L. Louyet, ou la transmission familiale
Actif depuis 1959 en Wallonie, le concessionnaire carolorégien BMW L. Louyet déploie maintenant ses ailes au nord du pays où il a acquis début de cette année la société familiale Vandeperre à Leeuw-Saint-Pierre.
Les entreprises familiales présentent quelques caractéristiques qui les distinguent des autres. L’une est sans conteste le temps. Elles s’inscrivent clairement dans la durée avec un horizon qui dépasse le trimestre des sociétés cotées. La preuve nous en est fournie avec une alerte sexagénaire carolorégienne : L. Louyet. Cette société est, il est vrai, active dans un secteur où la fidélité n’est pas un vain mot. Une fois que l’on s’associe à une marque automobile, on ne la quitte généralement jamais. Pour L. Louyet, c’est avec le constructeur allemand BMW que la route a été empruntée il y a 60 ans. C’est en effet en 1959 que Léon Louyet, le grand-père de l’actuel administrateur délégué, Laurent, se lance dans l’aventure à Charleroi. “C’était un ancien coureur cycliste professionnel qui a notamment participé dans les années 1930 au Tour de France où il a remporté deux étapes, rappelle le CEO. Dès l’origine, son garage a été associé à BMW.”
Trois générations
Léon Louyet décède en 1973 et son épouse, Emma, reprend les rênes de la petite entreprise alors nichée au centre de la ville. L’année suivante, elle s’implante en périphérie proche, à la rue de Mons, où elle est toujours située aujourd’hui. En 1980, la deuxième génération prend le relais avec le père de Laurent, également prénommé Léon.
Il continuera à développer la société familiale durant trois décennies. L’année 1983 marque une étape importante avec la construction d’une nouvelle concession en face de l’ancienne. Ce court déménagement dans un espace plus grand permettra la création d’un département occasions ainsi que l’extension des ateliers de mécanique et de carrosserie.
En 2007, une première succursale est ouverte en province de Namur à Sambreville, à une vingtaine de kilomètres du siège social. Au début des années 2000, Laurent Louyet rejoint ses parents et intègre à son tour l’entreprise. Un choix évident, à ses yeux. “J’ai baigné toute mon enfance dans l’ambiance du garage et je n’ai jamais imaginé travailler ailleurs.” Il y apprendra le métier aux côtés de ses parents auxquels il succède en 2013.
Sous sa houlette, L. Louyet s’étoffe et se développe encore, dans un secteur qui a connu ces dernières années une reconfiguration complète. L’époque des petits garages est en effet révolue et les concessions familiales doivent désormais choisir entre l’absorption par une société plus grande ou un groupe, souvent international, ou la croissance pour atteindre la taille critique sur le marché. L. Louyet a opté pour la croissance. Avec succès.
Forte progression
La forte progression qu’a enregistrée la société carolorégienne a été récompensée l’année dernière par un titre d’ambassadrice Gazelle pour les grandes entreprises du Hainaut, décerné par Trends-Tendances. Il est vrai que L. Louyet a donné un sérieux coup d’accélérateur pour doper une croissance tant organique qu’externe. Elle a étendu sa présence dans le Hainaut par étapes. D’abord avec la reprise de la concession JLD Motor à La Louvière en 2013, suivie de celle de la concession A2 Motor à Marcinelle (motos) en 2014 et de Novauto Mons en 2015. Aujourd’hui, le groupe Louyet compte en Wallonie cinq concessions, cinq ateliers et deux carrosseries, auxquels il faut ajouter depuis janvier une concession en Flandre.
Ces cinq dernières années, le chiffre d’affaires du groupe, qui compte quelque 190 collaborateurs en Wallonie, a doublé passant de 44,9 millions d’euros en 2013 à 87,8 millions en 2017.
“C’est grâce à l’ensemble de nos salariés que nous avons grandi ces dernières années, poursuit Laurent Louyet. Ce succès est le résultat du travail et de la compétence de nos équipes. Nous sommes une société familiale et le management est très proche des collaborateurs. Je connais personnellement chacun de nos employés et je les rencontre au moins une fois durant la semaine.” Une réussite qu’il attribue également à BMW, marque très prisée en Belgique et figurant depuis des années dans le top 5 des immatriculations. En 2018, pas moins de 40.000 exemplaires neufs ont encore été vendus en 2018. Seuls Volkswagen, Renault et Peugeot ont fait mieux.
