Trump “adorerait” que le président de la Fed démissionne

Donald Trump.

Le président américain Donald Trump “adorerait” que Jerome Powell, le président de la Banque centrale américaine (Fed), démissionne. M. Trump qualifie M. Powell de “personne stupide” et estime qu’il a “fait un travail minable”.

Le courant ne passe pas depuis un certain temps entre les deux hommes. Le président a déjà menacé à plusieurs reprises de licencier Jerome Powell. Le locataire de la Maison Blanche reproche au président de la Fed, entre autres, de refuser de baisser les taux d’intérêt, ce qui rendrait les emprunts moins chers et pourrait stimuler l’économie, selon M. Trump.

Jerome Powell n’envisage pas de baisse des taux

Jerome Powell n’envisage pas de baisse des taux, invoquant l’incertitude liée à la politique tarifaire de Donald Trump et le risque d’alimenter l’inflation. En début de semaine, il a été rapporté que le président américain envisageait de nommer un successeur à M. Powell dès le mois de septembre, alors que le banquier central est normalement en poste jusqu’en mai 2026.

“Il a fait un travail déplorable”

Répondant à des questions à la Maison Blanche, M. Trump a déclaré vendredi qu’il souhaitait le départ de M. Powell. “Il a fait un travail déplorable”, a-t-il affirmé. Jerome Powell, qui a été nommé par le président américain au cours de son premier mandat, a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de démissionner et que le président ne pouvait pas le forcer à le faire.

Trump estime par contre avoir fait “un super boulot” sur l’inflation

Dans la première économie mondiale, les prix ont progressé de 2,3% sur un an en mai, selon l’indice PCE, publié par le ministère du Commerce. L’augmentation était de 2,2% le mois précédent (valeur révisée en hausse, l’indice ayant d’abord été annoncé en moindre progression, de 2,1%). Ce regain n’a surpris ni les analystes, ni la Réserve fédérale (Fed).

Son président Jerome Powell avait dit plus tôt cette semaine, devant les parlementaires américains, qu’il s’attendait à voir le PCE augmenter dans cet ordre de grandeur. Après avoir atteint des niveaux très élevés au moment de la pandémie de Covid-19 (avec un pic autour de 7% au printemps 2022), l’inflation a jusqu’ici reflué aux Etats-Unis, avec quelques à-coups. Sur le papier, elle est même désormais proche du niveau souhaité par la Fed, qui est de 2%.

Toutefois, la plupart des experts et banquiers centraux pensent que les prix ne vont pas rester longtemps étanches aux droits de douane mis en place par Donald Trump depuis son retour au pouvoir en janvier. Les responsables de la Fed considèrent que l’indice PCE devrait atteindre +3% d’ici à la fin de l’année, selon la médiane de leurs prévisions actualisées la semaine dernière.

En attendant, les données officielles ont peu déraillé, portant le président Donald Trump à assurer qu’il n’y a “pas d’inflation” et à se féliciter de démentir la doxa économique. “On a fait un super boulot sur l’inflation”, a-t-il estimé.

Moral en berne

“L’inflation est restée modérée en mai. On ne distingue guère d’impact généralisé des droits de douane sur les prix”, a souligné dans une note Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union. “Néanmoins, les consommateurs surveillent de près les hausses de prix et se tiennent à l’écart des concessionnaires automobiles de crainte d’avoir un choc devant les tarifs affichés”, a-t-elle ajouté.

Les voitures et les pièces détachées automobiles importées ont été frappées d’une surtaxe dès le début du second mandat de Donald Trump.

De la publication de vendredi, les analystes retiennent surtout que les dépenses de consommation sont en repli de 0,1% d’un mois sur l’autre. Et que les revenus des ménages ont quant à eux reculé de 0,4%.

“Nous nous attendons à un ralentissement plus marqué dans les mois qui viennent à mesure que les droits de douane pèseront davantage sur les revenus disponibles”, a expliqué Michael Pearce, d’Oxford Economics.

L’économiste observe en particulier “un net affaiblissement des dépenses dans les services non essentiels – les voyages et l’hôtellerie-restauration”, reflétant selon lui notamment la perte de touristes étrangers.

“Une personne fait obstacle à la baisse du coût de la vie pour les familles: le président Trump”, a affirmé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren dans un communiqué, dénonçant ses taxes sur les importations.

“Se loger coûte toujours plus cher, les licenciements augmentent, les revenus disponibles diminuent et les consommateurs réduisent leurs dépenses car ils deviennent de plus en plus inquiets de l’état de l’économie”, a aussi dénoncé l’opposante.

Un baromètre sur le moral des ménages, actualisé vendredi par l’Université du Michigan, montre que celui-ci est resté plombé en juin, en baisse de 11% par rapport à un an plus tôt.

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