Les voyageurs internationaux souhaitant se rendre aux États-Unis devront désormais s’acquitter d’un nouveau coût administratif : un « visa integrity fee » d’au moins 250 dollars par personne. L’autorisation électronique de voyage (ESTA) destinée aux citoyens exemptés de visa pour entrer aux États-Unis verra aussi son coût doubler.
Cette disposition en vigueur à partir de l’année fiscale 2025 (qui court du 1er octobre 2024 au 30 septembre 2025) est inscrite dans la nouvelle loi d’immigration américaine baptisée One Big Beautiful Bill Act, portée par l’administration Trump. Officiellement, l’objectif de ce visa integrity fee qui peut se traduire par “taxe d’intégrité sur les visas” est de restaurer « l’intégrité » du système d’immigration.
Un frais en plus, pas en remplacement
Ce nouveau coût ne remplace aucun frais existant : il s’ajoute à ceux déjà exigés pour obtenir un visa non-immigrant, comme les visas B (tourisme/affaires), F (étudiants) ou H-1B (travailleurs qualifiés), détaille CNBC. Exemple : un travailleur avec un visa H-1B, qui débourse actuellement 205 dollars de frais, devra désormais payer 455 dollars.
Quand et comment ce sera appliqué ?
L’entrée en vigueur de cette mesure reste floue. Le texte prévoit que le frais soit perçu au moment de l’émission du visa, ce qui exclut les dossiers refusés. Mais ni le calendrier précis, ni les modalités concrètes de paiement ne sont encore connus, comme l’a indiqué la U.S. Travel Association à CNBC. En ligne de mire : les touristes de loisir, les étudiants internationaux, mais aussi les voyageurs d’affaires, dont les budgets risquent d’être alourdis juste avant des événements majeurs comme le 250e anniversaire des États-Unis et la Coupe du monde FIFA 2026.
Pour les acteurs du tourisme, c’est une pilule amère à avaler. Dans un contexte de hausse générale des coûts de voyage, ce type de frais pourrait détourner une partie des touristes et étudiants vers d’autres pays anglo-saxons (Canada, Royaume-Uni, Australie), plus lisibles ou moins dissuasifs sur le plan administratif.
Une zone grise entoure également l’autorité compétente : bien que la loi charge le Department of Homeland Security (DHS) de percevoir ce frais, ce n’est pas ce département qui gère le processus de délivrance des visas — c’est le Département d’État. « Il faudra une coordination inter-agences », a concédé un porte-parole du DHS à CNBC.
Des frais remboursables?
Officiellement, le frais est remboursable si le voyageur respecte strictement les conditions de son visa :
- ne pas travailler illégalement,
- ne pas dépasser la durée autorisée de plus de 5 jours.
Mais ce remboursement ne serait envisagé qu’après expiration du visa, parfois plusieurs années plus tard. Selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), peu de personnes demanderont un remboursement, et le Département d’État aura besoin de plusieurs années pour mettre en place ce processus.
Maître Steven A. Brown, avocat en immigration cité par CNBC, conseille à ses clients de considérer ces frais comme non remboursables : « Si vous récupérez l’argent, tant mieux. Mais il est généralement difficile d’obtenir un remboursement du gouvernement américain. »
Impact budgétaire et politique migratoire
Selon les informations de CNBC, ce visa integrity fee devrait réduire le déficit fédéral de 28,9 milliards de dollars entre 2025 et 2034. Pour les autorités, il s’agit de lutter contre les abus de visas temporaires, même si les chiffres récents montrent que seulement 1 à 2 % des visiteurs dépassent la durée autorisée de leur séjour.
Mais selon les estimations du Congrès, environ 42 % des immigrés sans papiers aux États-Unis seraient entrés légalement avant d’outrepasser leur visa.
Un climat peu favorable au tourisme
La mise en place de ces nouveaux frais intervient dans un contexte difficile pour le secteur touristique. L’agence Brand USA, chargée d’attirer les touristes internationaux vers les États-Unis, a vu son budget passer de 100 à 20 millions de dollars, et près de la moitié de ses administrateurs ont été remerciés par le ministère du Commerce, souligne CNBC.
Quel impact pour les voyageurs belges ?
Les détenteurs de visas étudiants (F-1) ou de travail (H-1B, L-1, etc.) sont directement concernés. Pour un jeune diplômé ou un stagiaire, l’ajout de 250 dollars représente une hausse sensible du coût d’un séjour académique ou professionnel. À partir de l’entrée en vigueur de ce visa integrity fee, un Belge souhaitant se rendre aux États-Unis avec un visa B1/B2 (tourisme ou affaires) devra payer :
- 185 $ de frais de visa,
- 250 $ de “frais d’intégrité”,
- 24 $ pour le formulaire I-94 (obligatoire).
Total : 459 $ (environ 425 €) par personne, contre 191 $ actuellement.
Un ESTA deux fois plus cher
Les personnes qui voyagent avec une autorisation ESTA (Electronic System for Travel Authorization) dans le cadre du programme d’exemption de visa (Visa Waiver Program) pour un séjour aux Etats-Unis jusqu’à 90 jours à des fins touristiques, d’affaires, de transit, ou soins médicaux temporaires, ne sont pas concernés par le “visa integrity fee”.
Quarante pays concernés
Mais, les frais pour obtenir le sésame seront doublés, ils passeront de 21 à 40 dollars l’an prochain, rapporte Le Figaro. Le prix se décompose ainsi: 17 dollars de “Travel Promotion Fee” auxquels s’ajoutent un nouveau supplément de 13 dollars et 10 dollars de frais de traitement instaurés par la loi, détaille le journal français. Les revenus générés par l’ESTA serviront notamment à financer la modernisation de l’espace aérien, à renforcer les contrôles aux frontières ou encore la sécurisation des deux prochains événements mondiaux que le pays accueillera : la Coupe du monde de football de 2026 et les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028.
La hausse du prix de l’ESTA touchera les citoyens d’une quarantaine de pays dans le monde qui bénéficient du programme d’exemption de visa pour des séjours touristiques ou d’affaires de moins de 90 jours. La Belgique est incluse dans la liste de ces pays éligibles à l’ESTA et donc également concernée par la hausse de prix annoncée.
Liste des pays participant au programme ESTA :
Europe (39 pays) : Andorre, Autriche, Belgique, Croatie, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monaco, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Qatar, Saint‑Marin, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Royaume-Uni (British Citizens uniquement), ainsi que Chypre, Roumanie et Bulgarie en cours d’aspiration (mais non encore intégrés)
Bon à savoir: L’ESTA doit être obtenue avant le départ, via le site officiel de l’administration américaine. Il ne garantit pas automatiquement l’entrée aux États-Unis : la décision finale revient à l’agent de l’immigration à l’arrivée. Une fois attribuée, l’autorisation est valide 2 ans, ou jusqu’à expiration du passeport. Les autorisations ESTA peuvent être refusées pour raisons de sécurité, criminalité, ou visites récentes dans certains pays (ex : Cuba, Iran, Syrie, Corée du Nord…)