Trump va relancer sa guerre contre l’immigration

Le fameux mur entre le Mexique et les Etats-Unis. © IMAGO/VCG
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Donald Trump va tenter de bouleverser le système d’immigration américain.

Aucune question n’est plus liée à Donald Trump que celle de l’immigration. Alors qu’il annonçait sa première candidature à la présidence en 2015, Trump a qualifié les Mexicains de criminels et de violeurs. Au cours des neuf années suivantes, “Construisez le mur !” et “Déportation massive maintenant !” sont devenus des cris de ralliement pour ses campagnes. Fort de sa victoire rapide et décisive sur Kamala Harris, Donald Trump tentera à nouveau de freiner l’immigration légale et de dissuader les clandestins. En 2025, son équipe sera plus expérimentée et plus efficace.

Le système d’immigration américain est composé de dizaines d’agences fédérales. Le processus est profondément obsolète et il est difficile de s’y retrouver, tant pour les immigrants que pour les décideurs politiques. Même avec un “trifecta” – contrôle républicain du Sénat et de la Chambre, en plus de la présidence –, une réforme au Congrès est incertaine. Malgré cela, le président dispose d’un large pouvoir pour modifier les règles en matière d’immigration et fixer des priorités différentes.

Il est utile d’envisager les changements que Trump pourrait apporter. D’un côté, il y a les ajustements techniques. Comme lors de son premier mandat, le président pourrait limiter la durée de validité des visas et rendre leur obtention plus difficile en augmentant les contrôles, les frais et les délais d’attente. Le nombre de personnes obtenant une carte verte chuterait à nouveau. Le président a également le pouvoir de fixer le nombre de réfugiés acceptés. Pour les quatre prochaines années, il faut s’attendre à ce que ce nombre soit très faible.

Certaines choses échapperont au contrôle de Trump.

Déportations massives

À la frontière, Donald Trump s’est engagé à relancer sa politique qui obligeait certains migrants tentant de traverser la frontière méridionale à attendre leur audience devant une cour mexicaine. Seuls quelque 70.000 migrants ont été inscrits à ce programme, et sa mise en œuvre dépendra de la coopération de Claudia Sheinbaum, la nouvelle présidente du Mexique. Trump promet également de supprimer un dispositif gouvernemental (qu’il qualifie d’”application pour le trafic d’illégaux”) permettant aux migrants de prendre rendez-vous pour demander l’asile. Il prévoit également de mettre fin aux programmes utilisés par Joe Biden pour tenter de contrôler les flux migratoires, lesquels offraient à certaines nationalités des permis de travail sans voie vers la citoyenneté.

N’oublions pas la proposition la plus extrême de Donald Trump : les déportations massives. Peu de choses peuvent être réalisées sur ce front sans un financement supplémentaire de la part du Congrès. Mais même des tentatives mal exécutées de rassembler les migrants à l’intérieur des États-Unis sépareraient des familles et engendreraient des divisions entre l’administration Trump et les États contrôlés par les démocrates, dont les lois protègent les immigrés non autorisés qui y vivent.

Certaines choses échapperont au contrôle de Trump. Ses politiques controversées seront contestées devant les tribunaux. Si l’économie américaine ralentit, moins de migrants viendront y chercher du travail. L’augmentation des déportations ou la fin de la loi Daca, qui protège de l’expulsion les personnes amenées en Amérique alors qu’elles étaient enfants, pourrait raviver les manifestations en faveur des immigrés, comme celles qui ont eu lieu pendant le premier mandat de Donald Trump.

Par Aryn Braun, correspondante pour la côte ouest de “The Economist”

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