Le monde des applications de stationnement est en forte consolidation. Le groupe suédois Arrive a racheté 4411, un acteur historique du marché belge. Et depuis le covid, les applis ont dépassé les horodateurs dans les usages.
La nouvelle est passée quasiment inaperçue, mais depuis le 2 octobre dernier, le groupe suédois Arrive (ex-EasyPark) a été autorisé à racheter Be-Mobile à Proximus. Son principal actif est 4411, l’application la plus utilisée en Belgique pour payer le parking en rue.
En quelques années, par rachats successifs, le groupe Arrive est devenu un acteur global crucial dans les outils digitaux de mobilité des villes. Celles de Detroit, Hong Kong ou Côme, entre autres, ont recours à ses services pour le stationnement. “Nous sommes présents dans 20.000 villes, dont 4.200 en Europe, dans 90 pays, et comptons 4.000 employés, résume Scott Booker, general manager de l’activité parking. Nous comptons 65 millions d’utilisateurs actifs par an.”
Les apps plus utilisées que les horodateurs
Il s’agit d’une étape dans la consolidation des applications de paiement de stationnement en voirie ou hors voirie, et d’autres services digitaux de mobilité. Ces programmes sont davantage utilisés que les horodateurs. “À Bruxelles, environ 60% des stationnements payants sur la voie publique sont réalisés à travers une application”, indique Pierre Vassart, porte-parole de parking.brussels, l’agence de stationnement de la capitale qui gère les parkings de 12 communes (bientôt 13 avec Woluwe-Saint-Pierre). “Cette proportion augmente fortement depuis le covid.” Et sans doute aussi depuis la multiplication des scan-cars.

Arrive, nouveau nom d’EasyPark Group, est devenu chez nous le premier acteur de ce marché des applications de stationnement et des plateformes de gestion du stationnement. ll a repris Be-Mobile, dont il conserve l’activité 4411 (*), qui compte un million d’utilisateurs et quatre millions de sessions de stationnement par mois. De plus, Arrive possédait depuis peu Yellowbrick, une application commercialisée en Belgique par Rauwers, acteur national important dans le stationnement. Arrive propose aussi l’application EasyPark.
Le recours aux applis augmente fortement depuis le covid et la multiplication des scan-cars.
De loin le numéro un en Belgique
“Nous évaluons la part du groupe Arrive/Easypark autour de 80% du marché belge”, estime Hadrien Crespin, fondateur de Seety, une application concurrente, qui a démarré comme plateforme communautaire d’information sur le parking en voirie. Cette application belge a ajouté le paiement, et propose aussi le paiement de bornes de recharge. Cette estimation n’a pas été confirmée par parking.brussels, qui n’a pas fourni de données de parts de marché.
Le groupe Arrive consolide globalement un marché disséminé. Aucun géant de la technologie ne s’intéresse à ces services qui passent souvent par des contrats de concession avec les localités. Certains acteurs industriels de taille s’y sont intéressés, comme BMW et Daimler, avec Park Now ou Schlumberger.
Cela a aidé un spécialiste du secteur, EasyPark Group, à croître. Il s’est rebaptisé Arrive cette année, car les acquisitions ont ajouté d’autres services proches comme le ticketing des transports en commun.
“Aider les villes à devenir plus vivables”
“Notre objectif est d’aider les villes à devenir plus vivables, avance Scott Booker. Nous avions cette approche depuis longtemps, mais nous l’avons élargie avec les acquisitions réalisées. Nous allons plus loin que le parking, avec les systèmes d’achat de titres de transport. Les villes peuvent être compliquées, congestionnées, nous proposons des outils pour améliorer le trafic, la mobilité.”
Les clients sont d’un côté les municipalités, les opérateurs de parking ou les sociétés de transport, et d’un autre, les personnes qui se déplacent, les automobilistes et les sociétés qui cherchent à faciliter la gestion de leurs flottes. “Nous avons 400.000 comptes d’entreprise, poursuit le general manager de l’activité parking d’Arrive. Pour une entreprise, c’est plus simple d’avoir une seule facture pour le stationnement de son personnel que des centaines de tickets.” Il mise aussi sur le confort d’une solution transfrontalière : l’application EasyPark permet de payer le stationnement dans plusieurs pays, “par exemple, quand vous allez en vacances”.
“Nous allons plus loin que le parking, avec les systèmes d’achat de titres de transport.” – Scott Booker (Arrive)
Le chiffre d’affaires devient substantiel. “Il devrait arriver à 850 millions d’euros cette année”, avance Scott Booker. Et les fusions permettent de rationaliser les coûts de développement. “Quand il y a une acquisition, nous avons plusieurs plateformes, nous souhaitons les unifier, c’est l’objectif.” Idem pour les applications. “Pour les marques, nous évaluons leur position localement pour voir si on les conserve ou pas. Nous visons à rendre les choses simples pour les utilisateurs.”
