“La période de vache grasse n’est plus possible” : la récession des résultats des entreprises européennes arrive
Après deux années de bénéfices records, les entreprises européennes, qui se préparent à publier leurs résultats du deuxième trimestre, sont confrontées à l’épreuve du ralentissement de l’économie.
“Les résultats (fin juillet) seront moins bons qu’au deuxième trimestre de l’année dernière, on attend un repli tant des chiffres d’affaires que des bénéfices”, estime Alexandre Baradez, analyste de la société de courtage IG France.
L’ambiance était encore à la fête à l’issue du premier trimestre, “les entreprises affichaient alors un début d’année sympathique”, souligne-t-il.
Les données contribuaient alors à pousser les entreprises: de premiers signes de reprise économique en Chine apparaissaient, les prix de l’énergie étaient largement retombés et les croissances des économies de la zone euro étaient révisées en hausse.
Les actions ont alors suivi, l’indice paneuropéen Stoxx 600 a, par exemple, gagné plus de 8% depuis le 1er janvier, malgré les efforts des banques centrales pour ralentir l’économie afin de faire redescendre l’inflation.
Un ciel assombri
C’est ainsi un paysage plutôt réjouissant qui a servi de base pour les projections des entreprises – les “guidances” dans le jargon financier – au début de l’année.
Toutefois, tout au long du deuxième trimestre, les analystes ont dégradé les anticipations de bénéfice par action, le ciel s’étant assombri sur le plan macro-économique.
A l’issue du premier semestre, la croissance de la Chine reprend plus lentement qu’espéré et des mesures de soutien du gouvernement chinois se font toujours attendre.
L’inflation ralentit en Europe et aux Etats-Unis, mais si l’on exclut les prix de l’énergie, elle persiste, poussant les banques centrales à maintenir des politiques monétaires restrictives plus longtemps qu’espéré.
Par ailleurs, la consommation s’essouffle globalement en Europe depuis le début de l’année.
Signe de cet affaiblissement, “les entreprises ont moins accentué la pression sur les prix ces derniers mois, ce qui montre que le consommateur ne peut plus suivre”, explique Alexandre Baradez.
Certes, le marché de l’emploi reste solide et “le consommateur n’est pas non plus épuisé, mais la période de vache grasse n’est plus possible”, ajoute l’analyste d’IG France.
“Une économie à deux vitesses”
“On est face à une économie à deux vitesses et il est très difficile cette année d’établir des estimations”, explique Oliver Collin, gérant actions européennes chez Invesco.
A l’heure des comptes semestriels, certains secteurs devraient s’en sortir mieux que d’autres, les services mieux que l’industrie par exemple.
Sur l’indice boursier européen Stoxx 600, où les bénéfices cumulés des entreprises sont en baisse de 6% sur l’ensemble de l’année hors secteur financier, les plus grosses baisses sont attendues du côté du secteur de l’énergie.
Dans ce dernier domaine, la chute s’annonce sévère. “Sur le marché américain, les analystes estiment que le secteur (énergétique) marquera un repli de 47-48% et on aura les mêmes dynamiques en Europe”, selon Alexandre Baradez, alors même que ce secteur représente “4 à 5% de l’indice européen”.
Mais au-delà des simples résultats à venir, “on se demande de quelle façon les entreprises vont se projeter sur le reste de l’année”, ajoute l’analyste.
Sur l’ensemble de l’année, prévoit Oliver Collin, “les bénéfices en Europe oscilleront entre l’équilibre et le léger recul”, et on ne s’attend pas à ce que le cru de 2023 surpasse celui de 2022.