Un premier pas en Flandre
“C’est également et clairement l’une des clés de notre progression, poursuit l’administrateur délégué. La gamme s’est fortement étoffée et s’adresse à une clientèle large tant pour les particuliers que pour les sociétés. Par ailleurs, BMW a toujours été en pointe par rapport aux normes anti-pollution et à la réduction d’émissions de CO2. Enfin, le segment premium est en croissance, et nous en profitons.”
Outre la réputation de la marque, L. Louyet s’appuie également sur la sienne. C’est une autre caractéristique des sociétés familiales : elles portent souvent le nom de leur fondateur. Ce qui, inconsciemment, instaure au fil du temps une relation de confiance entre la société, ses fournisseurs et ses clients. “C’est pourquoi, nous avons conservé le nom de Vandeperre après avoir acquise la société, souligne Laurent Louyet. Le nom est très important et parle aux clients de la concession. Vandeperre est une société 100% familiale comparable qui emploie 65 personnes et qui a rejoint le groupe Louyet en janvier. Ce qui m’a plu chez Vandeperre, c’est qu’elle partage des valeurs familiales similaires aux nôtres. Pour nous, cette intégration a réellement du sens.”
Basée aux portes de Bruxelles, à Leeuw-Saint-Pierre, Vandeperre est une concession BMW et Mini qui va également permettre au groupe Louyet de consolider et optimiser ses activités. “L’expérience et l’expertise acquises dans nos concessions au nord et au sud du pays permettront de renforcer encore la qualité de nos services. La gestion sera assurée par Kevin Borremans qui est déjà actif chez Vandeperre depuis trois ans et est un visage bien connu des clients de la concession.”
Groupe familial
Désormais, L. Louyet a acquis une autre dimension. L’entreprise se positionne comme un véritable groupe. “Dans notre optique de croissance, il était logique de nous tourner vers la Flandre et Bruxelles d’autant que cela va nous permettre de développer plus fortement notre activité dans le fleet, explique Laurent Louyet. En grandissant, nous sommes fatalement amenés à nous structurer autrement afin de pouvoir répondre aux nouveaux défis, notamment en ce qui concerne l’environnement. Avec cette reprise, nous intégrons également de nouveaux collaborateurs et disposons de davantage de spécialistes.” Tout en conservant le caractère familial auquel tient particulièrement son dirigeant.
“Notre métier change fortement, enchaîne-t-il. Nous devons être plus réactifs que par le passé et nous adapter rapidement à l’évolution du marché et des nouvelles tendances. Avec BMW, nous avons la chance d’être présents sur tous les marchés : diesel, essence, hybride et électrique. Nous proposons aussi bien des modèles sportifs que des véhicules full électrique, sans oublier les motos. Le monde de l’automobile bouge fortement à tous les niveaux. Que ce soit la vente, la technologie ou encore la fiscalité. Sans oublier les attentes de la clientèle. Ainsi, par exemple, nos vendeurs deviennent de plus en plus des conseillers en mobilité.”
A l’instar de n’importe quel secteur, l’automobile est par ailleurs également concernée par la transition numérique. Dans ce cadre, un groupe de 250 personnes dispose de davantage de moyens et de ressources pour passer ce cap digital. “Il est clair que face à l’évolution du secteur, une concession seule a beaucoup de difficultés à assurer cette transition”, ajoute-t-il.
L comme Louyet
A l’instar de leur père jadis, les enfants de Laurent Louyet, Louis et Lola, jouent régulièrement dans les grands espaces qu’offre la concession de Charleroi. Qui sait, un jour peut-être intégreront-ils aussi le groupe ? La soeur de Laurent, Valérie, y travaille d’ailleurs également. Elle est en charge de l’administration et du marketing. Ils rejoindraient d’autant plus facilement la société familiale que tous deux portent un prénom commençant par la lettre L, comme leurs arrière-grand-père, grand-père et père… Une anecdote qui souligne l’importance pour toute entreprise familiale de l’histoire et de la transmission de celle-ci aux futures générations. Aux dirigeants actuels et futurs de L. Louyet de perpétuer cet esprit avec un groupe qui offre encore de belles perspectives de croissance.
60 ans d’histoire
1959. Création du garage par Léon Louyet, un ancien coureur cycliste.
1973. Décès de Léon. Son épouse, Emma, gère la succession.
1980. Portant le même prénom que son père, le fils de Léon reprend l’entreprise.
2007. Ouverture d’une première succursale, à Sambreville. Le groupe en compte aujourd’hui six.
2013. Petit-fils du fondateur, Laurent prend à son tour la tête de l’entreprise.
2019. Premiers pas en Flandre avec l’acquisition de la société Vandeperre à Leeuw-Saint-Pierre.
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