Unifier plateformes et applications
Devenir plus grand permet de financer des développements dans le paiement du stationnement embarqué. “C’est un petit marché, mais nous y croyons, il est en croissance. Les utilisateurs de voitures électriques utilisent la navigation de leurs voitures pour trouver des bornes et du stationnement. Nous pouvons proposer le paiement de ces services dans la voiture. Nous disposons de nombreuses données des parkings disponibles sur la voirie ou hors voirie.”
Arrive a signé des accords avec BMW, Volvo, Polestar, Renault. Et propose déjà, avec EasyPark, le service de paiement de stationnement en voirie sur Apple Car Play et Android Auto. L’application du smartphone s’affiche sur l’écran de l’infotainment de la plupart des voitures récentes.

L’épineuse question des commissions
Ces applis sont gratuites pour les utilisateurs, pas leur usage. Arrive et ses concurrents facturent des commissions. L’application 4411 et Yellowbrick ajoutent 35 cents par transaction, Seety, 25 cents. EasyPark encaisse 15% du montant, avec un minimum de 29 cents. Indigo Neo ne facture rien. Certains proposent des abonnements pour les utilisateurs intensifs : un forfait de 3,99 euros par mois pour EasyPark, 75 cents par semaine pour Yellowbrick.
“Globalement, cela reste intéressant pour les usagers car l’alternative – le paiement à l’horodateur – se paie par tranche d’une demi-heure. L’application, elle, facture à la minute”, note Pierre Vassart. Intéressant, à condition de ne pas oublier d’arrêter l’application à la fin de la période de stationnement…
La consolidation va-t-elle mener à appliquer une commission uniforme au sein des applications détenues par Arrive ? “Lorsqu’il s’agit des tarifs ou des commissions, ceux-ci sont souvent déterminés par les conditions locales, les intégrations techniques et les réglementations du marché, indique encore Scott Booker. Pour cette raison, les frais peuvent varier d’un marché ou d’une marque à l’autre, même via une plateforme commune.”
Dans la Région de Bruxelles-Capitale, les opérateurs fixent leurs tarifs en fonction des directives des responsables politiques. Les communes acceptent de plus en plus que plusieurs applications se fassent concurrence, chacune avec son modèle de commission. Parking.brussels envisage par ailleurs de lancer sa propre application.
Un horodateur sur deux déficitaire à Bruxelles
Le succès des applications rend les horodateurs moins utiles. Dans la capitale, la moitié de ces derniers sont déficitaires. “Le leasing d’un horodateur représente environ 2.600 euros par an”, explique Pierre Vassart. La tendance est donc à réduire le nombre de ces appareils. La commune bruxelloise de Forest a ainsi supprimé 74 appareils, “soit une économie de près de 200.000 euros”. Cela exige néanmoins d’installer des totems d’information pour que les automobilistes comprennent qu’ils sont dans une zone payante.
Le futur appartient-il aux rues sans horodateur et où les paiements passeront par des applications ? “Tout le monde n’a pas envie de payer avec une solution numérique, indique Scott Booker. Nous devons fournir un moyen de payer en liquide ou sans contact, avec une carte de banque. C’est comme cela que nous voyons les choses pour un bon moment.”
(*) Une fois acquise la participation dans Be-Mobile, Arrive absorbe l’activité 4411, les autres étant reprises par le management de Be-Mobile (analyse de données de trafic notamment).
Les grandes dates de la formation d’Arrive
• 1955 : Premiers parcmètres installés en Suède par la société Cale, qui fusionnera en 2018 avec Parkeon pour former le groupe Flowbird.
• 2001 : Création d’EasyPark (Suède), qui s’est développé en rachetant différents acteurs.
• 2021 : Acquisition de Park Now (BMW et Daimler) par EasyPark et de quelques autres acteurs de paiement de parking, dont RingGo (UK).
• 2025 : Acquisition de 92,7% de Be-Mobile (4411) à Proximus pour 170 millions d’euros, et de Parkopedia, qui vend des services d’information embarqués aux constructeurs de voitures, indique les stationnements disponibles (voirie et hors voirie), et permet de payer leur usage. Finalisation de l’acquisition de Flowbird (France), actif dans les applications de parking et la billettique pour les transports en commun.
• Juin 2025 : le groupe EasyPark devient le groupe Arrive.
Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.