalement, la Commission européenne va faire une évaluation de ces systèmes d’assistance à la conduite. On peut donc espérer qu’elle prendra en compte tous ces témoignages.”

Poursuivre votre lecture:

Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content