Les défis de Scott Bessent, le nouveau secrétaire au Trésor américain
Donald Trump a désigné Scott Bessent, fondateur de la société d’investissement Key Square Group et ardent promoteur d’un contrôle politique sur la Réserve fédérale (Fed), au poste de secrétaire au Trésor.
Cité parmi les favoris à ce poste, Scott Bessent, qui est un proche de longue date de la famille Trump, va jouer un rôle essentiel dans la mise en oeuvre du programme économique du président élu des Etats-Unis mais aussi dans la maîtrise de la dette publique. Diplômé de l’Université de Yale, il a débuté sa carrière en 1991 au sein de la société d’investissement du milliardaire George Soros (SFM), véritable bête noire des conservateurs, qu’il a Scottquitté une première fois en 2000 afin de lancer son propre fonds d’investissement. Après un premier échec, il revient chez SFM en 2011 avant d’en démissionner de nouveau pour lancer Key Square Group.
Parmi les derniers désignés, Scott Bessent, nouveau secrétaire au Trésor de Donald Trump devra néanmoins faire face à de véritables défis, souvent contradictoires, entre réalisation des promesses du président élu des Etats-Unis et maîtrise d’une dette publique déjà très élevée.
Plafond d’endettement de la dette
Il s’agira d’un des tous premiers dossiers. Après plusieurs mois de tensions politiques, républicains et démocrates s’étaient accordés en juin 2023 pour suspendre temporairement le plafond de la dette américaine jusqu’au 2 janvier 2025.
Elle dépassait alors 32.000 milliards de dollars et n’a fait que progresser depuis, pour s’approcher désormais des 36.000 milliards.
Mais les républicains contrôleront désormais le Congrès et le pouvoir exécutif. Et il faudra dans un premier temps voter un nouveau plafond puis mener les politiques nécessaires pour réduire le déficit public, une mission pour laquelle Scott Bessent disposera de l’aide des milliardaires Elon Musk et Vivek Ramaswamy, à la tête d’un nouveau conseil censé tailler dans les dépenses.
Reconduire les baisses d’impôts
Celles décidées par Donald Trump lors de son premier mandat arrivent à expiration en fin d’année 2025 et nécessiteront un nouveau vote du Congrès pour le reconduire, avec cette fois la volonté de le rendre permanent.
Mais le président élu souhaite aller plus loin, tant dans l’ampleur de la baisse que concernant les bénéficiaires. En plus d’une nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés et en faveur des plus hauts revenus, Donald Trump veut défiscaliser les aides sociales, les pourboires (qui représentent la principale part de salaire pour les salariés de la restauration) ou encore les heures supplémentaires.
Mais cela représenterait une perte de revenus sérieuse pour l’Etat: la simple pérennisation des baisses d’impôts du premier mandat coûterait 400 milliards de dollars par an, anticipe le Bureau du Congrès pour le budget. Les baisses d’impôts supplémentaires envisagées pourraient ajouter 500 milliards de dollars par an, estime le Comité pour un budget fédéral responsable (CRFB).
Or, selon le centre de réflexion American Progress, les baisses d’impôts sont la première cause de progression de la dette américaine depuis le début du siècle.
Rassurer les marchés
La victoire de Donald Trump a aussitôt entraîné une hausse des rendements financiers sur les bons du Trésor américains à 10 et 30 ans, qui ont conservé depuis leur nouveau niveau.
Les marchés anticipent en effet que le programme de Donald Trump entraîne une hausse de la dette publique. Le CRFB estimait que la dette publique américaine augmentera, en valeur médiane, de 7.750 milliards de dollars d’ici à 2035 si son programme est intégralement appliqué.
Certes, le républicain souhaite réduire les dépenses, et Elon Musk, après avoir assuré pouvoir réduire les dépenses publiques annuelles de 30% (2.000 milliards de dollars) a assuré pouvoir réaliser une première baisse de 500 milliards de dollars, sans pour autant préciser comment y parvenir.
Le FMI rappelle de son côté régulièrement que, sans changement de politique, la dette américaine atteindra 140% du PIB d’ici la fin de la décennie, contre 120% fin octobre selon la Réserve fédérale (Fed).
Défendre les droits de douane
S’il n’aura pas la charge de la hausse des droits de douane, qui dépendra du département du Commerce et du représentant de la Maison Blanche au Commerce, le secrétaire au Trésor sera très vraisemblablement chargé du service après-vente auprès du grand public américain.
L’économie en général et l’inflation en particulier ont été l’un des principaux éléments pris en compte par les Américains, fatigués d’assister à la valse des étiquettes, pour expliquer leur vote début novembre. Mais bien peu ont intégré qu’ils auraient à payer la mise en place de droits de douane, qui se répercuteront très vraisemblablement sur les prix finaux.
Selon le groupe de réflexion Tax Foundation, les droits de douanes représenteront un coût supplémentaire de 525 milliards de dollars pour les consommateurs américains. En terme d’inflation, le American Action Forum estimait qu’elle s’éloignerait des 2% dans un premier temps, avant que les prix ne se stabilisent à nouveau, à un niveau plus élevé cependant.