Le mystère se lève autour de l’accord-cadre conclu entre Washington et Pékin sur la revente de TikTok aux États-Unis à un consortium américain. L’algorithme de l’application resterait cependant propriété du groupe chinois ByteDance.
C’est un sujet de tension, au moins un, qui semble avoir été réglé entre les États-Unis et la Chine. Les États-Unis voulaient que l’application de courtes vidéos passe dans les mains américaines. La Chine ne voulait pas, s’appuyant sur sa législation interdisant tout transfert technologique à des pays tiers. Finalement, un compromis a été trouvé : la filiale américaine de TikTok sera vendue à un consortium américain, mais l’algorithme, le cœur de l’application, restera propriété de la maison-mère de TikTok, qui « louera » celui-ci à son ancienne filiale. TikTok US aura donc le contrôle sur l’utilisation de l’algorithme, sans en avoir la propriété.
Depuis son explosion de popularité aux États-Unis, TikTok, qui compte environ 170 millions d’utilisateurs dans le pays, est au cœur d’un débat géopolitique. Les autorités américaines, sous l’administration Biden puis Trump, avaient exprimé des inquiétudes sur la possibilité que ByteDance, la maison-mère chinoise de TikTok, soit contrainte par les lois de Pékin de partager les données des utilisateurs américains avec le gouvernement chinois. Avec tous les risques de manipulation de contenu et de propagande que cela comporte.
Interdiction reportée
En 2024, le Congrès américain a adopté une loi exigeant que ByteDance vende ses actifs américains d’ici janvier 2025, sous peine d’une interdiction totale de l’application. Cependant, TikTok a contesté cette loi en justice, arguant qu’elle violait la liberté d’expression. Une position qui n’a pas été suivie par la Cour suprême des États-Unis. La menace d’interdiction planait toujours. Toutefois, Donald Trump a repoussé plusieurs fois l’application de la loi et TikTok a continué d’opérer sur le territoire américain jusqu’à aujourd’hui.
Les discussions sur l’avenir de l’application avaient repris ces dernières semaines. Une rencontre-clé avait eu lieu à Madrid le 15 septembre 2025 entre le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent et le vice-Premier ministre chinois He Lifeng. Elle a permis de poser les bases d’un accord. Quelques jours plus tard, un appel entre le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping, le 19 septembre, a scellé un cadre général.
Un algorithme loué
Que contient cet accord-cadre ? Primo, que les actifs américains de TikTok seront vendus à un consortium d’investisseurs américains. Des noms comme Oracle, Silver Lake ou Rupert Murdoch sont évoqués. ByteDance conservera une participation minoritaire, estimée à moins de 20 %, pour maintenir un certain intérêt économique tout en cédant le contrôle opérationnel. Secundo, toutes les données des utilisateurs américains seront stockées sur des serveurs situés aux États-Unis, sous la supervision d’Oracle. Tertio, l’algorithme de recommandation de TikTok, au cœur de son succès, mais aussi des inquiétudes américaines, sera « loué » aux nouveaux propriétaires américains, qui en auront donc le contrôle effectif.
ByteDance ne pourra donc plus influencer directement le contenu recommandé aux utilisateurs américains, réduisant ainsi les risques de manipulation. Le conseil d’administration de la nouvelle entité américaine de TikTok comprendra sept membres, dont six seront américains et un seul sera nommé par ByteDance. La Maison-Blanche a prolongé de 120 jours (jusqu’en avril 2026) le délai initial de la loi de 2024 pour permettre la finalisation de cet accord. Les négociations devraient aboutir dans les 30 à 45 jours, sous réserve de l’approbation du Congrès américain et des autorités chinoises.
Win-win deal
Cet accord permet à chacun de crier victoire. La Maison-Blanche peut revendiquer avoir répondu aux préoccupations de sécurité nationale tout en évitant une interdiction impopulaire de TikTok, et le transfert du contrôle de TikTok US à des entités américaines renforce la souveraineté numérique des États-Unis. Mais la Chine insiste sur le respect de ses lois sur le contrôle des exportations technologiques.
Si l’accord-cadre est scellé, il reste maintenant à le couler dans un texte précis et à le faire valider à la fois par le Congrès américain et par les autorités chinoises. Une chose est certaine : cet apaisement dans ce dossier sensible ouvre la voie à des discussions plus larges sur le commerce, la technologie et la sécurité entre les deux superpuissances. Mais les tensions restent vives, et des dossiers comme l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs ou les applications émergentes pourraient rallumer les conflits.
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