La vague de tarifs douaniers imposés par le président américain Donald Trump a provoqué une véritable onde de choc pour l’économie mondiale. Mais, contrairement à l’effet recherché, c’est surtout l’économie américaine qui en subit les répercussions. L’instauration de ces droits de douane contraint de nombreuses entreprises à augmenter leurs prix, et la liste de celles concernées ne cesse de s’allonger.
Depuis son investiture, Donald Trump alterne déclarations-chocs sur l’instauration de tarifs douaniers massifs à l’encontre du reste du monde et rétropédalages rapides. Dernier exemple en date : le délai accordé à l’Union européenne jusqu’au 9 juillet concernant une éventuelle hausse des taxes sur les produits importés aux États-Unis. Pourtant, quelques jours auparavant, le président américain affirmait ne « pas chercher d’accord » commercial avec l’UE et menaçait d’imposer des droits de douane de 50 % dès le 1er juin.
Les tensions concernent aussi, de manière chronique, les importations chinoises. De nombreux produits — notamment l’acier et l’aluminium — sont visés par des hausses tarifaires particulièrement élevées.
Dans ce climat d’incertitude, les entreprises tentent de s’adapter tant bien que mal. Leur réponse principale : augmenter leurs prix. Plusieurs distributeurs ont déjà prévenu qu’ils ne compenseraient pas eux-mêmes les surcoûts liés aux nouvelles taxes, contrairement à ce qu’a suggéré Trump. En conséquence, les consommateurs américains doivent s’attendre à payer plus cher leurs produits de consommation courante : alimentation, vêtements, jouets ou encore automobiles.
CNN a dressé une liste d’entreprises susceptibles d’augmenter leurs prix sur des biens de consommation courante.
Walmart, géant américain de la distribution
Le 15 avril, Walmart a annoncé une prochaine hausse de ses prix en raison de tarifs jugés « excessifs », notamment sur les produits fabriqués en Chine. « Nous ferons tout notre possible pour maintenir des prix bas », a déclaré le CEO Douglas McMillon. « Mais compte tenu de l’ampleur des tarifs douaniers, même réduits, nous ne pouvons pas absorber entièrement cette pression, en raison de nos faibles marges dans le commerce de détail. »
Selon John David Rainey, directeur financier, ces hausses de prix devraient entrer en vigueur d’ici la fin mai, avec une accélération prévue en juin.
Les jouets et Mattel, touchés en plein coeur
Le 6 mai, Mattel a annoncé des augmentations similaires, évoquant « l’incertitude de l’environnement macroéconomique » et « l’évolution des droits de douane », qui rendent difficile la prévision des dépenses des consommateurs et des ventes sur le marché américain, notamment en période de fêtes.
L’entreprise, qui fabrique une partie de ses jouets en Chine, est particulièrement exposée. Depuis avril, Washington applique une surtaxe de 145 % sur de nombreux produits chinois, à laquelle Pékin a répondu par des droits de douane de 125 % sur les marchandises américaines.
Pour rassurer les investisseurs, le PDG Ynon Kreiz précise que la Chine représente moins de 40 % de la production mondiale de Mattel (contre 80 % pour la moyenne du secteur), et que moins de 20 % des jouets destinés au marché américain sont importés de Chine. Il souhaite ramener cette part à moins de 15 % d’ici 2026, et à moins de 10 % d’ici 2027, en s’appuyant sur des sites de production au Mexique, en Malaisie et en Thaïlande.
Mattel ne disposant pas d’usines aux États-Unis, Donald Trump a réagi vivement, menaçant d’imposer un droit de douane de 100 % sur les jouets de la marque. En réponse, Kreiz a plaidé pour un taux zéro à l’échelle mondiale sur les droits de douane appliqués aux jouets et jeux.
Best Buy, Nintendo… pas de pitié pour l’électronique
Dès mars, Best Buy mettait en garde : « Les fournisseurs répercuteront en partie les coûts liés aux droits de douane sur les distributeurs, ce qui rend très probable une hausse des prix pour les consommateurs américains. » Certaines exemptions temporaires concernent encore certains composants électroniques, mais elles pourraient disparaître prochainement.
Nintendo, par exemple, a repoussé la date de précommande de la Switch 2 par crainte de nouveaux droits de douane. Si le prix de la console reste fixé à 450 dollars, la marque a annoncé que les accessoires « feront l’objet d’ajustements tarifaires » en fonction de l’évolution du marché.
Shein et Temu, dans la tourmente
Les plateformes chinoises Shein et Temu bénéficiaient jusque récemment d’une exemption dite « de minimis », qui permettait aux envois d’une valeur inférieure à 800 dollars d’échapper aux droits de douane. Cette disposition a pris fin le 2 mai, suite à un décret présidentiel.
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Pour rester compétitifs, ces acteurs envisagent désormais d’ouvrir des entrepôts sur le sol américain ou de nouer des partenariats avec des distributeurs locaux — une stratégie qui engendrerait toutefois des coûts supplémentaires et limiterait leur flexibilité, jusque-là considérée comme un atout majeur.
Les véhicules ne sont pas épargnés
Les véhicules ne sont pas épargnés. Les voitures importées sont désormais soumises à un droit de douane de 25 %, un taux similaire s’appliquant à la majorité des pièces détachées, bien que certains constructeurs bénéficient encore de remboursements partiels.
Ford a ainsi indiqué que ses prix pourraient augmenter jusqu’à 1,5 % au second semestre 2025. L’entreprise prolonge jusqu’en juillet son offre de « prix employés » afin d’encourager les achats anticipés.
Subaru a confirmé des hausses similaires, invoquant la nécessité de « compenser la hausse des coûts ». L’entreprise n’a pas précisé l’ampleur des augmentations, mais insiste sur sa volonté de maintenir une proposition de valeur compétitive. Elle souligne également que ses prix ne dépendent pas du pays d’origine des véhicules.
P&G et encore Stanley Black & Decker
Procter & Gamble, propriétaire notamment de la marque Pampers, a annoncé le 24 avril envisager des hausses tarifaires sur certains segments et marchés. Son PDG Jon Moeller a déclaré à CNBC qu’une augmentation des prix était « probable », les droits de douane étant « par nature inflationnistes ».
Stanley Black & Decker a déjà procédé à une première hausse en avril, liée aux tarifs douaniers. Une seconde vague est prévue plus tard dans l’année.
Adidas
Dans un communiqué publié le 29 avril, le CEO d’Adidas, Bjørn Gulden, a averti que « l’incertitude entourant les négociations entre les États-Unis et divers pays exportateurs » rendait difficile toute prévision. Il a ajouté que « les hausses de coûts liées à l’augmentation des droits de douane entraîneront inévitablement des hausses de prix ».
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(CNN, AFP)