Un haut responsable ukrainien a affirmé mercredi à l’AFP que le gouvernement de Donald Trump faisait “pression” sur les pays européens pour qu’ils “renoncent à l’idée” d’utiliser les avoirs russes gelés dans l’UE afin d’aider l’Ukraine.
“Sept pays ne soutiennent déjà pas publiquement cette idée”, a poursuivi ce responsable, sous couvert d’anonymat, ajoutant que le président Volodymyr Zelensky se rendait à Bruxelles pour convaincre les Européens, réunis jeudi en sommet, d’utiliser ces actifs.
Quelque 210 milliards d’euros de la Banque centrale russe sont actuellement immobilisés dans l’UE. Ils ont été gelés par les Occidentaux après l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Monnaie d’échange
Dans la première version du plan du président américain pour mettre fin au conflit en Ukraine, diffusée fin novembre, il était proposé de remettre une partie de ces avoirs aux Etats-Unis et au Kremlin pour différents projets.
Même si ce plan a été amendé depuis à plusieurs reprises, cette position initiale montre que les Etats-Unis semblent vouloir utiliser ces avoirs en tant que monnaie d’échange pour parvenir à un accord, en soulevant la possibilité que Moscou puisse récupérer une partie des énormes sommes en jeu.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles pour décider, entre autres, des moyens de financer au cours des deux ans à venir l’Ukraine en guerre contre la Russie.
Sommet européen
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, promeut un plan visant à utiliser les avoirs gelés russes pour accorder à Kiev un prêt de 90 milliards d’euros au cours des deux prochaines années mais cette initiative se heurte à une opposition farouche de la Belgique, qui héberge la majeure partie de ces fonds.
Elle redoute des représailles russes ou d’être le seul pays à payer les pots cassés, notamment en cas d’action en justice.
Une nouvelle “année de guerre” ?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé mercredi que la Russie se préparait à mener une nouvelle “année de guerre” en Ukraine en 2026, après que son homologue russe Vladimir Poutine a affirmé que les objectifs de Moscou dans le pays seraient “sans aucun doute atteints”.
“Nous avons entendu un nouveau signal de Moscou disant qu’ils se préparent à faire de l’année prochaine une nouvelle année de guerre”, a déclaré M. Zelensky dans son allocution quotidienne. “Il est important que nos partenaires en prennent conscience et qu’ils réagissent, notamment nos partenaires aux États-Unis, qui affirment souvent que la Russie prétend vouloir mettre fin à la guerre”, a indiqué M. Zelensky.
Selui lui, les autorités russes tentent de “saper la diplomatie” en cherchant “diverses formulations” dans les propositions en cours de négociations “pour dissimuler leur désir de détruire l’Ukraine et les Ukrainiens” et “leur volonté de légitimer le vol de notre territoire”.
Objectifs russes “sans aucun doute atteints”
Plus tôt, mercredi, Vladimir Poutine avait déclaré que les objectifs de l’invasion russe de l’Ukraine seraient “sans aucun doute atteints”, notamment les objectifs territoriaux.
“Nous préférerions y parvenir et éliminer les causes profondes du conflit par la voie diplomatique” mais, a-t-il ajouté, si “le pays adverse et ses protecteurs étrangers refusent de s’engager dans des discussions substantielles”, la Russie obtiendra “par la voie militaire” les “terres historiques” qu’elle revendique. Le chef de l’Etat russe a toutefois assuré que son pays restait prêt à “mener des négociations et à résoudre tous les problèmes par des moyens pacifiques”.
Réagissant à ces propos, M. Zelensky a estimé, qu’après l’Ukraine, Moscou pourrait s’en prendre aux territoires d’autres pays européens que “certains en Russie pourraient un jour désigner comme leurs prétendues terres historiques”.
Des “progrès” dans les négociations
Des pourparlers se sont déroulés dimanche et lundi à Berlin entre Volodymyr Zelenksy et les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, pour tenter d’aboutir à un compromis sur un plan en vue d’une cessation des combats.Le président ukrainien s’est félicité lundi de “progrès” dans les négociations avec les Etats-Unis pour mettre fin à près de quatre ans de guerre avec la Russie, les Européens avançant de leur côté la proposition d’une force multinationale pour garantir la paix en Ukraine. Le président américain s’est quant à lui montré très optimiste, après s’être entretenu avec son homologue ukrainien et plusieurs dirigeants européens.
Au cours de son briefing quotidien mercredi auquel a participé l’AFP, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a dit que Moscou attendait que les Américains l’informent des résultats de ces discussions. La veille, il avait estimé que la participation des Européens aux négociations en cours sur le plan américain pour l’Ukraine n’augurait “rien de bon”.
Les détails du plan américain après qu’il a été remanié avec les Ukrainiens ne sont pas connus, mais l’Ukraine avait fait savoir qu’il impliquait des concessions territoriales de sa part. Le document originel de Washington avait été perçu par Kiev et les Européens comme largement favorable aux positions du Kremlin.