Xi et Poutine renforcent leur alliance face à l’”hégémonisme” occidental

Xi et Poutine.
Xi et Poutine, une proximité affichée. © Getty Images

À Tianjin, Xi Jinping a ouvert le plus grand sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai depuis sa création en 2001. Entouré de Vladimir Poutine, Narendra Modi et Recep Tayyip Erdogan, le président chinois a dénoncé l’« hégémonisme » et les « pratiques d’intimidation », tout en annonçant la création d’une banque de développement de l’OCS.

Le président chinois Xi Jinping a fustigé lundi une « mentalité de guerre froide » et les « actes d’intimidation », lors de l’ouverture d’un sommet réunissant une vingtaine de dirigeants eurasiatiques à Tianjin, dans le nord de la Chine.

Présentant l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) comme un modèle de multilatéralisme, Xi a défendu un ordre mondial « fondé sur la justice » à un moment où le globe traverse, selon lui, une période de « turbulences et de transformation ».

La photo de groupe rassemblait, aux côtés de Xi Jinping et Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président turc Recep Tayyip Erdogan, l’Iranien Massoud Pezeshkian, le Biélorusse Alexandre Loukachenko ou encore le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif. Avec ses dix membres permanents et ses pays partenaires, l’OCS représente près de la moitié de la population mondiale et environ 23,5 % du PIB global.

A LIRE: Xi Jinping et Vladimir Poutine, une amitié de dix ans

Pékin se pose en force de stabilité

Selon CNN, Xi Jinping a cherché à présenter la Chine comme une force de stabilité économique mondiale, face à une Amérique repliée sur elle-même sous l’impulsion de Donald Trump. Celui-ci mène une guerre tarifaire à l’échelle planétaire et a fortement réduit l’aide internationale dans le cadre de sa politique « America First ».

Le dirigeant chinois a exhorté les États à exploiter la puissance de leurs « méga-marchés » et leur complémentarité économique pour accroître les échanges commerciaux et les investissements. Dans ce contexte, il a promis 2 milliards de yuans (280 millions de dollars) de subventions aux pays de l’OCS cette année, et annoncé la création d’une banque de développement de l’organisation afin de renforcer la coopération économique et sécuritaire.

Sans citer directement les États-Unis, Xi a dénoncé « l’hégémonisme », la « mentalité de guerre froide » et les « pratiques d’intimidation », des expressions qu’il utilise régulièrement pour critiquer l’ordre mondial dominé par Washington et ses alliés.

À Tianjin, Xi Jinping a ouvert le plus grand sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai.
À Tianjin, Xi Jinping a ouvert le plus grand sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai depuis sa création en 2001. © Getty Images

Le sommet est aussi une vitrine de l’alliance sino-russe. CNN rapporte que dimanche soir, Xi et son épouse Peng Liyuan ont accueilli les chefs d’État lors d’un banquet où le président chinois est apparu inhabituellement détendu, échangeant sourires et gestes complices avec Vladimir Poutine. Les images, diffusées par les agences russes, montraient les deux hommes marchant côte à côte après la photo officielle, signe d’une proximité assumée.

Cette rencontre marque leur premier face-à-face depuis le sommet entre Poutine et Trump en Alaska, plus tôt dans le mois. Alors que Moscou poursuit ses frappes massives contre l’Ukraine, Xi voit dans ce rassemblement et dans le grand défilé militaire prévu mercredi à Pékin — auquel doivent participer Poutine, Kim Jong Un et une vingtaine d’autres dirigeants — une étape diplomatique cruciale pour affirmer l’influence chinoise.

Poutine accuse l’Occident

Prenant la parole lundi, Vladimir Poutine a défendu l’offensive en Ukraine, rejetant une nouvelle fois la responsabilité de la guerre sur l’Occident :
“Cette crise n’a pas été déclenchée par l’attaque de la Russie en Ukraine, elle est le résultat d’un coup d’Etat en Ukraine, qui a été soutenu et provoqué par l’Occident”, a affirmé M. Poutine lors d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Cette déclaration fait référence aux mouvements pro-européens du Maïdan en Ukraine, qui ont forcé le président prorusse du pays à quitter le pouvoir en 2014.

Moscou avait alors annexé la péninsule de Crimée et soutenu des séparatistes prorusses dans l’est du pays, déclenchant une guerre civile.

“La deuxième cause de la crise, ce sont les tentatives constantes de l’Occident pour attirer l’Ukraine dans l’Otan”, a ajouté le dirigeant russe.

M. Poutine s’est exprimé devant ses principaux alliés: le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président iranien Massoud Pezeshkian.

“Nous apprécions grandement les efforts et les propositions de la Chine, de l’Inde et de nos autres partenaires stratégiques, qui visent à contribuer à la résolution de la crise ukrainienne”, a déclaré le président russe.

Jusqu’ici, les propositions de paix entre Moscou et Kiev ont échoué, malgré les appels du président américain Donald Trump à conclure un accord.

Vladimir Poutine a rejeté les appels à un cessez-le-feu, demandant à l’Ukraine de céder davantage de territoire et de renoncer au soutien occidental. Kiev a refusé, jugeant ces exigences irrecevables.

L’OCS est présentée par Pékin et Moscou comme faisant contrepoids à l’Otan.

Selon CNN, Pékin considère que les décisions américaines — guerre commerciale, retrait d’organisations internationales, réduction de l’aide extérieure — affaiblissent l’ordre multilatéral construit après 1945. Cette évolution est perçue par la Chine comme une opportunité de proposer sa propre vision des relations internationales, fondée sur la souveraineté des États, la coopération économique et un multilatéralisme alternatif à celui promu par l’Occident.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire