La croissance du dividende pour mieux résister à la volatilité
Lamont (BlackRock) souligne que le rendement sera recherché dans un environnement de croissance plus faible.
Nous avons récemment eu l’occasion de rencontrer James Lamont, managing director chez BlackRock, afin qu’il nous explique les attentes du premier gestionnaire d’actifs mondial au niveau macroéconomique ainsi que les perspectives du fonds BlackRock BGF Global Equity Income qui, à l’heure actuelle, offre un positionnement relativement défensif sur le marché.
TRENDS-TENDANCES. L’économie mondiale va-t-elle vraiment mieux ?
JAMES LAMONT. Même dans un environnement structurellement moins favorable, il y aura des phases dynamiques qui se traduiront pas une progression plus rapide des résultats pour les entreprises. Nous sommes toutefois convaincus depuis longtemps que la croissance économique future va être structurellement plus faible que par le passé, en raison des contraintes démographiques (vieillissement de la population) et de la baisse de la productivité. Dans le même temps, les performances boursières de ces dernières années n’ont pas encore reflété ces craintes. Pour les prochains mois, je m’attends à ce que les politiques monétaires moins accommodantes influencent fortement la tendance sur les marchés financiers. Il sera selon nous plus difficile d’obtenir des rendements élevés dans un contexte de normalisation des politiques monétaires.
Quelles sont vos principales inquiétudes ?
Les marchés ont démontré une capacité à ignorer les événements géopolitiques défavorables durant les 18 derniers mois. Il y a toutefois encore de nombreuses échéances qui pourraient venir provoquer de la volatilité, et nous pensons que les marchés risquent désormais d’y prêter davantage attention. Par exemple, un risque potentiel pourrait découler d’initiatives qui s’opposent à la libéralisation des échanges commerciaux, après 40 années d’ouverture.
Quelle est la stratégie que vous privilégiez pour 2018 ?
Les actions restent la classe d’actifs qui rémunère encore correctement les investisseurs pour les risques qu’ils prennent, et les valorisations nous semblent encore attractives par rapport aux autres grandes classes d’actifs. La correction de ces derniers jours répond aux craintes que les investisseurs peuvent nourrir par rapport à l’évolution future des taux d’intérêt et à la politique qui sera menée au niveau des banques centrales. Les fondamentaux restent toutefois sains pour les marchés boursiers, même si nous pensons peu probable de voir l’indice S&P500 répéter sa progression (+ 15%) de 2017, et nous tablons pour l’heure sur des rendements à un chiffre sur les marchés développés tels que les Etats-Unis.
Quelles sont les valeurs que vous privilégiez au niveau du fonds BlackRock Global Equity Income ?
Nous visons des grandes capitalisations de qualité (capacité de fixer les prix, visibilité des résultats futurs, flux de trésorerie élevés) qui affichent un dividende et une croissance du dividende supérieurs au marché, et qui sont en mesure d’investir pour leur croissance tout en se montrant généreux avec leurs actionnaires. La capacité de fixation des prix sera une caractéristique essentielle dans le futur, dans un environnement inflationniste où il sera important de faire rapidement passer aux consommateurs les hausses des coûts opérationnels.
Et au niveau sectoriel ?
Cette méthode va entraîner une exposition sectorielle qui sera fortement différente du reste du marché, avec des proportions importantes investies sur une sélection de producteurs de biens de consommation courante (BAT, Altria), sur les grandes valeurs diversifiées en soins de santé (Johnson & Johnson, Sanofi), sur les valeurs bancaires régionales américaines ou sur les valeurs industrielles de qualité. De manière peu caractéristique pour un fonds investissant dans des actions de rendement, nous ne sommes pas exposés sur les utilities, sur l’immobilier ou sur le pétrole.
Comment se comporte cette stratégie dans les moments plus volatils ?
Cette philosophie permet de mieux résister lors des phases volatiles et de limiter les pertes, tout en capturant la majeure partie de la performance durant les mouvements de hausses. Typiquement, il aura tendance à à surperformer lors de périodes de tension sur les marchés. Et dans un contexte où les performances boursières devraient être inférieures aux niveaux réalisés par le passé, cette stratégie devrait continuer à bien se comporter. En évitant de perdre autant que les autres en cas de ralentissement du marché, nous n’avons pas besoin de performance extraordinaire en période de marché fort pour dégager une performance attractive sur le long terme. Nous n’investissons jamais pour le court terme, mais avec un horizon de trois à cinq ans.
Robeco a lancé un nouveau fonds sur le marché belge, sur une thématique originale qui vise à s’exposer sur une soixantaine de valeurs fintechs. ” C’est une thématique de long terme, qui devrait rester valide pour les 10 prochaines années “, souligne Patrick Lemmens, cogestionnaire du fonds. En outre, nous disposons déjà d’un univers d’investissement qui comprend environ 200 sociétés avec une bonne liquidité. ”
Jeroen van Oerle souligne pour sa part que la stratégie d’investissement se base sur plusieurs principes. ” Nous sommes convaincus que le système financier va continuer à évoluer du cash vers les transactions par cartes ou par Internet, notamment dans certains pays européens (Allemagne, Italie), mais surtout dans les pays émergents ou la suppression des transactions physiques est encore plus rapide, estime-t-il. L’Asie devrait à terme devenir le centre mondial du secteur fintech, notamment parce qu’il n’y a pas de lourds réseaux bancaires dans ces pays et que les clients seront plus rapides pour changer leurs habitudes. ” A ce titre, il souligne que les investissements les plus importants à destination du secteur fintech proviennent aujourd’hui de la Chine, notamment sous l’impulsion de géants comme Alibaba ou Tencent. ” Les plateformes chinoises débarqueront un jour ou l’autre dans le monde financier occidental “, prévoit-il.
Patrick Lemmens apprécie également les perspectives des sociétés (par exemple dans la microfinance) qui fourniront des services financiers aux clients qui sont aujourd’hui délaissés par les banques traditionnelles. ” C’est le cas dans les pays émergents, mais également aux Etats-Unis où pas moins de 20 % des clients ne sont pas servi correctement dans le réseau bancaires “, affirme l’expert. Les deux gestionnaires estiment également que le succès pour de nombreuses fintechs passera par une coopération plus étroite avec les banques traditionnelles. ” Le coût pour acquérir de nouveaux consommateurs (entre 500 et 1.000 euros) est beaucoup trop élevé pour que ces sociétés puissent s’en sortir seules “, et de souligner que de nombreuses acquisitions sont en cours ces dernières semaines dans le secteur.
Le fonds est exposé sur trois groupes de sociétés qui sont relativement peu corrélés entre eux : des groupes bien établis et prévisibles comme Visa ou MasterCard (40 % des actifs sous gestion), des challengers à forte croissance comme PayPal (25%) et des fournisseurs de logiciels (35%) qui procurent de la stabilité au portefeuille. ” Nous n’investissons que sur des sociétés qui ont déjà fait leurs preuves et qui sont rentables “, indique encore Jeroen van Oerle.
Fonds 2018
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