Xi, Poutine et Kim Jong Un réunis : une image forte face aux États-Unis

Illustration. Vladminir Poutine et Kim Jong Un le 19 juin 2024. Gavriil Grigorov / POOL / AFP

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un fait route mardi vers Pékin à bord de son train blindé pour assister mercredi à un défilé militaire géant, où sa présence aux côtés des présidents chinois et russe s’annonce historique.

Kim Jong Un, parti lundi de Pyongyang, a franchi la frontière dans la nuit de lundi à mardi en vue de la parade qui marquera mercredi matin les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, a rapporté l’agence sud-coréenne Yonhap, citant les médias d’État nord-coréens.

Il pourrait arriver mardi après-midi à Pékin au terme d’un trajet de 1.300 kilomètres, soit presque une journée. Son arrivée devrait rester entourée du plus grand secret, comme une grande partie de ses activités.

L’agence nord-coréenne KCNA a publié des photos de Kim Jong Un fumant une cigarette sur le quai avant d’embarquer à bord du train vert olive à liseré or. Un autre cliché le montre tout sourire, assis avec des collaborateurs à une table de travail devant le drapeau national, dans un compartiment à boiseries.

Kim Jong Un fait partie des 26 chefs d’État et de gouvernement du monde entier invités à l’événement monumental prévu autour du président Xi Jinping. Le président russe Vladimir Poutine y assistera également.

Un moment hautement symbolique

La mise en scène protocolaire est gardée secrète. Le renseignement sud-coréen s’attend à ce que M. Kim reçoive un « traitement exceptionnel » et à ce qu’il soit placé aux côtés des présidents chinois et russe, a indiqué un député sud-coréen à sa sortie d’un briefing. Les spéculations vont bon train sur une possible rencontre trilatérale entre Kim, Xi et Poutine.

À elle seule, l’apparition de Kim Jong Un en public parmi de nombreux dirigeants étrangers lors du défilé, voire de la réception qui suivra, serait inédite.

Avec cette image, la Chine frapperait un grand coup dans un contexte de rivalité exacerbée avec les États-Unis. Le défilé parachèvera une séquence où Pékin s’est employé à démontrer son influence diplomatique et sa puissance militaire.

La sécurité à Pékin a été considérablement renforcée. Des soldats ont pris position sur les ponts et aux coins des rues, tandis que des kilomètres de barrières métalliques ont été prépositionnés le long des avenues. Les Pékinois s’interrogent sur leurs déplacements mercredi, nombre de quartiers devant être interdits à la circulation.

Depuis son accession au pouvoir dans un pays reclus et soumis à de lourdes sanctions internationales, Kim Jong Un n’en est qu’à son onzième déplacement à l’étranger. Il s’était déjà rendu quatre fois en Chine.

Une alliance face à l’Occident

« Cette visite montre que la Corée du Nord est acceptée en tant que membre d’un groupe de nations dirigé par la Chine, qui inclut également la Russie. Elle montre que la Chine tolère — sans pour autant s’en réjouir — les relations actuelles entre la Corée du Nord et la Russie », estime Christopher Green, spécialiste de la péninsule coréenne à l’International Crisis Group.

Les trois pays partagent des relations étroites remontant à la guerre froide. La Corée du Nord est devenue l’un des alliés de la Russie dans la guerre en Ukraine, lui envoyant des milliers de soldats et des armes.

Environ 2.000 soldats nord-coréens auraient été tués dans le conflit, selon le député sud-coréen Lee Seong-kweun citant le renseignement national.

De leur côté, MM. Xi et Poutine ont affiché leur entente au début de leurs entretiens à Pékin. Le président russe, arrivé dimanche, a évoqué des relations à un « niveau sans précédent ». Son homologue chinois a salué une relation de « collaboration stratégique complète ».

Les deux pays se trouvent engagés dans une épreuve de force avec l’Occident et les États-Unis.

M. Poutine, malgré sa rencontre avec Donald Trump en Alaska le 15 août, n’a donné aucun signe au cours de son séjour chinois de vouloir céder aux pressions américaines concernant la guerre en Ukraine.

La Chine et les États-Unis, de leur côté, se sont livrés début 2025 à une surenchère de droits de douane réciproques avant de convenir d’une trêve pour l’instant temporaire. Quant aux relations de la Russie et de la Chine avec les Européens, elles demeurent également tendues.

Expertise Partenaire