Marc Buelens
“Les post-millennials arrivent : qui sont-ils ?”
Qui sont-ils, les post-millennials ? Qu’est-ce qui les motive ? Que cherchent-ils ? Marc Buelens, professeur émérite à la Vlerick Business School, l’explique.
Au plus les consultants nous alertent de la nature guère prévisible du futur, et ce depuis bien longtemps, au plus ils entreprennent d’études qui le font tout de même. Qui seront vos futurs employés ? Qui sont-ils, les post-millennials ? Qu’est-ce qui les motive ? Que cherchent-ils ?
Le bureau d’étude de marché The Source de Saatchi M & C a interrogé, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Allemagne, la génération Z. Ces personnes, qui sont nées au cours de ce début de siècle, envahiront nos bureaux et nos usines dans quelques années. Erreur: elles travailleront de la maison. Dans les usines, seuls des robots, ou presque, travailleront encore. En outre, occuperont-il vraiment les postes de travail que vous leur proposerez ?
Évitement des risques
Ils ont perçu la perte de confiance soudaine de leurs parents envers les banques, assisté à la fonte des calottes glaciaires, la ruée des réfugiés vers nos pays, l’impuissance des femmes et hommes politiques, la montée toujours plus violente du terrorisme et de la terreur et, depuis quelques temps, les rumeurs d’une éventuelle guerre nucléaire parviennent à leurs oreilles. A seize ans, on prend volontiers des risques insensés. La partie de notre cerveau qui nous raisonne n’est pas encore suffisamment développée. Mais la nouvelle génération se comporte comme si celle-ci était bel et bien correctement développée, et elle agit avec prudence. La génération Z désire éviter les risques à tout prix. Le monde est déjà suffisamment dangereux comme ça. Ils boivent moins, ils consomment moins de drogues. Ils avalent par contre de la ritaline. D’où, selon Saatchi M & C, les trois ‘r’ pour qualifier cette génération: “risque, réalisme et ritaline”. Cette dernière ne devrait pas nous étonner. Si vous donnez cette drogue à des enfants d’école primaire dans le but de les maintenir gérables, vous constaterez plus tard qu’ils ne peuvent plus faire sans.
Ils se focalisent sur le plus probable et le plus accessible. Ce sont de jeunes réalistes. Ils savent dès à présent qu’ils devront travailler dur et longtemps et que les vacances trois fois par an, ce ne sera pas pour eux. S’ils trouvent seulement du travail. Car la sécurité de l’inflation faible et du chômage faible est une sécurité temporaire. Qu’adviendra-t’il de l’économie si cette stabilité disparaît également ? Les salaires sont déjà relativement bas aujourd’hui.
La grande majorité d’entre eux pensent qu’ils n’auront pas une meilleure vie que leurs parents. Ils devront travailler plus longtemps, plus dur et dans une plus grande insécurité. La génération Z est anxieuse. La sécurité de base sur le thème “nous n’avons jamais vécu aussi bien et demain sera encore mieux” n’existe plus depuis déjà bien longtemps. Dans une large mesure, cela les rend frileux face aux risques. Ils commencent tôt à épargner pour leur pension.
Ils arrivent: les post-millennials
Ils essaient de survivre dans un monde à grande échelle, incertain, complexe, volatile, ambigu, en maintenant les choses petites et simples. L’idéal est à nouveau la maisonnette avec son petit jardin. Pas trop grande, en outre, car ils devront l’entretenir eux-mêmes. La petite taille est un atout. Car elle leur permet de construire de la sécurité. Dans leur propre petite maison et peut-être sans voiture.
Dirigeants de demain
Quelles sont les caractéristiques de base de ces dirigeants du futur ? Mal informés, anxieux, réticents aux risques et pas disposés à rêver grand. Pas précisément un modèle d’où jailliront des entrepreneurs.
Saatchi est un bureau marketing, qui se demande bien sûr comment atteindre ce groupe cible. Certainement pas en associant des produits à de vagues promesses idéalistes. Maintenez vos promesses petites et votre performance élevée.
Concernant l’économie, on ne peut qu’espérer que cette génération ne se comportera pas de la sorte quand elle participera entièrement à celle-ci. Les personnes issues d’une telle génération ne contracteront pas de crédits hypothécaires audacieux, ne fonderont assurément pas leur propre société, n’achèteront pas à crédit. Des chiffres sur la participation aux élections, il ressort que la jeunesse abandonne massivement. Se pourrait-il qu’elle considère la politique comme ‘la poursuite de grands rêves’ ou ‘une arnaque’ et non pas comme ‘la réalisation, ensemble, d’un grand projet commun’ ?
Le rapport décrit la génération Z comme économe, pragmatique et méfiante. Elle risque d’être très repliée sur elle-même. Car il y a toujours quelqu’un prêt à vous voler le pain de la bouche.
Cette génération a également appris que le passé n’est pas un bon guide. Rationalité, croissance économique, démocratie garante de l’élection d’hommes et de femmes qui servent le peuple. De moins en moins de gens croient en ce genre d’histoires. Croyez-vous, vous qui n’appartenez probablement pas à la génération post-millennial, en ce type d’études alarmistes ?
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