Trump en spectacle au Congrès, pour un discours teinté de tension et jubilation

Trump Congrès américain
© Getty Images

A gauche, la consternation, à droite, la jubilation. Le discours de Donald Trump mardi au Congrès américain s’est fait dans une atmosphère de tension palpable, la division entre démocrates et républicains n’ayant rarement été aussi visible.

Au moment d’arriver dans l’hémicycle, Donald Trump reçoit les vivats des républicains, déambule dans l’allée centrale, pour rejoindre le perchoir et serre des mains en chemin. Juste après son passage, l’élue démocrate Melanie Stansbury tient derrière lui une feuille en papier, où l’on peut lire: “Ce n’est pas normal”. Rapidement, un élu républicain lui arrache des mains. Signe avant-coureur des tensions de la soirée.

Lorsque Donald Trump rejoint le perchoir, la moitié républicaine de l’hémicycle reprend en choeur “U-S-A!” “U-S-A!” et la jubilation se lit sur de nombreux visages. De l’autre côté, les élus démocrates restent assis, la mine grave. Certains brandissent des petites pancartes “Musk vole” ou “protégez les anciens combattants”.

Seule une personne rivalise avec le président à l’applaudimètre: son épouse Melania Trump, vêtue d’un tailleur gris anthracite et présente dans les galeries.

Les invités de Donald Trump aux côtés de la Première dame sont aussi l’objet de l’attention du président. Comme pour une émission de téléréalité, l’ancien magnat des affaires annonce les récompenses: l’un se voit accepté à l’académie militaire West Point, un autre, un adolescent de 13 ans qui rêve de rentrer dans la police, est fait membre honoraire du service de protection du président.

Sur l’offensive

Elon Musk, chargé par Donald Trump du programme de réduction à vif de l’appareil fédéral, est lui aussi présent, quelques rangs derrière Melania Trump.

L’homme le plus riche du monde devenu allié du milliardaire républicain durant la campagne présidentielle de 2024, se lève depuis les galeries et se fait applaudir quelques instants à l’invitation du président.

“L’Amérique a retrouvé son élan”, lance dès le début Donald Trump, dont le discours a pour thème “le renouveau du rêve américain”. Loin d’appeler à l’unité, le président adopte une rhétorique sur l’offensive et s’en prend vertement aux démocrates par moments.

Lorsqu’il affirme défendre bec et ongles les forces de l’ordre, l’opposition lui répond “6-Janvier”. Ce jour de 2021, les partisans de Donald Trump avaient pris d’assaut le Capitole de Washington — à l’endroit même où Donald Trump prononce son discours mardi — malgré les vaines tentatives de la police de les refouler.

Quelques minutes après le début du discours, le démocrate Al Green se lève et lance au président “vous n’avez pas de mandat” pour couper dans les dépenses publiques. Sa protestation est noyée par les républicains, vent debout, qui lui intiment de s’asseoir et répètent leurs “U-S-A”, “U-S-A”. Al Green refuse et, au bout de quelques minutes, est expulsé de l’assemblée, sous les moqueries de la droite.

Rires et ovations

Après l’altercation vendredi à la Maison Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, le soutien à l’Ukraine est aussi visible dans l’hémicycle.

Echarpe, cravate rayée, ruban accroché au revers de la veste: nombre de démocrates se sont parés des couleurs jaune et bleu du drapeau ukrainien, en signe de soutien au pays en guerre, et alors que Donald Trump vient d’ordonner la mise en pause de l’aide militaire américaine à Kiev.

Des élues démocrates sont venues en tenues roses pour protester contre les mesures de l’administration Trump qui, selon elles, nuisent aux droits des femmes.

Au fil du discours d’une longueur inhabituelle, les rangs démocrates se clairsèment. En partant, la démocrate texane Jasmine Crockett retire sa veste et montre son dos à Donald Trump, avec le mot “Résistez” inscrit sur son t-shirt.

Côté républicain, les piques et bons mots du président sont ponctués par des ovations, ou encore des rires aux éclats.

Les démonstrations de franche hostilité d’un côté, et d’adhésion enjouée de l’autre, donnent à l’événement un air de spectacle de vaudeville, loin du décorum attendu pour le Parlement de la première puissance mondiale.

Quelques heures avant l’arrivée de Donald Trump au Capitole, une dizaine de manifestants à l’extérieur brandissaient des pancartes “Tenez tête à la tyrannie”, ou encore “Musk doit s’en aller”.

Lors de son discours d’une heure et 40 minutes, le plus long d’un président américain devant le Congrès, Donald Trump semble comme leur répondre: “on ne fait que commencer.”

Partner Content