L’internet par satellite peut-il s’imposer?
Starlink, l’ambitieuse société d’Elon Musk, vient de passer le cap des 100.000 clients dans le monde. La Belgique fait partie des premiers pays où ce service est disponible.
Le déploiement des services de Starlink progresse rapidement. Plus de 100.000 nouveaux clients ont souscrit un abonnement à l’internet satellitaire déployé par SpaceX, la société spatiale d’Elon Musk. Pour l’instant, à peine 14 pays dans le monde sont concernés. Un chiffre qui, depuis peu, comprend la Belgique, du moins partiellement. Si vous êtes, par exemple, du côté d’Eghezée ou de Sainte-Ode, vous pouvez être raccordé à Starlink. Dans des zones plus urbaines comme Bruxelles ou Charleroi, il faudra attendre la fin de l’année.
L’idée d’Elon Musk est de proposer une connexion internet dans le monde entier, grâce à un réseau dense de petits satellites volant en orbite basse. Vous les avez peut-être déjà vus dans le ciel ou en photo: ils ressemblent à des étoiles alignées en file indienne. Près de 2.000 satellites ont déjà été lancés. Mais SpaceX pourrait en envoyer jusqu’à 42.000 autour de la Terre, afin de couvrir les moindres recoins du globe.
Starlink se destine prioritairement aux personnes vivant ou travaillant dans des zones reculées, peu connectées. C’est la première incongruité de ce déploiement en Belgique. Notre pays bénéficie d’une infrastructure bien fournie, développée par les câblo-opérateurs (Telenet, Voo) d’une part, et par Proximus d’autre part. Les zones blanches, où la connectivité est défaillante, sont des confettis sur notre territoire. D’après les derniers chiffres de l’IBPT (le régulateur du secteur des télécoms), 99,1% des ménages ont accès à une connexion affichant une vitesse d’au moins 30 Mbps. Fin 2020, à peine 46.000 ménages belges étaient situés dans une zone blanche.
Public restreint
Le public cible pour Starlink en Belgique est donc relativement restreint. Il l’est d’autant plus que les services de l’entreprise américaine sont loin d’être gratuits. Comptez 558 euros pour l’installation, puis 99 euros par mois… pour une simple connexion internet (vitesse promise: entre 50 et 150 Mbps). Pas de quoi faire trembler Proximus, Telenet, Voo ni Orange, qui proposent des offres packagées (TV comprise) à des prix bien plus intéressants.
Dernière épine dans le pied de Starlink: la technologie elle-même. L’internet satellitaire, ce n’est pas nouveau. Et en Belgique, ça n’a jamais marché. Mobistar (aujour-d’hui Orange) en a fait l’amère expérience il y a quelques années avec son offre par satellite qui s’est clôturée par un flop retentissant. Le client Starlink doit le savoir: son “kit de connexion” est constitué d’un routeur wifi, mais surtout d’une antenne parabolique et d’un trépied, à orienter correctement pour recevoir le signal. Pour des raisons tant pratiques qu’esthétiques, cela décourage pas mal de monde.
Si Starlink aura probablement du mal à percer en Belgique, l’offre pourrait néanmoins rencontrer le succès grâce à son déploiement mondial, qui couvrira des zones plus propices à ce service. Chez Morgan Stanley, on y croit: d’après une étude récente de la banque d’affaires, la valorisation de SpaceX pourrait dépasser les 100 milliards de dollars, grâce précisément à l’ambitieux projet Starlink, qui vaudrait à lui seul 82 milliards. D’ici 2040, la banque estime que Starlink pourrait attirer 364 millions de clients.
Gilles Quoistiaux
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