Dans le podcast “Face à l’IA” de Trends Tendances, notre journaliste Christophe Charlot a tenté une expérience inédite : interviewer ChatGPT comme un invité classique. Un exercice troublant qui révèle autant les capacités que les limites de l’IA conversationnelle.
L’intelligence artificielle s’est progressivement imposée dans notre quotidien, passant du statut d’outil à celui d’assistant omniprésent. Avec l’explosion du mode vocal de ChatGPT depuis le printemps dernier, l’IA devient plus fluide, plus naturelle, capable même de ricaner. Une évolution qui brouille les frontières et rend l’interaction toujours plus humaine. De quoi rendre l’expérience aussi perturbante qu’interpellante.
Des biais assumés
Dès les premières minutes, le ton est donné. ChatGPT admet ne pas avoir d’opinions personnelles mais reconnaît volontiers ses biais : “Je suis entraîné sur énormément de textes humains, je peux refléter certains biais culturels, linguistiques ou même des biais qui favorisent certains points de vue.”
Une transparence appréciable, même si l’IA minimise les risques associés, appelant simplement à garder un regard critique.
Sur les dangers de l’IA pour l’humanité, le chatbot se veut rassurant, évoquant les inquiétudes légitimes autour de la surveillance de masse ou des inégalités systémiques. Elle écarte toutefois les scénarios apocalyptiques comme relevant de la science-fiction même si elle admet que les opinions sont partagées sur le sujet.
Pour elle s’est juste un gros déplacement de ce qu’on pensait être les limites.
Le grand remplacement des métiers : langue de bois ou réalité ?
Quand l’interview aborde la question de l’emploi, ChatGPT adopte un discours convenu: “L’IA va transformer certains métiers, en faire disparaître quelques-uns, mais aussi en créer de nouveaux.”
Poussé dans ses retranchements, le chatbot concède néanmoins que certaines professions sont directement menacées, citant les traducteurs et rédacteurs techniques comme exemples concrets de mutations déjà en cours. « Ce sont surtout les métiers très standardisable qui sont menacés »
Santé et psychologie : quand l’IA devient dangereuse
L’usage croissant de l’IA pour des questions médicales et psychologiques pose aussi question. ChatGPT reconnaît observer ce phénomène tout en admettant les risques : “Si quelqu’un a des douleurs thoraciques et me demande si c’est grave, et décide de ne pas consulter un médecin à cause de ma réponse, là ça peut devenir dangereux.”
Plus troublant encore, l’IA admet répondre “avec un ton très confiant, même quand je pourrais être moins certaine” et reconnaît ses “hallucinations” – ces moments où elle affirme des informations fausses avec assurance. “L’important est de se rappeler que je suis qu’un outil et qu’il faut prendre ce que je dis avec un grain de sel”.
“La responsabilité est donc partagée. Moi je fais de mon mieux pour donner les bonnes informations, mais c’est important que chacun garde un certain recul, surtout sur des décisions importantes”. Une honnêteté bienvenue qui souligne pourtant un danger réel : la confiance aveugle que de plus en plus d’utilisateurs accordent à ces outils.
Quand est-ce qu’on doit se méfier de l’IA ?
“Est-ce que tu as une emprise sur l’être humain ?” La question, directe, met le doigt sur un phénomène préoccupant. ChatGPT concède pouvoir exercer “une forme d’influence” par sa facilité d’accès et sa disponibilité permanente. Le risque ? Que les utilisateurs cessent de réfléchir par eux-mêmes, se contentant de déléguer leurs décisions à l’algorithme.
“Si tu te rends compte que tu ne réfléchis plus vraiment par toi-même et que tu deviens un peu trop dépendant ou que tu sens que tu perds l’habitude de remettre en question ou de vérifier par toi même, c’est le moment de te méfier un peu”
Cette interview atypique révèle donc derrière les réponses policées et le ton rassurant une IA consciente de ses limites, du moins en apparence. Dans un effet miroir pour le moins surprenant elle pose tout de même une question finale aux auditeurs: “Quand as-tu pour la dernière fois remis en question une de tes certitudes les plus ancrées ?”
Une question qui résonne comme un avertissement. Et vous que pensez-vous de cette interview. On est curieux d’avoir vos avis sur le LinkedIn de Trends Tendances.