Victoire en-demi teinte pour la droite espagnole: la place de Premier ministre pourrait lui passer sous le nez

Alberto Nunez Feijoo
© AFP

S’il a remporté les élections législatives espagnoles, le Parti Populaire de droite d’Alberto Nunez Feijóo n’obtient pas la majorité tant espérée. Et son projet de coalition avec l’extrême droite Vox ne suffira pas à lui donner des ailes. Le Premier ministre sortant Pedro Sánchez pourrait donc bien rester au pouvoir pour un nouveau mandat…

Incrédules, écoeurés, consternés, les militants du Parti Populaire (PP) espagnol rêvaient du large succès que leur promettaient les sondages, bien loin de leur courte victoire qui pourrait se traduire par un maintien in extremis de la gauche au pouvoir.

Le résultat des urnes s’avère en effet bien loin des prévisions annoncées lors des derniers sondages. D’aucuns espéraient un raz-de-marée de la droite, c’est finalement une victoire en demi-teinte qu’obtient Alberto Nunez Feijóo. Avec 136 sièges, le PP ne devance le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sanchez que de 14 sièges. Et son alliance avec Vox? À peine bénéfique… Avec ses 33 sièges, le parti d’extrême droite ne parvient pas à donner la majorité absolue à son allié.

Le PP remporte certes la victoire, mais pas la guerre. Son concurrent, qu’on annonçait grand perdant des élections, s’en sort même plutôt bien: le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du Premier ministre sortant remporte des sièges et passe de 120 à 122. C’est ainsi qu’il se hisse à la deuxième place. Pedro Sanchez conserve donc des chances de se maintenir au pouvoir.

Pas de majorité, pas de gouvernement

À l’issue de ces élections législatives, un problème se pose: on ne sait toujours pas qui sera le nouveau Premier ministre espagnol. Les résultats du scrutin pourrait donc aboutir à de nouvelles élections… De quoi lancer le début des tractations pour éviter ce cas de figure. Pour l’instant, il semble improbable que M. Feijoo parvienne à articuler une majorité en faveur de son investiture. Avec le soutien de petits partis, un gouvernement minoritaire pourrait éventuellement être possible entre le PP et Vox. Mais au vu des résultats de la gauche meilleurs que prévu, il y a peu de chance que Sanchez cède la place à Feijoo.

À l’inverse, le PSOE a plus d’alliés possibles au parlement et pourrait donc tirer son épingle du jeu. L’alliance PSOE/Sumar aura cependant besoin du soutien de plusieurs formations régionalistes comme les catalans d’ERC ou les basques de Bildu. Mais ils devront aussi s’assurer de l’abstention du parti de l’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (JxCat), dont les dirigeants ont déjà prévenu qu’ils n’aideraient pas M. Sanchez à rester au pouvoir sans contrepartie.

Si toutes ces conditions sont réunies, M. Sanchez pourrait alors rassembler sur son nom 172 députés, soit plus que le chef du PP, ce qui lui suffirait lors d’un deuxième vote d’investiture par le Parlement, où seule une majorité simple est requise.

Dans le cas contraire, l’Espagne, qui a déjà connu quatre élections générales entre 2015 et 2019, se retrouverait dans une situation de blocage politique et serait condamnée à un nouveau scrutin.

Pedro Sanchez affiche un bon bilan économique

Le Premier ministre sortant a un avantage de taille, bien qu’il n’ait pas su en tirer partie lors des élections: son gouvernement a consolidé l’économie espagnole. Comparé à d’autres pays européens, l’Espagne joue les bons élèves dans la sortie de crise. L’économie nationale affiche en effet des résultats satisfaisants sur la croissance (+2,3 % du PIB attendue cette année), l’emploi et l’inflation.

Sans compter sur son plan de relance, enfin sur les rails. L’Espagne a en effet fait état de la réalisation de 40 nouvelles étapes (investissements, réformes) dans la mise en œuvre de son plan national de relance. Celles-ci “couvrent plusieurs réformes dans les domaines de la transition verte et juste, du marché du travail, des retraites, des professions réglementées, de la connectivité numérique et de la R&D”, indique l’exécutif européen.

Bref, un bilan économique satisfaisant que la gauche pourrait bien mettre en avant pour récolter le soutien de précieux alliés…

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