Ursula von der Leyen et un brouillage russe qui fait pschitt

Ursula von der Leyen © Getty
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Le 31 août, l’Airbus d’Ursula von der Leyen a connu une étrange perte de signal GPS au-dessus de la Bulgarie, déclenchant un flot de déclarations alarmistes. Quatre jours plus tard, la panique s’avère infondée.

Le dimanche 31 août 2025, l’avion d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, tourne en rond au-dessus de Plovdiv, en Bulgarie. Une heure d’errance, des sueurs froides dans le cockpit où l’avion ne reçoit plus de signal GPS et où le commandant de bord doit vite déplier de vieilles cartes pour s’y retrouver. Et bientôt, selon les services de la Commission européenne et les autorités bulgare incriminent un brouillage du système GPS de l’avion, brouillage très vraisemblablement causé par des barbouzes russes.

Le premier ministre bulgare, Rosen Zhelyakov, évoque d’ailleurs illico  « une ingérence russe » et un nouvel épisode de « guerre hybride » menée par Moscou. Des « experts » abondent, en soulignant que ces brouillages sont fréquents en Europe centrale et dans les pays baltes (ce qui est vrai). Du côté de l’OTAN, on évoque même une possibilité de riposte. Bref, c’est du lourd.

L’affaire fait pschitt

Sauf que, quatre jours plus tard, l’affaire fait pschitt. Aujourd’hui, ce 4 septembre, le ministre bulgare des Affaires étrangères, Grozdan Karadjov, a fait machine arrière à la vitesse d’un Airbus A320.  Il n’y a en fait « aucune preuve” de brouillage, bredouille-t-il et les accusations initiales sont des « soupçons non vérifiés ». Les données de Flightradar24, un site de référence de suivi de vols qui récoltent les données des transpondeurs des avions pour afficher en temps réel la position, la vitesse, l’altitude des appareils le confirment : le signal GPS de l’Airbus A320-200 de la présidente de la Commission était aussi stable qu’un fonctionnaire européen à l’heure du café. Pas de brouillage, pas de complot. Peut-être simplement une panne technique ou une erreur.

« Propagande désespérée »

Pendant ce temps, Maria Zakharova, la porte-parole du Kremlin, a beau jeu de crier à la « propagande désespérée » d’une Union européenne désespérée par le triomphe des armées russes.

 Que retenir de ce vaudeville aérien ? D’abord, que l’UE, dans son zèle à voir la main de Moscou partout, s’est pris les pieds dans le tapis. Ensuite, que les brouillages GPS, bien réels dans la région, restent une menace sérieuse pour l’aviation civile. Si l’incident de Plovdiv n’était qu’une fausse alerte, il rappelle que l’Europe de l’Est est un terrain d’ombres où la technologie peut devenir une arme. Enfin, que le vrai combat se joue dans les récits. Bruxelles voulait un méchant russe ; Moscou, une Union européenne ridicule. Devinez qui a gagné ?

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